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Le roi se meurt ? Eugène IONESCO, 1962

• Ionesco assure avoir écrit cette pièce pour se libérer de l'angoisse de la mort. C'est certainement l'une des oeuvres les plus fortes de son théâtre. • Le roi Bérenger Ier ne se doute pas encore qu'il va mourir, malgré divers signes révélateurs (arrêt du chauffage, tarissement du lait de la vache, fissure dans le mur). La reine Marguerite, sa première épouse, visiblement acariâtre et impatiente, et son médecin vont entreprendre de l'éclairer pour qu'il meure dignement, tandis que la reine Marie, seconde épouse du Roi, première dans son coeur, veut encore espérer et, par amour, lui cacher la vérité. Accueilli par le cri de Vive le roi!, Bérenger tente de nier sa décrépitude et d'affirmer sa puissance, mais ses ordres ne sont plus obéis et ses forces le trahissent. La peur le saisit. Les cris de révolte alternent avec les supplications. Puis vient la résignation. Il songe aux petits bonheurs de la vie et se met à parler de lui-même au passé, ses familiers mêlant leurs commentaires à ses souvenirs. Dans cette évocation de son règne, qui ne permet pas de déterminer s'il a été bon ou méchant, il devient peu à peu le symbole du règne de l'homme sur la terre et du destin de l'humanité. Sa mort semble en figurer la disparition : le spectacle se termine sur l'image du roi figé sur son trône au milieu de la scène progressivement vidée de son décor et envahie par une brume. • Dans un langage théâtral typiquement contemporain - symbolisme, bouffonnerie, lyrisme, poésie -, Le roi se meurt est une tragédie de la mort sans espoir.

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