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LA MENNAIS ou LAMENNAIS (Félicité Robert de)

LA MENNAIS ou LAMENNAIS (Félicité Robert de), écrivain et penseur français (Saint-Malo 1782 - Paris 1854). Fils d'un armateur de Saint-Malo, La Mennais fut élevé par un oncle érudit et subit l'influence religieuse de son frère aîné, Jean-Marie. Une retraite de plusieurs années dans la propriété de La Chesnaye décida de sa vocation religieuse et accentua l'intransigeance de ses convictions. Son premier écrit, de 1808, Réflexions sur l'état de l'Eglise de France pendant le XVIIIe siècle et sur sa situation actuelle, manifeste des tendances théologiques favorables à la cour de Rome, ce qu'on nommait l'« ultramontanisme ». Il est poursuivi par la police impériale et s'exile à Guernesey pendant les Cent-Jours. Mais c'est son Essai sur l'indifférence en matière de religion (1817-1823) qui le rend brusquement célèbre. Il écrit ensuite De la religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et social (1825), où il demande pour le catholicisme une entière liberté d'action et réclame, pour la première fois, la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Ses idées sont condamnées par le pape en 1832 et 1834. Il écrit alors les Paroles d'un croyant (1834), /e Livre du peuple (1838), où s'exprime une sentimentalité catholique qui devait toucher les milieux libéraux. Ses obsèques civiles révélèrent combien était grande la popularité dont il jouissait dans les milieux populaires.

LAMENNAIS (FÉLICITÉ ROBERT DE)

Ecrivain français né à Saint-Malo en 1782, mort à Paris en 1854. Sa première publication, Réflexions sur l’état de l’Église (1808), fut interdite par la police impériale en raison des propos qu’elle développait sur le Concordat. Ordonné prêtre en 1816, il publia l’année suivante un Essai sur l’indifférence en matière de religion qu’il compléta en 1823. Il y attaquait le déisme du XVIIIe siècle et la doctrine protestante. Un groupe de jeunes catholiques se forma autour de lui, parmi lesquels Montalembert et Lacordaire. En 1830, il créa le journal L’Avenir dont l’épigraphe était « Dieu et Liberté » et qui fut condamné par Rome, ce qui entraîna l’éloignement de ses amis. Avec Paroles d’un croyant (1834), il rompit définitivement avec l’Église et se consacra désormais à soutenir les idées qui l’avaient fait condamner. Parurent alors Les Affaires de Rome (1836), Le Livre du peuple (1838) et Esquisse d’une philosophie (1841) où il développe une pensée chrétienne socialiste qui lui valut un an d’emprisonnement. Député en 1848, il siégea à l’extrême gauche.

