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LA METTRIE (Julien Offroy de)

LA METTRIE (Julien Offroy de). Matérialiste français (1709-1751), qui poussa la théorie cartésienne de l'animal-machine jusqu’au point de considérer l’homme comme une machine (titre de son ouvrage de 1748). De cette thèse résultent le sensualisme et l'absence de morale.

LA METTRIE Julien Offray de. Médecin et philosophe français. Né le 19 décembre 1709 à Saint-Malo, mort à Berlin le 11 novembre 1751. Elevé chez les jésuites de Caen et destiné par sa famille à l’état ecclésiastique, La Mettrie rallie brusquement le camp janséniste, commence à étudier la médecine à Paris et se fait recevoir docteur à Reims. On le trouve ensuite à Leyde, en Hollande, élève du célèbre Boerhaave, dont il traduira plusieurs ouvrages en français. Il commence a publier lui-même sur des sujets médicaux divers, vertige, catalepsie hystérique, asthme, dysenterie — Traité du vertige (1737), Nouveau Traité des maladies vénériennes (1739), Observations de médecine pratique (1743). Nommé en 1742 médecin des gardes françaises, il fait campagne avec son régiment, mais est expulsé des hôpitaux à la suite d’une satire contre les médecins. En 1745, la publication de sa traduction du livre de Charp : Histoire naturelle de l’âme, qui expose les grands traits de sa doctrine matérialiste, lui fait perdre toutes ses fonctions et il est contraint de retourner à Leyde. Là il compose un pamphlet, La Faculté vengée, dans lequel il ridiculise les confrères qui avaient monté contre lui une véritable cabale; puis il fait paraître un nouveau livre, L’Homme-machine (1748), qui le jette dans de nouveaux démêlés, avec les protestants cette fois, et le philosophe doit se réfugier en hâte chez Frédéric II, qui lui donne le titre de lecteur et le fait entrer à l’Académie de Berlin. En Prusse, La Mettrie écrit encore quelques ouvrages philosophiques, L’Homme-plante (Potsdam, 1748), des Réflexions philosophiques sur l’origine des animaux (1750) et Vénus métaphysique ou De l’origine de l’âme humaine (Potsdam, 1751). Il allait bientôt mourir d’une indigestion, après avoir fait le pari de manger seul un énorme pâté de faisan. La Mettrie reprochait à Leibniz d’avoir « spiritualisé la matière » ; il s’opposait également à la distinction cartésienne des deux substances, âme et corps, esprit et étendue. Pour lui, tous les philosophes du passé se sont trompés en raisonnant sur l’homme à priori, alors que la méthode empirique seule — celle d’Helvétius — est légitime, car tout ce qui est dans notre esprit vient de la sensation. Au contraire de Leibniz, il faut matérialiser l’esprit, et La Mettrie, pour illustrer sa thèse, reprend l’idée de l’animal-machine de Descartes et l’étend à l’homme. Celui-ci n’est qu’un animal supérieur, et ce que nous appelons âme n’est pas un principe séparé mais le rouage d’une machine unique : « La pensée est si peu incompatible avec la matière, écrit La Mettrie, qu’elle en semble être une propriété comme l’électricité, la motricité, l'impénétrabilité et l’étendue : en un mot, l’homme est une machine et il n’y a dans tout l’univers qu’une substance diversement modifiée. » La Mettrie, réduisant tout à la sensation, croit en effet à l’existence d’une force vitale unique, dirigée vers le plaisir; aussi, sera-t-il très logiquement athée. Il ne semble pas avoir eu beaucoup de prestige parmi ses contemporains qui, souvent, le crurent fou. De nos jours, l’école marxiste s’efforce de le réhabiliter.




♦ « ... Un homme trop gai : La Mettrie. Ses idées sont un feu d’artifice toujours en fusées volantes. Ce fracas amuse un demi-quart d’heure, et fatigue mortellement à la longue... Des gens sensés se sont avisés de lui remontrer l’énormité de sa morale. Il a été tout étonné; il ne savait pas ce qu’il avait écrit; il écrira demain le contraire, si on veut. » Voltaire. ♦ « La Mettrie, dissolu, imprudent, bouffon, flatteur, était fait pour la vie des cours et la faveur des grands, il est mort comme il devait mourir, victime de son intempérance et de sa folie; il s’est tué par ignorance de l’art qu’il professait. » Diderot.

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