Les inégalités entre hommes et femmes, bien que toujours globalement criantes, tendent à se réduire
Les inégalités entre hommes et femmes, bien que toujours globalement criantes, tendent à se réduire
L’inscription du principe de l’égalité des sexes dans les textes des organisations internationales et de la Commission européenne, la revendication de l’égalité des chances par des ONG ou encore les débats qui ont agité la presse et l’opinion publique en France concernant la parité sont révélateurs des profonds changements survenus ces dernières années dans le domaine des rapports entre les hommes et les femmes. Même si elles sont encore trop souvent marginalisées - voire cachées sous un voile -, même si elles rencontrent des difficultés à sortir de rôles qui leur ont été assignés depuis des siècles, les femmes ont conquis une visibilité dans l’espace public et voient leur rôle économique commencer àêtre reconnu.
Certes, du chemin reste à faire. Le droit des femmes à contrôler leur sexualité, longuement débattu à Pékin lors de la IVe conférence mondiale sur les femmes, n’est pas une évidence pour tous les pays, en particulier ceux où religion et politique tendent à se confondre. Dans nombre de sociétés patriarcales, le corps et la sexualité des femmes restent sous le contrôle des maris et des hommes, et la tradition est un alibi pour justifier toutes les pratiques, y compris les plus aliénantes, comme les mutilations génitales. Mais l’appropriation du corps des femmes n’est pas seulement affaire de « spécificités culturelles », loin s’en faut : les viols massifs perpétrés en temps de guerre, la prostitution forcée, la traite des femmes ou le tourisme sexuel sont autant de cas de violences et de réduction d’être humains au rang de simples objets de consommation.
Pauvreté et précarité se féminisent
La féminisation de la pauvreté et de la précarité est aussi l’un des principaux obstacles au progrès social. L’emploi des femmes a progressé, notamment dans les domaines qui leur sont traditionnellement dévolus, les services, la santé et l’éducation, mais il s’agit souvent de travail précaire ou à temps partiel - subi plus que choisi -, de postes en majorité peu qualifiés et marqués par des inégalités de salaire. Dans les régions rurales les plus pauvres du globe, là ou les femmes n’ont le droit ni de travailler la terre en leur nom, ni d’accéder aux prêts bancaires alors qu’elles assurent plus de la moitié de la production alimentaire, la situation est bien pire encore. Dans les pays du Sud, le nombre des femmes vivant en dessous du seuil de pauvreté a crû de 50 % au cours des trente dernières années du xxe siècle contre 30 % pour les hommes. La propagation du sida y touche de plus en plus de femmes et d’enfants, rendant parfois dérisoires les efforts faits pour améliorer la santé des femmes. Les taux de mortalité maternelle (décès liés à la naissance) sont de quinze à soixante fois plus élevés dans les pays en développement que dans la plupart des pays développés. En réduisant les budgets de santé et d’éducation, la crise de la dette et les mesures d’ajustement structurel adoptées sous les injonctions du FMI dans les années 1980 ont largement contribué à aggraver cette situation.
Dans les pays d’Europe centrale et orientale, ainsi que dans les ex-républiques soviétiques, le chômage s’est accru. Si les pays socialistes étaient parvenus à une certaine égalité des sexes au travail - qui reposait en réalité sur beaucoup de contraintes -, la libéralisation qui a suivi l’effondrement du bloc soviétique a créé de nouvelles discriminations.
Une lame de fond
Tous ces points noirs ne peuvent pourtant masquer le mouvement de fond qui a bouleversé et qui continue de travailler, à des degrés divers, toutes les sociétés. Dans les pays du Nord, l’espérance de vie des femmes est de plusieurs années supérieure à celle des hommes. La généralisation de la contraception, qui a permis de dissocier sexualité et reproduction, est sans doute le phénomène qui a le plus transformé la vie des femmes... et des hommes dans le monde entier au cours des dernières décennies du xxe siècle. La femme apparaît derrière, ou plutôt avec, la mère, et cette dissociation possible bouleverse ce qui semblait positionner femmes et hommes dans des rapports immuables.
On a vu aussi les femmes percer dans des fonctions réservées jusque-là au monde masculin. Sur la scène politique quelques femmes ont pris la tête de l’État (à Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, aux Philippines), bien qu’elles aient été, il est vrai, des héritières. Dans les pays nordiques, les parlements comptent pratiquement autant de femmes que d’hommes. En France, la proportion des députées a doublé après les législatives de 1997, mais elles ne représentent encore que le dixième des parlementaires. Là comme ailleurs, la route est encore longue, marquée par des débats très animés sur la notion de parité, perçue par certains comme une stigmatisation de la différence et une assimilation des femmes à un groupe social dont il faudrait charitablement assurer la représentation, perçue par d’autres comme la nécessaire expression de la réalité bisexuée du genre humain.
Les femmes ont de même investi les fonctions d’encadrement dans les services et l’administration, mais leur absence dans les fonctions de direction, en particulier dans l’entreprise, est notoire. Le « plafond de verre », qui rend ces fonctions visibles mais inaccessibles aux femmes est toujours aussi présent. En Suède, où les femmes ont acquis la parité en politique, 7 % seulement des professeurs d’université sont des femmes.
C’est peut-être dans le domaine de l’éducation que les changements ont été les plus sensibles. Les jeunes filles sont de plus en plus nombreuses à poursuivre des études secondaires et supérieures. Elles réussissent mieux que les garçons mais elles restent toujours éloignées des filières les plus prestigieuses. Dans les pays du Sud, en revanche, si la scolarisation des filles - un enjeu crucial pour leur statut de futures femmes - a beaucoup progressé, l’égalité des sexes devant l’école est encore loin d’être acquise.
Pour une perspective de « genre »
L’égalité entre les sexes se pense de moins en moins en termes de vouloir « être pareil », « être le même » ou ressembler le plus possible à la catégorie dominante (le masculin). L’égalité pourrait être le résultat de ce qui donne aux femmes et aux hommes la même capacité de faire, de concevoir, de réaliser. Les mouvements féministes, et particulièrement ceux des pays du Sud, insistent sur la nécessité de sortir d’une victimisation et de reconnaître les femmes comme des actrices de toutes les dimensions du développement. Les discriminations positives tendent à progresser vers une égalité toujours remise en question. Mais, en complément de ces actions, on commence à percevoir la nécessité d’intégrer la dimension de genre, c’est-à-dire de prendre en compte la place et la situation des femmes et des hommes dans toutes les analyses, les politiques, dans tous les projets de développement. Au-delà des différences définies par des caractéristiques biologiques, le rôle des femmes dans toute société est l’objet de constructions sociales. Le dévoilement du féminin caché derrière le neutre homme pourrait alors faire apparaître un masculin dépouillé de ses assurances de dominant.
Les femmes du xxie siècle verront-elles reconnus leurs droits et leurs aspirations ? Comprendra-t-on que, sans cette reconnaissance, les chances d’un véritable développement économique et social sont réduites ? Verra-t-on aussi l’arrivée des femmes aux postes de responsabilités avec - on peut l’espérer - une manière différente d’y parvenir, d’exercer le pouvoir et de s’y maintenir ? Des voies sont tracées dans ce sens mais l’histoire nous rappelle la réversibilité de tout progrès de l’humanité.
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