Databac

KÁDÁR János

KÁDÁR János (1912-1989)

Dirigeant communiste hongrois, secrétaire général du Parti socialiste ouvrier hongrois (1956-1988).

Né en 1912 à Fiume (Rijeka, Croatie), János Kádár est un enfant illégitime. Adopté par un beau-père hongrois (Csermanek), il choisira le nom de Kádár durant sa vie de militant clandestin du Parti communiste. Après de courtes études, cet ouvrier adhère en 1931 au parti, déclaré illégal depuis la chute de la République des conseils (communiste) de Béla Kun (1886-1941) et l’avènement du régime de l’amiral Miklós Horthy. Il est arrêté une première fois par la police en 1933. C’est à partir de 1942, après la vague d’arrestations suivant la manifestation antifasciste du 15 mars et alors que le parti est à nouveau interdit, que J. Kádár commence à jouer un rôle important. Il fait alors partie avec LászlóRajk (1909-1949) des dirigeants de l’intérieur qui n’ont plus aucun contact avec le Comité central siégeant à Moscou.

Après la dissolution du Komintern, les communistes hongrois sont en plein désarroi et J. Kádár, devenu leur chef, décide de dissoudre le parti pour le reformer aussitôt sous le nom de Parti de la paix. Cette initiative lui sera reprochée par les dirigeants communiste hongrois de Moscou et aura pour conséquence son éloignement progressif de la direction à partir de 1945. Il revient au premier plan lors du « tournant » de 1948 et devient ministre de l’Intérieur à la place de L. Rajk, nommé aux Affaires étrangères. Mais en 1949, ce dernier est arrêté, jugé et exécuté lors de la série de procès orchestrée par Mátyás Rákosi contre les communistes de l’intérieur. J. Kádár joue durant cet épisode un rôle trouble, envoyé par M. Rákosi pour extorquer à L. Rajk d’impossibles aveux ; il tombe à son tour en 1951. Il est libéré de prison à la faveur de la libéralisation instaurée par Imre Nagy et retrouve sa place au sein des instances dirigeantes du parti. Il remplace ensuite, à la tête de celui-ci, ErnöGerö, chassé par le soulèvement de Budapest du 23 octobre 1956.

Le 1er novembre, il prononce un discours glorifiant le soulèvement national et annonce une refonte du parti, puis disparaît pour resurgir le 7 novembre avec les troupes soviétiques.

J. Kádár, personnage ambigu et jugé malléable par le Kremlin, a été choisi par les Soviétiques pour incarner la répression ; il a cédé à la fois à son attrait pour le pouvoir et à une foi certaine dans sa mission. Ancienne victime devenue bourreau, il va ensuite se muer en figure populaire grâce à une grande habileté politique. Après le choc provoqué dans l’opinion par l’exécution d’I. Nagy le 16 juin 1958, le régime policier se détend et des mesures d’amnistie interviennent en 1963-1964. La réforme du « nouveau mécanisme économique » permet ensuite d’atteindre un consensus que renforce une relative libéralisation politique. J. Kádár a su écarter ses opposants et favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants. Ces derniers seront les fossoyeurs du régime en commençant par se débarrasser de J. Kádár lui-même, dont la déchéance physique est devenue patente, remplacé en mai 1988 à la tête du parti par Károly Grósz (1930-1996). J. Kádár disparaît ensuite complètement du paysage politique hongrois et meurt, à Budapest, comme dans un symbole, le 6 juillet 1989, jour où la Cour suprême réhabilite I. Nagy.

Kadar, Janos Czrmanet, dit (Fiume 1912-Budapest 1989) ; homme politique hongrois. Janos Czrmanet, dit K., enfant naturel né en Croatie, à Fiume (Rijeka), apprend la mécanique de précision à Budapest, devient militant syndical à 17 ans, rejoint le parti communiste clandestin en 1931, et en gravit les échelons. Il en dirige la réorganisation en 1940, est secrétaire général adjoint en 1945, et bras droit de L. Rajk, qu’il remplace au ministère de l’intérieur en 1948, et dont il désapprouve l’exécution. Victime de purges en 1950, il est libéré par I. Nagy en 1954. En 1956, il est d’abord du côté des insurgés et préside avec Nagy et G. Lukacs à la création du parti socialiste ouvrier hongrois, qui remplace le parti communiste le 31 octobre. Mais le soir même, l’ambassadeur soviétique, Y. Andropov, l’emmène à Moscou, et le 4 novembre, K. annonce à la radio russe la formation d’un contre-gouvernement. Les chars russes le ramènent à Budapest, il y prend la tête du PSOH, et assume la liquidation de Nagy, et de la révolution. D’abord traité de Quisling, il se pose vite en intercesseur entre les Hongrois et le Kremlin, attaché au bien-être de la population, partisan de la souplesse en économie, d’une ouverture contrôlée à l’Ouest et d’une relative liberté d’expression. On parle alors de « miracle » ou de « modèle » hongrois. La crise économique entraîne un durcissement à la fin des années 1970, sa popularité chute, d’autant qu’il hésite devant la perestroïka. Gorbatchev le fait mettre à l’écart en mai 1988, et il meurt le 6 juillet 1989, le jour même où la Cour suprême efface la condamnation d’Imre Nagy, donc de la révolution de 1956, sur l’écrasement de laquelle avait été fondé son pouvoir.




KÂDÂR, Jànos (Fiume, auj. Rijeka, 1912-Budapest, 1989). Homme politique hongrois. Ministre de l'intérieur (1948-1951), puis premier secrétaire du Parti des travailleurs hongrois (1956-1988), il devint, avec l'appui des Soviétiques, chef du gouvernement (1956-1958) après l'écrasement de l'insurrection hongroise (novembre 1956). Il pratiqua durant deux ans une répression brutale, procédant à des milliers d'arrestations et à un centaine d'exécutions (Imre Nagy en 1958). Un «calme», au moins apparent, étant revenu, Kâdâr (à nouveau chef du gouvernement de 1961 à 1965), tout en s'appliquant à rester l'allié exemplaire de l'URSS sur le plan extérieur, inaugura à partir de 1959 une politique intérieure qui fit de la Hongrie le pays le plus « libéral » du camp socialiste : amnistie politique partielle puis totale en 1963, amélioration des relations entre l'Église et l'État, ouverture des frontières et surtout mise en place, à partir de 1966, d'une réforme économique abolissant la planification et réintroduisant la loi du marché. Voir Budapest (Crise de), Râkosi (Màtyàs).

Liens utiles