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L'inconscient contesté

 La contestation la plus directe de la pensée freudienne vient, de façon tout à fait logique, du philosophe qui, au XXe siècle, se présente comme un disciple de Descartes : Alain (Émile Chartier de son vrai nom). L'inconscient, dit-il est un « fantôme mythologique», incompatible avec la liberté de l'esprit. Admettre son existence est à la fois une erreur théori­que et une faute morale. Une erreur théorique: il est absurde de dire qu'il existe des pensées auxquelles on ne pense pas ; toute pensée requiert un sujet qui les pense. Une faute morale: le recours à l'inconscient revient à nous déresponsabiliser, à excuser toutes nos inconduites (« c'est plus fort que moi»). Le seul inconscient qui existe, pour Alain, c'est le corps, qu'il considère avec Descartes comme une machine : les mécanismes corporels sont certes inconscients mais c'est parce qu'en eux il n'y a aucune pen­sée. L'absurdité est d'affirmer l'existence de pensées inconscientes, d'un inconscient psychique.

Jean-Paul Sartre critiquera lui aussi l'inconscient freudien. S'inspirant de la phénoménologie et des travaux de Husserl, il affirme que seul un sujet conscient est donneur de sens. Le tort de la psychanalyse est donc d'objectiver la vie mentale, de la traiter comme une chose, soumise à des déterminismes psychiques comme le monde est soumis à des déterminismes naturels. Ce faisant, la psychanalyse nie la liberté irréductible de l'homme qui vient précisément de ce qu'il est non un objet parmi les autres, mais une pure subjectivité, ce que Sartre appelle un« pour-soi».

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