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Le Roman de la Rose de Guillaume de LORRIS, 1230-1240, Jean de MEUN, 1275-1280, Folio

• Ce roman est composé de deux parties fort différentes, ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'elles sont dues à deux auteurs qui ont travaillé à quarante ans d'intervalle. • La première (quatre mille soixante-huit vers), écrite vers 1230-1240 par Guillaume de Lorris qui la dédie à sa dame, est un code de l'amour courtois développé sous forme d'allégorie. Le poète rapporte un songe de sa vingtième année au cours duquel il a atteint le verger d'Amour, dont Oisiveté lui a ouvert la porte, et où l'ont reçu diverses figures allégoriques, les unes aimables, comme le dieu d'Amour, Beauté, Courtoisie, Jeunesse, et prêtes à l'aider à approcher la plus belle Rose du jardin; les autres hostiles, comme Danger et Jalousie, et résolues à le mettre à l'épreuve. C'est là une figuration abstraite et souvent mièvre de la psychologie, et la Rose n'a plus que l'existence d'un objet idéal. Cependant, avec son récit Guillaume de Lorris a fixé pour longtemps la rhétorique amoureuse. L'oeuvre étant restée inachevée, Jean de Meun (ou Meung) lui a donné vers 1275-1280 une suite de dix-huit mille vers, menant à son terme l'intrigue imaginée par son prédécesseur, mais abandonnant la doctrine courtoise pour faire l'éloge de la sensualité naturelle dans le cadre d'une large réflexion philosophique et morale. Réaliste devant les passions, satirique à l'égard de la société, du pouvoir royal, des institutions chevaleresques, de l'hypocrisie des prêtres et des moines, donnant la parole à la Raison et à la Nature, Jean de Meun anticipe ainsi sur l'humanisme sceptique de la Renaissance. • Largement diffusé, Le Roman de la Rose était encore lu au xvie siècle dans la version moderne qu'en avait donnée Marot en 1527.

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