Databac

JASPERS (Karl)

JASPERS (Karl). Philosophe allemand (1883-1969) né à Oldenbourg. Il commença des études de droit, puis s’orienta vers la médecine, fut assistant à la clinique psychiatrique de Heidelberg, passa sa thèse, et enseigna la psychologie à la faculté de lettres de Heidelberg avant d’y enseigner la philosophie. Il cessa toute activité entre 1937 et 1945. Marié avec une juive, il vécut alors sous la menace de la déportation et de la mort. En 1945, il reprit ses cours, puis partit enseigner à Bâle. Son premier grand ouvrage est un Manuel de psychopathologie générale publié en 1913 et fréquemment réédité depuis. En 1919 parut la Psychologie des conceptions du monde et, en 1931, un petit livre : la Situation spirituelle de notre temps, dans lequel l'auteur exprime son inquiétude devant l'avenir. Son ouvrage capital, Philosophie, fut édité l'année suivante en 1932. Il comprend trois parties : la première est consacrée à la connaissance objective ; la seconde à l'existence, à la liberté et à la communication ; la troisième à la métaphysique. La connaissance scientifique est étudiée d'une façon critique, dans sa valeur et ses limites. Elle ne nous donne pas la vérité. Mais elle est un bon aiguillon par son exigence d'évidence rationnelle et de vérification expérimentale. Jaspers a une haute idée de la liberté et de la responsabilité ; dans son exercice, la liberté échappe toujours à la raison et la dépasse. Dans la communication entre les hommes, on constatera aussi que si l'on utilise le langage de la raison, il ne s'agit pas de transmettre une vérité impersonnelle. La vérité en cause n'est pas indépendante du langage qui l'exprime, de la personne qui parle, de ce qui se passe en chacun des interlocuteurs et entre eux. Il serait vain de sacrifier à la courtoisie mondaine. La lutte radicale, sans égards, mais « aimante » est, pour Jaspers, la condition d'une véritable communication avec autrui. Dans la connaissance scientifique, comme dans l'existence et dans la communication, nous percevons des « chiffres » de la Transcendance. Ce qu'est celle-ci est difficile à dire car Jaspers en parle le plus souvent en termes négatifs. Il emploie parfois le terme « englobant ». Le premier cours que donna le philosophe en 1945 portait sur le Problème de la culpabilité ; il fut publié en 1946. C'est un examen de conscience collectif. Pendant qu'il n'enseignait pas, Jaspers avait écrit De la vérité, Logique philosophique (1947). En 1948 parut la Foi philosophique ; en 1949, Origine et sens de l'histoire ; en 1957, les Grands Philosophes ; en 1958, La bombe atomique et l'avenir de l'homme ; en 1960 La liberté et la réunification ; en 1962, la Foi philosophique face à la Révélation. Mentionnons aussi deux petits livres d'approche facile : Introduction à la philosophie (1950) et Petite école de la pensée philosophique (1965).

Jaspers (Karl, 1883-1969.)

Philosophe allemand. Il enseigne d'abord la psychologie, et fait paraître en 1913 son importante Psychopathologie générale, qui influencera l'attitude clinique en psychiatrie. Il obtient ensuite une chaire de philosophie, qui lui est retirée en 1937 par les nazis. Après la Seconde Guerre mondiale, sa pensée évolue de la « philosophie de l'existence » vers une méditation sur la politique et la définition de la raison.

♦ Pour Jaspers, l’existence ne peut être définie ou connue. Elle peut, au mieux, être éclairée par une recherche philosophique, qui libère le sujet de toute préorientation dans le monde. Cette liberté mène à l'origine du sens, que Jaspers nomme la « transcendance » ; cette dernière reste toutefois hors d'atteinte, puisque le sujet existant est évidemment inscrit dans des limites infranchissables (la naissance, la mort). La vérité ne peut dès lors être construite que par une « communication illimitée ». mettant en commun les ressources de toutes les bonnes volontés ; en l'absence de ce travail intersubjectif, qui dépend de la raison et en constitue la véritable actualisation, elle disparaît.

♦ Relativement à un tel contexte, le conflit mondial relance l’interrogation sur la possibilité du dialogue fondateur. Celui-ci ne peut se reconstituer qu’après la reconnaissance des fautes ou déviations (La Culpabilité allemande, 1948), et ouvre une réflexion sur l’éventualité d’une orientation de l'histoire (Origine et sens de l'histoire, 1949). La pensée de Jaspers tente alors de préciser ce qu'exige une paix authentique entre les hommes, soumis désormais à la menace de l'autodestruction de l’humanité (La Bombe atomique et l'avenir de l'homme, 1958) : rien ne garantit que ces conditions (circulation de l’information, protection universelle des droits de l’homme par une autorité internationale, etc.) soient réalisables, mais ce n’est qu’en cherchant à les mettre en place qu’on peut espérer une paix durable.

