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KHOMEYNI Ruhollah (1902-1989)

Chef religieux et homme politique iranien. Docteur de la loi coranique, il enseigna la théologie dans les années 1930, à Qom, ville sainte du chiisme. Profondément hostile à la politique de modernisation et d'occidentalisation du chah, il fut accusé d'un attentat manqué contre le souverain et exilé en Turquie en 1963. En 1969, il s'installa en Irak où sa popularité s'accrut auprès des chiites irakiens et des opposants iraniens, ce qui lui permit de préparer en exil un gouvernement révolutionnaire. Expulsé d'Irak en 1978, il passa quelques mois en France et revint en Iran en févr. 1979 après la chute du chah. Il fit proclamer la république islamique. « Guide suprême de la Révolution », il imposa une stricte observance de l'islam le plus conservateur, écarta le premier président de la République Bani Sadr (1981) et réprima violemment toute forme d'opposition. Malgré les défaites de l'armée iranienne face à l'Irak et ses terribles pertes, il conserva une forte influence sur le monde islamique jusqu'à sa mort, comme en témoigne l'énorme retentissement de l'anathème meurtrier qu'il lança contre l'écrivain S. Rushdie (1989).   KHOMEYNI Ruhollah (1902-1989) Dirigeant religieux et politique iranien. Né en 1902 d’une famille de seyyed (descendants du Prophète), Ruhollah Khomeyni poursuit ses études à Qom, important centre du chiisme iranien. Devenu enseignant en 1933, il fait paraître dix ans plus tard son premier ouvrage, La Clé des secrets, dans lequel figurent déjà de violentes charges anti-occidentales. On y trouve également une critique du principe monarchique et l’ébauche de la thèse du Velâyat-e faqih (souveraineté du docteur de la loi islamique), qui finira par triompher dans la République islamique fondée en 1979. Les décennies 1940 et 1950 semblent consacrées à la consolidation de son savoir et de son pouvoir. Une lutte sourde l’oppose à l’ayatollah Hoseyn Borujerdi (1875-1961), chef spirituel des chiites. Ce dernier résiste en effet à toute ingérence des clercs dans la vie politique, alors que pour Khomeyni, au contraire, le clergé doit avoir un rôle actif sur la scène sociale. À la mort de H. Borujerdi en 1961, R. Khomeyni ayant accédé au titre d’ayatollah commence à déployer un activisme politique inlassable. Devenu l’un des religieux les plus respectés du pays, il s’oppose en bloc à la « révolution blanche » engagée par Muhammad Reza Chah en 1962, qui lèse les intérêts des dignitaires chiites. Le manque de liberté qui pèse sur l’Iran depuis le coup d’État de 1953 qui a renversé Mossadegh, a rendu l’opposition laïque impuissante ; le clergé apparaît donc comme la seule institution où les critiques contre le chah peuvent s’exprimer. L’ayatollah Khomeyni joue un rôle essentiel dans les émeutes du 4 juin 1963, qui le mènent en prison pour quelques mois. En octobre 1964, à la suite d’une déclaration contre le statut d’extraterritorialité des militaires américains présents sur le sol du pays, il est expulsé d’Iran et se réfugie à Nadjaf, en Irak, après avoir transité par la Turquie. Devenu persona non grata, il se rend en France en octobre 1978 et s’installe à Neauphle-le-Château. Il rentre triomphalement à Téhéran le 1er février 1979. Bien que le front qui a renversé le chah soit large, ce sont les conceptions de l’ayatollah Khomeyni qui s’imposent. La thèse du Velâyat-e faqih constitue le centre de gravité de la Constitution de 1979 : c’est au faqih (docteur de la loi) qu’il revient d’être intronisé comme détenteur de l’autorité suprême de l’État. L'invasion du pays par l’Irak le 22 septembre 1980, qui ouvre la première guerre du Golfe, provoque un sursaut patriotique sur lequel s’appuie le nouveau chef de l’État pour écraser ses alliés de la veille et s’affirmer comme le maître absolu du pays, ce qui réduit la base de son régime. La prolongation de cette « guerre Iran-Irak » lui aliène de nombreuses sympathies et c’est seulement en juillet 1988 que l’Iran accepte enfin un cessez-le-feu, épreuve que le « guide de la Révolution » compare à un poison qu’il est obligé de boire. Sa mort, le 3 juin 1989, laisse l’Iran dans une situation d’affaiblissement économique et politique inquiétant. L’ayatollah Khomeyni aura été finalement plus un homme de rejet que de projet.



KHOMEYNI, Ruhollah (Qom, 1902-Té-héran, 1989). Chef religieux et homme politique iranien. Intégriste musulman, il imposa en 1979 une République islamiste en Iran. Docteur de la loi coranique, Khomeyni enseigna, dans les années 30, la sociologie à Qom, ville sainte du chi'isme. Après la mort de l'ayatollah Kachani, il devint, à partir de 1962, le chef de la communauté chi'ite iranienne (majoritaire en Iran) et s'opposa violemment à la politique de modernisation et d'occidentalisation pratiquée par le chah Reza Pahlavi, proaméricain. Accusé en 1963 d'être le responsable d'un attentat manqué contre le souverain, il fut arrêté, exilé en Turquie, puis en Irak où il passa quinze ans et enfin, en France, à Neauphle-le-Château, dans la région parisienne. À la faveur des émeutes antigouvernementales en Iran réclamant le retour de l'ayatollah considéré par les musulmans intégristes comme une sorte de « messie » politico-religieux, Khomeyni, enlevant son autorité au gouvernement civil créé par Chahpur Bakhtiar (6 janvier 1979), annonça la formation d'un Conseil islamique révolutionnaire (13 janvier) qui, après son retour en Iran (1er février) et la chute de la monarchie, donna naissance au premier gouvernement révolutionnaire dirigé par Mehdi Bazargan (12 février 1979). La République islamique fut proclamée en avril à l'issue d'un référendum, le Conseil islamique conservant cependant l'essentiel du pouvoir sous l'autorité morale de Khomeyni installé à Qom. La révolution islamique s'imposa dans la terreur. Des tribunaux révolutionnaires firent exécuter de nombreuses personnalités de l'ancien régime (officiers, membres de la Savak, ministres) mais aussi d'anciens alliés comme les communistes du parti Tou-deh défiant ainsi l'URSS de Brejnev et les moudjahidin du peuple, militants d'extrême gauche, exécutés par milliers après la déchéance de Bani Sadr (1981), premier président de la République. Le régime eut aussi à faire face aux rébellions du Kurdistan et du Khuzistan qui se transformèrent en une véritable guerre civile. Au nom de l'« anti-impérialisme » dirigé avant tout contre les intérêts américains en Iran, l'Etat procéda à de nombreuses nationalisations et réussit à défier les États-Unis lors de l'occupation de l'ambassade américaine à Téhéran (novembre 1979-janvier 1981). La guerre contre l'Irak transformée en guerre sainte (1980-1988), conduite dans l'exaltation patriotique et le fanatisme religieux, provoqua une hécatombe sans précédent et une mobilisation d'une grande partie des ressources.

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