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La fonction positive de l'oubli dans la constitution de l’identité personnelle

  L'oubli a, lui aussi, une signification éminemment positive. Il ne s'agit pas ici de l'oubli comme raté de la mémoire (lorsque j'ai besoin d'un nom, par exemple, et qu'il me fait défaut), mais de l'oubli comme mise en place du passé et comme effacement positif de certains souvenirs. Comment pourrais-je conserver la totalité de mes faits psychiques sans être submergé par eux? Il me faut bien les trier et les sélectionner pour construire et édifier mon passé. L'oubli, en ce sens, n'est pas une maladie de la mémoire, mais une condition de la vie. «  On imagine ce que serait un esprit qui n'oublierait rien de ce qu'il a appris et de ce qu'il a vécu. Voyageur accablé sous le poids de ses bagages, noyé, perdu dans la masse de son passé qui l'empêcherait tout à fait d'exister dans le présent. » (G. Gusdorf in « Mémoire et personne », tome II, PUF, 1950). « Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l'instant présent ne pourraient exister sans la faculté d'oubli. L'homme chez qui cet appareil d'amortissement est endommagé... n'arrive plus à "en finir" de rien. » (Nietzsche, « La généalogie de la morale »)

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