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Kant: Nature

Nature

• Il faut distinguer le monde comme ensemble mathématique des phénomènes, reposant sur l’agrégation homogène dans l’espace et dans le temps, et la nature qui est le monde considéré comme un tout dynamique hétérogène, reposant sur l’unité de l’existence des phénomènes. Il faut alors distinguer le nature formelle, qui est le système des règles fondant l’unité de l’objet de l’expérience, et la nature matérielle, qui est l’ensemble des choses qui peuvent être objets de nos sens et de l’expérience. •• Puisqu’il existe une affinité transcendantale liant les phénomènes de manière nécessaire, les phénomènes ainsi liés constituent une nature. Cette nature formelle n’est rien d’autre que l’ordre et la régularité des phénomènes, c’est-à-dire un système de lois conditionnant l’objectivité. Ensemble de conditions, elle concerne l’expérience possible et non l’expérience réelle, ses lois s’effectuant dans ces jugements que sont les principes de l’entendement pur. Ce concept de nature formelle permet également de me servir de la loi universelle de la nature comme type du jugement pratique pur. La nature matérielle est l’ensemble des phénomènes s’enchaînant universellement pour former un tout subsistant et étant l’objet de cette science qu’est la physique. Son unité vient de ce qu’elle est soumise aux lois de la nature formelle, c’est-à-dire à la législation de l’entendement. ••• Par ailleurs, la nature n’est pas seulement un ensemble de phénomènes et un système de lois, mais elle est aussi un règne subordonné à un but final. Ainsi peut-on élaborer une culture sur le fondement de la nature. Cependant, le progrès ne peut être naturel, car il procède de la liberté qui s’oppose à la nature. Il est ainsi une nature de l’homme consistant en des dispositions primitives ne se développant que dans l’espèce et non dans l’individu. Moralement neutre cette nature est constituée de passions innées, donnant lieu à des conflits intersubjectifs selon le jeu contradictoire de l’insociable sociabilité comme tendance équivoque à entrer en société et à répugner à le faire. La nature est ici un ensemble de virtualités que seule la culture peut actualiser, constituant le point d’articulation de la nature et de la liberté, le principe d’une effectuation de la seconde dans la première. La liberté devant s’effectuer dans la nature, la nature humaine implique donc la liberté en tant qu’elle est susceptible de s’accomplir dans l’histoire, de sorte que la fin de la nature, qui fonde la culture, recoupe celle de l’histoire, qui est la destination morale de l’homme en tant qu’elle s’accomplit selon les médiations du droit et de la religion.

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