LAMENNAIS Hugues Félicité Robert de. Philosophe et écrivain français. Né à Saint-Malo le 19 juin 1782, mort à Paris le 27 février 1854. La jeunesse de ce réformateur tourmenté se ressentit gravement des troubles de la Révolution : fils d’un grand bourgeois anobli en 1782 (il s’appelait en fait La Mennais, mais adopta l’orthographe : Lamennais lorsqu’il devint démocrate en 1834), son éducation religieuse, en pleine Terreur, fut négligée et c’est à vingt-deux ans seulement, l’année du Concordat, qu’il fit sa première communion. Dès lors, vivant dans une demeure solitaire de la campagne bretonne, passant toutes ses journées à lire des ouvrages de théologie, mais sans maître et sans méthode, influencé surtout par l’exemple de son frère Jean-Marie qui avait déjà reçu les ordres, le jeune homme décida de se faire prêtre. Mais il semble qu’avant de franchir le pas décisif, il ait traversé de graves hésitations. Ayant reçu les ordres mineurs en 1808 et publié dans les dernières années de l’Empire, en collaboration avec son frère, plusieurs livres d’apologétique dirigés contre le gallicanisme, il n’accepta la prêtrise qu’en 1816, et sur les conseils pressants d’un vieux prêtre rencontré en Angleterre au cours d’une brève émigration pendant les Cent-Jours. Ses lettres de l’époque montrent qu’il a tout de suite regimbe contre le sacerdoce. Mais, décidé à rester fidèle à un engagement pris en quelque sorte malgré lui, il se jeta dans la vie active et publia en 1817 le premier tome de son grand livre, l'Essai sur l’indifférence en matière de religion suivi de La Défense de l’Essai... (1821), qui le rendit aussitôt célèbre et fit de lui, à trente-cinq ans, « le grand homme de l’Eglise de France ». Il y exposait une apologétique nouvelle qui utilisait l'idée de révélation primitive telle qu’elle venait d’être exprimée par de Bonald et donnait finalement comme seule base de la foi catholique le consentement universel du genre humain : on pourrait y trouver les traits essentiels de son évolution future. Lamennais était alors le protégé de Chateaubriand, l’ami de Maistre, de Bonald; et il séduisait même les jeunes représentants d’un romantisme encore catholique, Lamartine et surtout Victor Hugo; enfin, il militait activement dans la politique ultra-royaliste, tout en conservant sa note personnelle, qui allait s’accentuer avec les années. Bien plus que royaliste, Lamennais était en effet ultramontain, au point de rêver un empire mondial ou du moins européen, inspiré politiquement par le Pape. Aussi s’insurgeait-il contre le gallicanisme de la Restauration. Après des années de combat, il allait peu à peu devenir l’adversaire de la monarchie elle-même et se rallier à la révolution dans laquelle il ne voulait voir qu’une liquidation des puissances temporelles et l’aurore d’un monde nouveau régi par la seule autorité spirituelle du christianisme. Aussitôt après l’émeute de 1830, il fît paraître à Paris L'Avenir , avec l’espoir d’enrôler l’Eglise du côté des forces libérales. Ce journal séduisit les prêtres pauvres, et plus encore les écrivains romantiques, Lacordaire et Montalembert d’abord, principaux collaborateurs de Lamennais, mais aussi Hugo, Vigny, Sainte-Beuve. L’Eglise s’inquiéta bientôt de voir un prêtre prôner les libertés de conscience, de presse, de culte et demander la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Lamennais lançait aussi de violentes attaques contre les prélats royalistes et gallicans. Il soutenait les insurgés polonais et même les libéraux italiens en révolte contre le Pape. Enfin, sans s’en rendre compte, il altérait le fond même de la doctrine catholique, substituant l’autorité du peuple à l’autorité du Pape. Vainement, accompagné de ses amis Lacordaire et Montalembert, entreprit-il un voyage à Rome pour essayer d’amener le Saint-Siège à ses vues : après huit mois de vaines démarches, L'Avenir fut condamné par l’encyclique Mirari vos. Lamennais proclama d’abord sa volonté de soumission; mais rentré en Bretagne, dans sa propriété de La Chesnaie où il avait réuni un groupe de disciples, parmi lesquels Maurice de Guérin, il revint sur son obéissance, affirma que l’Eglise traversait une crise extraordinaire, que le pape était aveuglé et que les peuples et la révolution pouvaient seuls sauver le christianisme. Tels sont les thèmes exposés en 1834 dans Les Paroles d’un croyant , qui éclatèrent comme un coup de tonnerre dans la société de Louis-Philippe, mais valurent à l’auteur une seconde condamnation romaine, l’encyclique Singulari nos. Lamennais était désormais hors de l’Eglise; il cessa de dire sa messe et de croire à la divinité du Christ, essayant de remplacer sa foi perdue par un spiritualisme assez vague, à la mode du temps — v. De la religion (1841). Après avoir publié en 1836 Les Affaires de Rome , le livre de sa rupture, il s’engagea à fond dans la politique républicaine, prit courageusement la défense des pauvres dans Le Livre du peuple (1838), De l'esclavage moderne (1840), etc., attaqua le gouvernement royal (qui l’envoya passer une année à la prison de Sainte-Pélagie) et finalement, après la révolution de 1848, se fît élire député. Mais ce n’était pas un orateur; la République de 48 n’était pas non plus celle de ses rêves et le vieux prophète après avoir dirigé pendant quelques mois un journal intitule Le Peuple constituant rentra dans la retraite, refusant au moment de la mort de recevoir l’assistance d’un prêtre. Avec une volonté farouche et un esprit un peu confus, dialecticien de grande race, personnage trouble, anxieux et infiniment séduisant, Lamennais a eu une importance considérable, sinon dans la littérature, du moins dans l’histoire du XIXe siècle et dans la vie de l’Eglise : bien qu’il ait été condamné, on peut dire que ses idées ont partiellement triomphé dans l’évolution libérale de la politique catholique, jusqu’aux mouvements contemporains de « démocratie chrétienne ». Son œuvre se présente comme un effort de synthèse — peut-être impossible — entre la religion traditionnelle et l’optimisme de la mystique révolutionnaire.

