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Le concept d'inconscient

Nous n'avons pas en permanence une conscience immédiate et lucide de ce que nous sommes ni de ce que nous faisons. Cela n'a en soi rien de troublant. L'existence même d'automatismes dans nos comportements nous permet même de nous concentrer sur ce qui mérite attention. Alain disait en ce sens que« l'art de faire attention, qui est le grand art, suppose l'art de ne pas faire attention, qui est l'art royal». Nous mobilisons les savoirs et les représentations dont nous avons besoin pour agir, laissant le reste comme en repos. Bergson, dans son livre "Matière et mémoire", figurait ainsi la mémoire comme un cône inversé dont la pointe touche la ligne de l'action. N'arrivent alors à la conscience que les souvenirs qui nous aident à agir. Peut-on dire des autres qu'ils sont« inconscients»? En un sens purement descriptif oui, mais à condition de comprendre que cet inconscient est du virtuellement conscient. D'une part en effet, ces représentations «inconscientes» ne le sont que parce qu'elles sont momentanément inutiles: elles peuvent à tout moment devenir conscientes, venir occuper la pointe du cône, lorsque le besoin s'en fait sentir; d'autre part, la mémoire pure dit Bergson consiste précisément à se détourner de l'action pour remonter vers la base du cône et faire revivre les souvenirs pour eux-mêmes. Bref, si on peut parler d'inconscient ici, c'est uniquement pour décrire des pensées auxquelles nous ne pensons pas actuellement, mais qui n'obéissent pas à une autre régime que celui de la conscience.

Tout autre est l'inconscient selon Freud. Ce n'est pas seulement un mot décrivant des représentations en sommeil, mais des désirs et des pulsions primitives de la vie psychique (que Freud nomme le «ça») objets d'un refoulement car incompatibles avec les exigences morales et sociales intériorisées par le sujet (le «surmoi»), qui ne connaissent ni le temps ni la réalité mais sont constamment actives et ne peuvent se satisfaire qu'en trompant la vigilance de la conscience, sous forme déguisée, dans les rêves, les actes manqués (erreurs, oublis, lapsus ... ) ou des symptômes patholo­giques (paralysie, phobies, troubles de la parole ... ). De sorte dit Freud que la vie ordinaire du rêveur ressemble dans son fonctionnement à celle du névrosé: il existe une« psychopathologie de la vie quotidienne» (c'est le titre d'un ouvrage de Freud).

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