Jean Demélier

Né en 1940 à Poitiers, Jean Demélier est peintre et écrivain. Jean Demélier, comme pour donner le change, commença par publier Gens de la rue, un recueil de nouvelles, toutes très brèves, mais où la notation rapide, aiguë, de gestes quotidiens, d’événements simples était toujours révélatrice d’autre chose : caractères, motivations secrètes des personnes, envers de la réalité. Peu après, avec un gros roman, le Rêve de Job, il passait de la miniature à la fresque monumentale, grouillante, foisonnante. Là, comme dans ses romans suivants, le Sourire de Jonas ou le Miroir de Janus aux titres également allégoriques, Demélier se moquant aussi bien des règles classiques que des recherches formelles contemporaines multiplie les histoires, les entrecroisant ou les faisant les unes des autres, et, avec une allégresse superbe mélange les genres, sautant de la comédie au drame, de la tragédie à la farce, de l’humour à la métaphysique, de l’érotique volontairement provocant au sublime, jouant avec le savoir et parodiant terriblement la bêtise. Dans ses meilleurs livres, le Rêve de Job et le Sourire de Jonas (ensuite, dans la Constellation de chiens ou le Miroir de Janus il lui arrive de rompre le rythme par le longues tirades vaticinatoires) Demélier se révèle un conteur d’une verve étonnante. C’est en se laissant entraîner par son génie inventif, en enchaînant les récits d’événements qu’il déploie tout ensemble ses obsessions, ses fantasmes et ses connaissances, qu’il peuple une ville réelle de ses cauchemars et de ses rêves. Tous ses romans, en effet, s’enracinent dans le même lieu, ne cessent de déconstruire et de reconstruire Poitiers. Une cité imaginaire double la cité familière et ce que le romancier édifie, c’est un « Poitiers de mots ». Autant dire que dans ce Poitiers symbolique, tout ce qui se joue au niveau de la langue, de la société, du monde, toutes les figures du sexe, de la science, du pouvoir et de la révolte, trouvent une scène idéale. Car satiriques et picaresques, les romans de Demélier sont aussi des sagas de notre temps. ► Bibliographie

Nouvelles : Gens de la rue, 1971 ; Romans : le Rêve de Job, 1971 ; le Sourire de Jonas, 1975 ; la Constellation des chiens, 1976 ; le Miroir de Janus, 1977, Gallimard, coll. le Chemin.