INTELLECT INTELLECTION INTELLECTUALISME INTELLECTUEL INTELLIGENCE INTELLIGIBILITÉ INTELLIGIBLE
- INTELLECT / INTELLECTUEL / INTELLECTUALISME1. Intellect « faculté de comprendre. Terme peu usité; synonyme d’entendement ou, aujourd’hui, de réflexion. Ne subsiste que dans ses dérivés, voir ci-dessous.2. Intellectuel - Comme adjectif = qui est saisi par la pensée, qui est compris. Selon le contexte, intellectuel aura des valeurs différentes : • opposé à sensible, il désigne ce qui est pensé et non senti (compter est une opération intellectuelle), • opposé à affectif, il désigne ce qui est réfléchi et non ressenti (l'émotion d'autrui peut être intellectuellement comprise sans être ressentie), • opposé à actif, il désigne ce qui est pensé et non accompli (le lâche se voit, intellectuellement, en héros). - Comme nom = individu dont l’activité est avant tout d’ordre intellectuel, non manuelle. 3. Intellectualisme: « doctrine qui affirme que toute l’activité de pensée est subordonnée à celle de l’intellect c’est-à-dire de la réflexion (ex. : dire que la sensation ne pourrait exister sans la réflexion, sans un jugement).
- INTELLECT, INTELLECTUALISME
♦ Synonyme d’entendement - mais plus spécialement, par référence à la scolastique, dans ce qu’il a d’ambition métaphysique ou gnoséologique -, l’intellect est la faculté supérieure de connaître (opposée à la raison discursive), correspondant au Nous de certains auteurs grecs (Anaxagore, Platon).
♦ L’intellectualisme désigne toute doctrine soutenant la prééminence de l’intellect dans la vie de l’esprit. Il s’agit d’une part de la doctrine psychologique qui réduit tous les faits de l’esprit à des phénomènes intellectuels : par exemple Herbart (1776-1841) qui, méconnaissant la spécificité de l’affectivité, ramène la vie affective à un jeu de représentations . L’intellectualisme est, d’autre part, une doctrine métaphysique selon laquelle l’entendement a une valeur supérieure à celle de l’affectivité (Platon, Descartes). Leibniz, par exemple, affirme l’antériorité des phénomènes intellectuels sur tout autre phénomène psychique : ainsi le sentiment musical de l’harmonie procéderait de la perception confuse des rapports mathématiques qui expriment cette « harmonie ». S’opposant au volontarisme cartésien, Spinoza de son côté - qui réduit l’être à la pensée - prétend que l’idée claire satisfaisant l’entendement entraîne nécessairement l’adhésion.
- INTELLECT. n.m. (lat. intellectus, traduisant le gr. noûs «faculté de comprendre», «entendement», «intelligence»). Aristote, et, à sa suite, saint Thomas d’Aquin, distinguent : ♦ 1° L’intellect agent, fonction qui abstrait, dégage, les idées (ou concepts, ou formes) données dans l’expérience sensible, en vertu de l’adage « Nihil est in intellectu quin prius fuerit in sensu (Il n’y a rien dans l’intellect qui n’ait d’abord été dans le sens) ». ♦ 2° L’intellect patient (ou passif) qui recueille et exprime ces idées. La confusion de ces deux fonctions a été faite par Kant, qui a attribué à l’entendement pris en général un pouvoir de spontanéité, selon les catégories qui constituent sa nature et lui interdisent de connaître le réel tel qu’il est. Bien voir que ce sont deux fonctions d’un même intellect, et non deux intellects séparés.
- INTELLECTION. n.f. Acte de l’intellect, c’est-à-dire compréhension ou conception.
- INTELLECTUALISME, n.m. Théorie qui affirme la supériorité de l’intellect, du fait que tout ce qui existe est intelligible.
- INTELLECTUEL, adj. ♦ 1° Qui concerne l’intellect (ou intelligence). ♦ 2° Qui se livre à des travaux de l’esprit ; peut prendre une nuance péjorative, et être opposé à «intelligent».
- INTELLIGENCE, n.f. Terme moderne pour «intellect» ; peut aussi être opposé à «intuition» (Bergson), alors que Platon les identifiait.