♦ Cet accord ne devrait pas signifier la réduction de l'humain à une définition minimale : l’humanité est au contraire constituée par la pluralité des cultures, qui s’enrichissent mutuellement. De ce point de vue, le travail des Grands Philosophes (que Jaspers commente longuement en 1957, donnant par exemple de Kant une lecture fructueuse) signifie la permanence d'un effort pour accéder au seuil d’une vérité transcendant la diversité des systèmes historiques.

Autres œuvres : Psychologie des conceptions du monde (1919) ; La Situation spirituelle de notre époque (1931) ; Nietzsche, introduction à sa philosophie (1936) ; De la vérité (1947) ; Introduction à la philosophie (1950) ; Autobiographie philosophique (1957).

Jaspers (Karl), philosophe et psychiatre allemand (Oldenburg 1883 — Bâle 1969). Appliquant sa réflexion au drame humain et à ses pôles principaux : la communication, la souffrance, la culpabilité, la mort, il est un des principaux philosophes existentialistes de notre époque. Selon lui, les relations humaines doivent être conçues comme les formes d'un « combat amoureux » qui oscille sans cesse de l'amour à la haine. En réaction contre le courant organiciste, il introduisit la psychologie compréhensive et la phénoménologie en psychiatrie. On lui doit une Psychopathologie générale (1913), qui envisage le malade « dans la totalité vivante de sa personnalité », et de nombreux autres ouvrages.

JASPERS (Karl), philosophe et psychiatre allemand (Oldenburg 1883-Bâle 1969). Philosophe de l'existentialisme, il conçoit l'existence comme un déchirement entre notre présence dans le monde et notre aspiration à une « transcendance », entre la science et la religion. L'échec de la science à résoudre tous les problèmes, celui de l'homme à trouver le bonheur parfait dans l'action sont, selon lui, les signes d'une révélation divine. Sa réflexion « existentielle » analysé des situations (la souffrance, le combat, la faute, la mort) que les philosophies rationnelles avaient profondément négligées et qui constituent des pôles de l'existence humaine. Il conçoit les relations entre les hommes comme les formes d'un « combat amoureux », oscillant sans cesse de la haine à l'amour. Sa philosophie culmine dans une théorie des « signes » et du sentiment religieux. Il est resté, en toute occasion, le philosophe humaniste de l'Allemagne moderne et s'est toujours élevé contre l'idée d'un Empire allemand, soutenant notamment cette idée que la réunification de l'Allemagne risquait. comme en chaque occasion où elle s'est accomplie dans l'histoire, d'enterrer l'humanisme allemand et de faire renaître le guerrier prussien, la violence et l'expansionnisme qui ont tragiquement signalé son peuple (la Culpabilité allemande, 1946). II a écrit notamment : Psychologie der Weltanschauungen (1919), Philosophie (1932), Vernunft und Existenz (1935), Existenzphilosophie (1938), Philosophie und Welt (1958).




