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La Vie de Marianne ou les Aventures de Madame la comtesse de X... de MARIVAUX, 1731-1741

• Ce gros roman en onze parties publiées de 1731 à 1741 a été moins bien accueilli au xviiie siècle qu'il ne l'est aujourd'hui où l'on est attentif à l'originalité de Marivaux et aux enrichissements progressifs du genre romanesque. • Marianne est une orpheline de naissance présumée noble qui a dû lutter pour faire reconnaître sa qualité. Elle fait elle-même le récit de sa vie à cinquante ans passés, alors qu'elle est devenue comtesse. Ayant seule survécu, outre un chanoine qui s'enfuit, lors de l'attaque d'un coche par des brigands, Marianne est recueillie, à l'âge de deux ans, par un prêtre de campagne et sa soeur. À leur mort, elle se trouve à quinze ans exposée aux dangers de Paris. Un ecclésiastique la confie à un dévot, M. de Climal, qui la place chez une lingère, Mme Dutour, et se met à lui témoigner une tendresse qui trahit son tartuffe (1re partie). Mais Marianne, victime d'une entorse à la sortie d'une église, est secourue par un élégant jeune homme, M. de Valville, qui s'éprend de ses grâces aussi vite qu'elle est touchée de son charme (2e partie). À partir de là, le récit s'organise autour des amours contrariées de Marianne et de Valville. Mme de Miran, mère de Valville, malgré l'obstacle des convenances sociales, finit par consentir au mariage de son fils et de Marianne, tant les mérites de celle-ci sont éclatants (4e partie). M. de Climal, repenti, lui constitue une rente avant de mourir (5e partie). Mais la famille de Mme de Miran, découvrant que Marianne est d'origine inconnue, refuse de l'admettre et lui donne autoritairement à choisir entre le couvent et un mari d'un rang social obscur, en accord avec le sien (6e-7e parties). Puis Valville se révèle momentanément infidèle quand il rencontre une jeune Anglaise amie de Marianne, Mlle Varthon (7e-8e parties). Le récit de la vie de Marianne s'arrête alors pour faire place à celui de la vie d'une religieuse qui la dissuade d'entrer au couvent par chagrin d'amour (9e-10e-11e parties). Le récit ne sera pas repris, et l'on ne saura pas comment Marianne a triomphé de sa mauvaise fortune. • Dans ce canevas d'un romanesque conventionnel, Marivaux a introduit quelques scènes d'un réalisme nouveau, comme la querelle d'un cocher de fiacre et d'une lingère (2e partie), dont le vocabulaire fut jugé choquant à l'époque. Mais l'intérêt essentiel réside dans la spirituelle lucidité qu'il a prêtée à son héroïne dans une société qui, exigeant seulement des jeunes filles qu'elles aient de la naissance, des grâces et de la vertu, ne leur laisse pas grande liberté. Ce roman révèle des aspects caractéristiques de la condition féminine au xviiie siècle.

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