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JOIE

JOIE. n.f. (lat. gaudium « joie intérieure », « contentement » ou « plaisir des sens »). Le latin possède deux mots, gaudium et laetitia, pour traduire la joie. L'un et l'autre ont une signification sensible et une signification spirituelle. Émotion agréable, qui n'est pas forcément toute spirituelle, mais qui est toujours riche d'éléments spirituels. Elle peut être très intérieure, calme, secrète, ou exubérante et se traduire par des manifestations extérieures (larmes, cris, débordement de paroles et de gestes). ♦ 1° Dans les romans courtois, Belperon (auteur de la Joie d'amour) la définit : « Exaltation sentimentale qui, sans être étrangère au désir, le transcende en le spiritualisant. » ♦ 2° a) Saint Thomas d'Aquin (Somme, IIa, IIae q. 28) l'étudie comme un effet de la charité. La joie procède de l'amour. Elle se manifeste soit lorsque celui que nous aimons est présent, soit lorsque nous savons que celui-ci est en possession assurée de son bien propre. La joie spirituelle, qui a Dieu pour objet est, pour le moment, une espérance : nous attendons de jouir du bien divin. Quand nous parviendrons à la béatitude, « la joie de chacun sera plénière, mais la joie de l’un surpassera celle de l'autre ». b) Descartes, dans le Traité des passions (art. 91) distingue une joie-passion consistant dans « la jouissance que l'âme a du bien que les impressions du cerveau lui représentent comme sien », et « la joie purement intellectuelle qui vient en l’âme par la seule action de l'âme, et qu’on peut dire être une agréable émotion excitée en elle-même, en laquelle consiste la jouissance qu’elle a du bien que son entendement lui représente comme sien ». « La joie vient de l’opinion qu’on a de posséder quelque bien » (art. 93). Il reste que nous pouvons avoir des joies uniquement corporelles ou imaginaires. c) Pour Spinoza {Éthique, III), « j’entendrai donc par joie la passion par laquelle l’esprit passe à une perfection plus grande » (Prop. 11, scol.). Pour lui aussi, la joie peut comporter des éléments corporels : « J’appelle la joie rapportée à la fois au corps et à l’esprit plaisir ou gaieté. » N’importe quoi peut être, par accident, cause de joie ; il y a, à nos émotions, des causes imaginaires {Éthique, II, prop. 15, scol.). « L’amour n’est rien d'autre que la joie accompagnée de l'idée d’une cause extérieure » {Éth. III, prop. 13, scol.). L'espoir est « une joie inconstante, née de l'image d’une chose future ou passée dont l'issue nous paraît douteuse ». De tous ces textes ressort l’idée que la joie est liée à la possession de ce que nous considérons comme un bien ; qu’il y a pour l’homme, « corps et âme » des joies corporelles et des joies spirituelles, que nous pouvons nous faire des illusions sur notre bien, qu’il y a une joie dans l’attente et dans l’espérance du bien suprême, d) Bergson {Essai sur les données immédiates de la conscience et l'Énergie spirituelle) a fait des analyses célèbres de la joie. On en retiendra surtout ces lignes : « Les philosophes qui ont spéculé sur la signification de la vie et sur la destinée de l’homme n’ont pas assez remarqué que la nature a pris la peine de nous renseigner là-dessus elle-même. Elle nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. Je dis la joie, je ne dis pas le plaisir » (l'Énergie spirituelle, ch. I).

JOIE

État de l’âme qui éprouve un plaisir. Sa valeur dépend de la nature de ce dernier : Descartes souligne qu’il existe une joie des ivrognes, dont il faut se méfier, et il distingue la joie intellectuelle, qui est active et provient de l’exercice de l’entendement, d’une joie simple suscitée par la possession d’un bien ordinaire. Spinoza ne reconnaît que la joie intellectuelle, « passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection ». Encore n’est-elle pas la perfection elle-même ou la fin à atteindre, mais un simple signe de progrès dans la connaissance. Dans le vocabulaire religieux, la joie est proche de la béatitude, et désigne un « don de l'Esprit » : elle est la conséquence de la révélation du divin.

joie, sentiment de satisfaction, résultant de la possession d'un bien réel ou imaginaire. — La joie se distingue du simple plaisir, qui est momentané et purement sensible (plaisir de manger); la joie possède un caractère de plus grande plénitude et résulte, en général, d'un travail personnel : la joie de créer quelque chose. Elle se distingue cependant du bonheur, dont elle ne possède pas la permanence et la continuité.

JOIE (n. f.) État affectif global, de caractère agréable ; # plaisir ; les existentialistes douent cette émotion d’une signification : la joie est « une conduite qui tend à réaliser par incantation la possession de l'objet désiré » (Sartre).  



Joie

Du latin gaudia, « joie », « plaisir », « volupté ». État de satisfaction intense. • Pour Spinoza, la joie est la conscience d'un accroissement de notre puissance d'être, lequel se traduit par le passage « d'une moindre à une plus grande perfection ».

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