LACHELIER Jules. Philosophe français

LACHELIER Jules. Philosophe français. Né et mort à Fontainebleau (Seine-et-Marne), 27 mai 1832-16 janvier 1919. Élève de l'Ecole Normale Supérieure de 1851 à 1854, il fut ensuite chargé du cours de rhétorique au lycée de Sens, passa son agrégation (lettres) et, sous la direction de son maître Ravaisson, revint faire une quatrième année d'études à l'Ecole Normale (1856-57). Professeur à Toulouse (1857-58), à Caen (1858-61), professeur suppléant au lycée Bonaparte a Paris (1862), il passa son agrégation de philosophie et fut nommé aussitôt après maître de conférences à l'Ecole Normale, où il enseigna la philosophie de 1864 à 1875. Le 1er décembre 1871, il était reçu docteur ès lettres. Nommé inspecteur d'académie en septembre 1875, il devint inspecteur général de l'instruction publique en mars 1879. L'oeuvre écrite de Lachelier, qui a pourtant exercé une immense influence sur les générations philosophiques françaises des trente premières années de la IIIe République, est de taille relativement réduite. Elle comprend en premier lieu des ouvrages de logique : la thèse latine De la nature du syllogisme [1871], et les deux essais réunis sous le titre Etudes sur le syllogisme (1907); en second Heu les textes métaphysiques : la thèse française intitulée Du fondement de l'induction (1871) et la fameuse Psychologie et métaphysique, publiée dans la Revue philosophique en 1885. Contre l'empirisme de Hume et de Stuart Mill et pour remédier aux insuffisances de l'éclectisme encore en faveur au temps de ses études, Lachelier entend démontrer la certitude absolue de la raison. Après avoir réfuté les explications de la causalité données par l'école positiviste, il confirme d'abord les conclusions de la critique kantienne sur la causalité comprise comme fonction à priori : penser le monder, c'est l'unifier. Comme le temps, la causalité est la forme nécessaire de l'application de notre pensée à la réafité. Mais le monde peut-il se réduire à une simple causalité mécanique ? En ce cas, il se dissoudrait en une infinité d'effets de plus en plus étrangers. Il faut donc que les séries causales soient réunies entre elles en séries convergentes : intervient donc l'idée de finalité, qui est essentielle chez Lachelier. Il faut toutefois noter que le finalisme n'est nullement ici oppose au mécanisme, mais en apparaît au contraire comme une exigence supérieure. A la suite d'un « pari » tout rationnel, Lachelier parvient ainsi à la foi en un Dieu qui se pense lui-même en s'objectivant dans le monde. On peut dire que Lachelier est le premier kantien original de l'histoire de la philosophie française. Son vigoureux idéalisme a grandement contribué à ruiner le déterminisme scientifique devenu un dogme à l'époque de Taine, et il a permis sans aucun doute les réactions d'un Bergson et d'un Blondel. + « Lachelier n'a pas construit de système, mais ses notes les plus brèves et les plus menues retiennent aussitôt notre regard, qui découvre en elles les parcelles d'un vaste édifice spirituel Sa réflexion est extraordinairement ramassée et recouvre pourtant le champ le plus étendu depuis le principe suprême du monde créé jusqu'aux détails les plus subtils de la perception visuelle. Elle est d'une implacable rigueur... et d'une hardiesse presque aventureuse. » Louis Lavelle.