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La Paix d'Aristophane

Paix, la, Comédie grecque d’Aristophane, produite aux Grandes Dionysies en 421 av. J.-C., où elle remporta la deuxième place du concours dramatique. La guerre du Péloponnèse entre Sparte et Athènes bat son plein. Le général et démagogue athénien Cléon et le général Spartiate Brasidas ont été tués pendant l’été 422 à Amphipolis, et Aristophane anticipe sur le succès des négociations pour la paix de Nicias (signée dix jours après la représentation). Trygée, un vigneron en Attique, souffre avec sa famille de la pénurie de nourriture. Il décide d’imiter le héros Bellérophon sur son cheval ailé, Pégase, et monte au ciel sur un scarabée qu’il a engraissé à cette fin jusqu’à ce qu’il ait une taille gigantesque. Le déroulement du voyage est un succès, mais Hermès qui répond derrière la porte lui dit que Zeus et les autres dieux ont déménagé pour être plus éloignés de la guerre qui se déroule en dessous, et que Guerre (Polémos) est en charge des affaires. Il a jeté la Paix dans une grotte profonde d’où elle ne pourra peut-être jamais sortir et il s’apprête à pulvériser tous les États dans un mortier. Pendant que Guerre cherche un pilon (il n’a pas réussi à en emprunter un à Athènes ou à Sparte, parce que leurs «pilons de guerre », Cléon et Brasidas, sont perdus), Trygée et les fermiers d’Attique (le chœur) qu’il a convoqués, après avoir acheté Hermès avec des promesses de fêtes extravagantes et une coupe en or, font sortir Paix de sa grotte avec ses deux assistantes, Opôra («moisson») et Theôria («vacances», sens littéral : « présence aux fêtes »), et reviennent avec elles en Grèce. S’ensuit une liesse générale (sauf chez les fabricants d’armes), et on prépare le mariage de Trygée et d’Opôra.




Aristophane. 1. Poète comique athénien, représentant de la comédie ancienne attique (voir comédie 1, 3), fils de Philippos du dème de Kydathé-naion à Athènes. Né vers 445, ou plus tôt, et mort vers 385 av. J.-C., on ne sait rien de sa vie. Il se peut qu’il ait vécu, ou qu’il ait eu des biens, à Égine. Onze de ses pièces nous sont parvenues ; nous avons aussi conservé trente-deux titres de ses comédies et de nombreux fragments. La chronologie de ses comédies peut être reconstituée ainsi : 427. — Les Détaliens (Daitaleis, «les convives», habitants d’un dème imaginaire du même nom), comédie aujourd’hui perdue. Les fragments de deux discours ont été conservés. La pièce remporta le deuxième prix dans un concours dramatique. 426. — Les Babyloniens, pièce représentée aux Dionysies, et aujourd’hui perdue. Apparemment, Aristophane fut ensuite poursuivi en justice par Cléon qui lui reprochait ses attaques contre les magistrats en présence d’alliés (qui apportaient leur tribut à Athènes comme membres de la confédération de Délos). Aucune peine ne semble avoir été prononcée contre lui. La pièce remporta peut-être le premier prix. 425. — Les Acharniens, représentée aux Lénéennes, la plus ancienne de ses comédies conservées; elle remporta le premier prix. (Ces trois comédies ne furent pas représentées sous son nom, mais sous celui d’un certain Callistratos. On en ignore la raison exacte, mais il se peut qu’Aristophane n’ait pas eu l’âge légal.) 424. — Les Cavaliers (Lénéennes, premier prix). 423. — Les Nuées (Dionysies), sur Socrate et les écoles de pensée. Elle était peut-être trop subtile pour le goût populaire; elle remporta le troisième prix (c.-à-d. qu’elle fut dernière). Elle fut réécrite par Aristophane sous la forme que nous lui connaissons ; nous savons qu’il substitua deux scènes peu favorables à la nouvelle école. Cette seconde version ne fut représentée à aucune des deux grandes fêtes. 422. — Les Guêpes (Lénéennes, deuxième prix). 421. — La Paix (Dionysies, deuxième prix). 414. — Les Oiseaux (Dionysies, deuxième prix). 411. — Lysistrata (représentée par Callistratos) et Les Thesmophories (sans doute représentées respectivement aux Lénéennes et aux Dionysies). 405. — Les Grenouilles (Lénéennes, premier prix). 392. — (Vraisemblablement) L'Assemblée des femmes. 382. — Ploutos, la seconde comédie portant ce titre. Aristophane écrivit ensuite deux comédies qu’il fit représenter par son fils Araros, mais qui sont perdues. L’une d’elles, le Kokalos. inaugura le genre de la comédie nouvelle (voir comédie 1, 6), en introduisant des éléments romantiques qui sont caractéristiques des pièces de Ménandre. Jusqu’en 421, les pièces d’Aristophane font de lui le principal représentant de la comédie ancienne, mais, à partir des Oiseaux, il introduisit d’importants changements structurels. La langue d’Aristophane est colorée et pleine d'imagination, sa poésie lyrique d'une tonalité subtile et variée. Son humour repose principalement sur l’exagération, la parodie et la satire, dirigée contre les nouveaux courants intellectuels et culturels et contre les personnages éminents qui se prêtent à ce traitement. Il n'épargne aucune classe, aucun groupe, et il est par conséquent difficile de savoir quelle leçon morale ou politique, si tant est qu’il y en ait une, il convient de tirer de la pièce. Les personnages sympathiques sont en général des gens qui veulent qu’on les laisse tranquillement jouir de leur vie privée à la manière traditionnelle, sans être dérangés par les guerres, les politiciens et les intellectuels, mais ce sont souvent des égoïstes, et on ne sait jamais, en fin de compte, qui «a raison», ou quelle cause «est juste». Dans le Banquet, Platon décrit Aristophane sous les traits d’un convive agréable, qui donne un tour amusant à une conversation sérieuse, et c’est peut-être de ce point de vue qu’il faut considérer une bonne partie de l’œuvre d’Aristophane. En fait, elle ne semble pas avoir eu d’impact sur le cours des événements. Aristophane exerça une influence directe sur la littérature anglaise, notamment sur les comédies de Ben Jonson (1572/3-1637), de Thomas Middleton (1580-1627) et d’Henry Fielding (1707-1754).


2. Aristophane de Byzance. Directeur de la bibliothèque d’Alexandrie vers 200 av. J.-C., c’était un savant d’une grande érudition et le professeur d’Aristarque de Samothrace, qui continua sur les traces de son maître. Aristophane établit les premières éditions critiques de plusieurs poètes grecs, dont Homère, Hésiode, Anacréon, Pindare et Aristophane (1). Il aurait inventé les accents grecs, et il inventa un système de signes critiques pour indiquer dans les manuscrits les passages soupçonnés d’être des interpolations, ou remarquables pour une autre raison.

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