La Mennais puis Lamennais, Félicité Robert de (Saint-Malo 1782-Paris 1854); prêtre et écrivain catholique français.

C’est presque contre sa propre volonté que L. se résout en 1809 à embrasser la prêtrise, sous la pression de son frère Jean-Marie, lui-même ecclésiastique ; il n’est ordonné qu’en 1816. Romantique, passionné, sensible et émotif, il apparaît dans ses premiers écrits comme un théocrate intransigeant, ultramontain et légitimiste, et il polémique violemment contre toutes les « nouvelles idées ». Son évolution s’accomplit vers 1828, lorsqu’il sépare la cause de l’Église de celle de la Restauration politique, réclame la séparation de l’Église d’avec l’État, pour lui permettre de satisfaire à sa vocation. Après la révolution de 1830, il fonde le célèbre journal L'Avenir, caractérisé par la devise « Dieu et Liberté ». Dans ses colonnes comme dans ses ouvrages de large audience Paroles d’un croyant (1834) et Le Livre du peuple (1837), il ne défend pas tant une réconciliation du libéralisme et du catholicisme (à l’instar de Montalembert et parfois aussi de Lacordaire, qui sont tous deux ses collaborateurs à l’origine), ou une « catholi-cisation de la liberté », ou encore une reconnaissance de la raison individuelle, que l’identification de la volonté divine avec la volonté du peuple : « La cause du peuple est la cause sacrée, la cause de Dieu.» L’Evangile est assimilé à une prophétie révolutionnaire, et le peuple devient le vecteur de la vérité et de la foi. Si L. réclame la reconnaissance des libertés fondamentales, c’est qu’il estime que « la liberté conduira le peuple à la foi et en fin de compte au règne total de la foi chrétienne et à la restauration d’une société et d’une autorité réelles » (R. von Albertini). Une telle attitude n’a à coup sûr rien de libéral. Le pape Grégoire XVI condamne cependant dans l’encyclique Mirari vos du 15 août 1832 les thèses développées dans le journal L’Avenir, et dans l’encyclique Singulari nos du 15 juillet 1834 l’ensemble de l’oeuvre de Lamennais. Mais à l’opposé de Montalembert et de Lacordaire, L. ne se soumet pas ; au contraire il se rapproche d’un socialisme sentimental mais fortement anticommuniste. Le 24 février 1848, il fonde le journal Le Peuple constituant et il est élu député de Paris à l’Assemblée, où il siège à l’extrême gauche. Après l’insurrection de juin, il sympathise avec les vaincus et tient la IIe République pour perdue, bien avant le coup d’État de Napoléon III. Il meurt en 1854 en refusant les sacrements de l’Église. Bien qu’il n’ait pas exercé d’influence notable en politique, il apparaît par son oeuvre comme l’ancêtre d’un mouvement qui devait prendre lentement de l’importance : le catholicisme social et en un certain sens la démocratie chrétienne. Bibliographie : C. Carcopino, Les Doctrines sociales de Lamennais et la démocratie, 1942 ; R. Rémond, Lamennais et la démocratie, 1948 ; L. Le Guillou, Les Lamennais : deux frères, deux destins, 1990.