- INTELLIGIBILITÉ, (Principe de l’universelle). Doctrine selon laquelle chaque chose est intelligible, ayant une idée propre qui lui correspond.
- INTELLIGIBLE. n.m. et adj. ♦ 1° Adjectif, a) Qui peut être compris ; b) qui n’est accessible qu’à l’entendement (s’oppose alors à «sensible»). ♦ 2° Substantif. Réalité constituée uniquement par des idées : le monde intelligible (cosmos noêtos) chez Platon. Chez Kant, réalité de l’âme humaine, inconnaissable pour l’homme.
- INTELLECT (n. m.) 1. — (Scol.) Trad. du grec Nous qui, dans la philosophie d’Aristote, désigne la faculté par laquelle sont saisis les concepts ; l’intellect actif ou agent, qui actualise (cf. acte, sens 4) les formes intelligibles contenues dans le sensible, est opposé à l’intellect passif ou patient, qui est purement réceptif. 2. — (Par ext.) Syn. entendement. 3. — Intellection : exercice de l’intellect, saisie des formes intelligibles. 4. — Intellectualisme : toute doctrine qui subordonne l’activité du psychisme à celle de l’intellect ; en part., doctrine qui suppose que la perception nécessite une synthèse réflexive : la conception intellectualiste de l’espace, celle qui suppose que la perception de l’espace n’est pas seulement sensible ; par ext., tendance à privilégier la pensée conceptuelle et discursive. 5. — Intellectuel : a) Qui concerne l’intellect ; opposé à sensible, b) Personne qui a une activité essentiellement intellectuelle et aborde tous les problèmes à partir d’une réflexion abstraite ; parf. péj. en ce sens, Syn. irréaliste, utopiste, c) Intuition intellectuelle : opposée à sensible ; pour Kant, intuition immédiate qui ne serait pas soumise aux formes de la sensibilité, c.-à-d. qui saisirait immédiatement par l’entendement la chose en soi. d) Quotient intellectuel (Q. I.) : cf. ce mot.
- INTELLECTUALISME nom masc. - 1. Toute théorie qui affirme la primauté de l’intelligence sur la sensibilité. 2. Tendance à se couper de la réalité pour vivre dans un monde constitué uniquement d’idées.
- INTELLECTUEL nom masc. - Individu qui, au nom du rôle qu’il joue dans le monde de la culture, prend position dans le domaine politique. On pourrait se contenter de définir l’intellectuel par opposition au manuel. Cette définition, cependant, nous ferait passer à côté de l’essentiel. L’intellectuel est, en effet, « un homme du culturel mis en situation d'homme du politique» (Ory et Sirinelli). Un avocat, un scientifique, un médecin, un instituteur exercent bien, à des degrés divers, des professions « intellectuelles ». Cependant, ils ne seront considérés comme des intellectuels qu’à partir du moment où, utilisant le prestige que leur confèrent leur formation et leur statut culturel, ils prendront position sur des problèmes politiques ou de société en cherchant à exercer une sorte de magistère moral. Comme le déclarait Sartre, « l'intellectuel est celui qui se mêle de ce qui ne le regarde pas ». L’histoire du mot « intellectuel » est à ce titre particulièrement instructive. Celui-ci naît au moment de l’affaire Dreyfus pour désigner les écrivains qui s’engagent aux côtés de Zola afin de dénoncer l’erreur judiciaire qui a été commise. Si le mot surgit à ce moment dans le vocabulaire, c’est bien que la notion d’« intellectuel» est inséparable de celle d’« engagement». De même si on a beaucoup parlé dans les années 80 d’une « fin des intellectuels », ce n’est pas parce que la France ne compterait plus d’individus exerçant des fonctions intellectuelles : au contraire, avec le développement du secteur tertiaire, ceux-ci n’ont jamais été plus nombreux. La raison en est que les écrivains, les philosophes, les « hommes du culturel» refusent de plus en plus de s’engager dans la lutte politique et cessent de ce fait d’être des intellectuels au sens plein de ce terme. —> Engagement
- INTELLIGENTSIA nom fém. - L’ensemble des intellectuels dans un pays donné. Le mot est d’origine russe et s’est d’abord appliqué aux intellectuels de Russie. Il est souvent employé de manière péjorative. —> Intellectuel
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