JASPERS Karl

. Philosophe allemand. Né le 23 février 1883 à Oldenburg (Basse-Saxe), mort le 26 février 1969 à Bâle. Son nom est attaché à « la philosophie existentielle ». « Philosopher ne signifie rien d’autre qu’être en chemin » écrit Jaspers. Lui-même commence par le détour de la médecine (il fait ses études à Berlin, Göttingen et Heidelberg, de 1902 à 1909) : « Parce qu’elle avait l’homme pour objet, la médecine ouvrait, me semblait-il, le champ le plus vaste. » Il se spécialise bientôt en psychiatrie : praticien à la clinique neurologique d’Heidelberg de 1909 à 1915, il exerce en même temps à l’Université en qualité de « Privatdozent » (à partir de 1913), puis de « Professeur Extraordinaire » (en 1916). Mais Jaspers franchit déjà insensiblement le pas qui sépare la psychologie de la philosophie, évolution sensible dans la comparaison de son premier ouvrage Psychopathologie générale (1913) avec le second, Psychologie des conceptions du monde [Psychologie der Weltanschauun-gen, 1919], qu’il considère lui-même comme « le témoignage précoce de ce qu’on appellera plus tard l’éclairement de l’existence. » Les circonstances historiques, avec l’avènement « la psychologie n’était plus à ses yeux la simple constatation empirique des faits et des lois naturelles, mais une étude des possibilités de l’âme devant montrer à l’homme, comme dans un miroir, ce qu’il peut être, ce qu’il lui est donné de réaliser, jusqu’où il peut atteindre ». Ou encore : « A mon insu, la psychologie avait pris pour moi dans une large mesure le caractère de ce que j’ai appelé plus tard l’éclairement de l’existence. » Les circonstances historiques, avec l’avènement du nazisme, devaient amener Karl Jaspers à ne pas séparer philosophie et pensée politique. Avec La Situation spirituelle de notre temps [ 1931], Jaspers veut « éveiller ses contemporains », « leur apprendre à voir », lui qui sera bientôt frappé de l’interdiction d’enseigner et de publier. Au nom de l’exigence existentielle première qui est de « permettre à l’homme de devenir vraiment lui-même en prenant conscience de l’être », Jaspers condamne le totalitarisme comme mensonge projeté sur autrui et sur soi-même. Après 1945, lorsqu’il sera réintégré dans ses fonctions de professeur, puis tout au long de sa retraite laborieuse à Bâle, il poursuivra ses réflexions sur l’histoire, suivant le principe « qu’une philosophie montre ce qu’elle est en se manifestant dans sa pensée politique ». Origine et sens de l’histoire (1949), Raison et déraison de notre temps [1950], La Culpabilité allemande (1946), La Bombe atomique et l’avenir de l’humanité (1958), Liberté et réunification [1960]. Le leitmotiv de ces réflexions est le problème de la communication. La société, l’Etat doivent permettre la reconnaissance mutuelle qui suppose l’exercice de la liberté comme condition du dialogue. Certains ont regretté l’importance croissante (tentaculaire dans les dernières années) prise au sein de l’œuvre de Jaspers par les écrits politiques, les interventions pressantes dans l'actualité. Il faut néanmoins concéder qu’aux yeux de Jaspers, le philosophe, s’il doit « refuser d’ignorer le réel », est investi d’une autre responsabilité que le politicien. « J’avais l’impression, écrit-il dans son Autobiographie philosophique, que, seul, mon souci politique profond me permettrait d’accéder à une pleine conscience de moi et me faisait déboucher sur la métaphysique. » Bien qu’elle ne s’érige pas en système dogmatique, qu’elle se conçoive simplement comme « éclairement », il y a bien une métaphysique jaspérienne, développée à travers les ouvrages Philosophie (1932), Raison et existence [ 1935], De la Vérité, tome premier de Logique philosophique [1948]. Quête ontologique qui ouvre un questionnement multiple : Y a-t-il un Etre indépendant de l’être-pensé ? L’Etre est-il transformé dans l’être-pensé, la réalité dans l’être-connu ? Au lieu d’être séparable, la pensée est-elle inhérente à l’Etre ? etc., interrogations qui aboutissent au paradoxe jaspérien du cogito : « Avec la pensée, je comprends ce qui est plus que la pensée, mais qui n’est pour moi que lorsqu'il est présent dans la pensée. » Prise de conscience qui doit être la tâche philosophique par excellence : penser l’existence à partir de l’« Umgreifendes », mot intraduisible qui signifie à peu près « l’englobant ». A la fin de sa vie, K. Jaspers, en dépit de la célébrité (grâce à ses interventions à la radio et à la télévision), de l’afflux des honneurs (Prix Goethe en 1947, Prix de la Paix en 1958, Prix Erasme en 1959), ne revendiquait plus, modestement, que le titre de « professeur de philosophie ». Il fut assurément, malgré ceux qui ne voient dans son œuvre qu'une sorte de plaidoyer pour « une raison pratique », un moniteur de son temps.



JASPERS, Karl

(Oldenburg, 1883-Bâle, 1969). Philosophe et psychiatre allemand. Il fut l'un des principaux représentants de l'existentialisme chrétien. D'abord connu pour ses travaux de psychiatrie et de psychologie, il se consacra ensuite à la philosophie. Professeur à Heidelberg à partir de 1921, il fut interdit d'enseigner par les nazis à partir de 1937 car il était l'époux d'une femme juive. Jaspers publia des ouvrages proprement philosophiques {Philosophie de l'existence, 1938), mais aussi de morale et politique {La Culpabilité allemande, 1946 ; La Bombe atomique et l'avenir de l'humanité, 1958 ; Liberté et réunification, 1960).

Liens utiles