♦ «Pour un homme qui avait des parties si élevées de philosophie et des prétentions à tout fonder ou reconstruire, il se payait souvent de mots ... » Sainte-Beuve. ♦ « Juif errant de la foi et de la politique, il ne restera rien de lui qu'un nom illustré par des versatilités illustres et des essais démentis par des essais contraires. Homme de recherche, qui avait marché toujours sans rien trouver que le doute. » Lamartine. ♦ « Nous vous comptons parmi nos saints... vous êtes le père de notre église nouvelle. » George Sand. ♦ « Si l'excès était possible quand il s'agit de sincérité, je serais tenté de dire qu'il pécha par trop de conviction. » Ernest Renan. ♦ « Comme tous les esprits supérieurs et les cœurs ardents, il a tracé la voie sur laquelle l'humanité s'achemine inévitablement, où elle marche déjà : la voie où l'on sera délivré de la religion extérieure, pseudo-chrétienne. » Tolstoï. ♦ « Il est plus facile pour Lamennais de réformer l’Eglise que lui-même... L'abbé Lamennais, en proie à ses humeurs, même quand il défend l’Eglise, traîne derrière soi des passions mal enchaînées, et ces esclaves sournois l’épuisent, l’irritent, l’obsèdent. Tout tourné vers le dehors, il déserte le champ de bataille intérieur. Déjà il ne sait plus aimer Dieu que dans l’humanité, alors qu’il aurait dû aimer l’humanité en Dieu. » François Mauriac. ♦ « S’il n’eût dépendu que de ce petit Breton infirme, avec sa logique poignante, à la fois implacable et tendre, son éloquence naïve et sublime, parfois un peu niaise, qui fait penser à un beau devoir d’écolier, mais écrit avec tout le sang d’un cœur d’homme, l’immense désastre de l’Eglise avec le monde ouvrier aurait probablement pu être évité. » Georges Bernanos.


Philosophe et homme politique français. Ordonné prêtre en 1816, d'abord champion du traditionalisme (Essai sur l'indifférence, 1817/23), il fut amené, par refus du gallicanisme de la Restauration, à proclamer la nécessité pour l'Église de se désolidariser des pouvoirs établis. C'est dans cette pensée qu'il fonda le journal L'Avenir (1830/31), avec la collaboration de Montalembert et Lacordaire ; il y préconisait la séparation de l'Église et de l'État. Condamné par Rome (encyclique Mirari vos, 1832), il répliqua en publiant les Paroles d'un croyant (1834), qui faisaient de l'Évangile une prophétie révolutionnaire. Député d'extrême gauche en 1848, il mourut après avoir refusé les sacrements de l'Église.


LAMENNAIS ou LA MENNAIS, Félicité Robert de (Saint-Malo, 1782-Paris, 1854). Prêtre et écrivain français. D'abord hostile à l'Église gallicane, il défendit ensuite un catholicisme socialisant. Devenu prêtre en 1816, il devint célèbre par la publication en 1817 de son Essai sur l'indifférence en matière de religion. Royaliste et ultramontain, il y développait les thèses anciennes des monarchies de droit divin et de la supériorité du pouvoir du pape sur celui des rois. Cependant, lorsque fut tentée en 1828 une surveillance de l'État sur l'enseignement donné dans les séminaires, Lamennais fonda, avec Lacordaire et Montalembert, la revue L'Avenir où furent proclamées la nécessité de la séparation de l'Église et de l'État, ainsi que la défense des libertés d'enseignement, de presse et d'association. Condamné par le pape ( 1832), Lamennais quitta l'Église en 1834, justifiant sa rupture dans Paroles d'un croyant ( 1834), et Les Affaires de Rome (1836-1837). Lamennais fut représentant du peuple en 1848. Voir Gallicanisme, Ultramontanisme.

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