INSTINCT
INSTINCT. n.m. ♦ 1° Sens strict. Tendance qui parvient à sa fin par une série bien déterminée d’actions, fixée par hérédité (la mellification chez les abeilles). N’existe que chez les animaux. ♦ 2° Sens large. Tendance, surtout quand elle échappe au contrôle de la volonté. C’est le sens pour Freud (instinct de mort, de vie). Ce sont des pulsions, dont l’ensemble forme le ça. ♦ 3° Bergson. Mode de connaissance inclus dans les activités rapportées ci-dessus (1°). Procéderait par une sorte de sympathie inconsciente, qui se retrouve dans l’intuition (telle qu’il l’entend).
INSTINCT
Désigne chez les animaux un comportement automatique, héréditaire et spécifique assurant l’adaptation et la survie de l’individu et de l’espèce. Les recherches notamment menées en éthologie ont montré que sa description classique (telle qu’on la trouve par exemple chez J.-H. Fabre), insistant sur sa régularité et sa réussite, devait être précisée : on constate que, plus on s’élève dans l’échelle zoologique, plus le comportement instinctif que déclenchent les stimuli révèle de plasticité, en particulier par l’intervention de mouvements adaptatifs à chaque situation ; de plus, l’instinct peut s’accompagner, chez les espèces supérieures, d’un certain apprentissage. L’extension de la notion à l’homme, lorsqu’elle ne concerne pas banalement des comportements acquis ou culturels (l’instinct maternel), doit être menée avec précaution dans la mesure où elle implique la présence dans l’être humain de données innées qui pourraient l’emporter sur l’acquis, c’est-à-dire une définition fixiste de l’homme. En psychanalyse même, on préfère aujourd’hui parler de pulsion plutôt que d’instinct comme le faisaient les premières traductions de l’allemand Trieb pour évoquer les forces inconscientes qui constituent le ça aussi bien que la dualité, finalement admise par Freud, entre un principe de vie et une tendance à l'autodestruction ou à l’agressivité.
instinct, impulsion à agir d'une certaine manière. — Cette action possède (surtout chez l'animal) ces trois caractères d'être : 1° innée (les guêpes solitaires, dites « guêpes maçonnes », font leur nid d'une manière toujours identique, bien que les parents meurent avant le développement de l'enfant-guêpe ; celui-ci n'aura donc pas pu « apprendre » à faire un nid. Il en est de même des oiseaux migrateurs, qui connaissent de façon innée le chemin de leur migration — de 6 000 à 12 000 km —, même s'ils sont dans leur première année et si les « parents » ne sont pas là pour les guider); 2° uniforme (l'instinct ne se perfectionne pas; par ex., la technique de la construction des barrages par les castors n'a jamais progressé au cours des temps); 3° spécifique (chaque espèce a des instincts particuliers). Les instincts sont donc des réflexes complexes, qui sont donnés avec la nature d'un individu.
Toutefois, ces réflexes peuvent être complétés par l'acquisition de « réflexes conditionnés », qui donnent une certaine souplesse et un certain pouvoir d'adaptation dans l'instinct. Chez l'homme, les instincts sont en général maîtrisés par les règles sociales, masqués par l'intervention de l'intelligence (raisonnements, motivations rationnelles et rétrospectives de conduites instinctives), et ils ne reparaissent que lorsque l'intelligence se trouve inhibée (rêve, émotions, passions, maladies mentales).
INSTINCT
1. Ensemble de comportements déterminés, héréditaires, communs à tous les individus d’une espèce et adaptés à un but (les oiseaux ont un instinct de nidification). S’oppose à intelligence (sens 3) parce que l’animal n’a pas conscience de l’activité qu’il réalise et qu’il l’accomplit comme un « programme » inscrit en lui.
2. Terme employé pour certains comportements humains qui semblent communs à l’espèce (instinct maternel, instinct de conservation). Il y a là un abus de terme ou du moins une confusion car chez l’homme, même s’il y a une tendance (pulsion), il n’y a pas de «programme» complet, se déroulant inévitablement.
- Voir Inné et Pulsion.
- INSTINCT (n m.) 1. — Schème de comportement héréditaire au sein d’une espèce animale, variant peu d’un individu à un autre, et semblant répondre à une finalité précise ; pour Freud, opposé à pulsion. 2. — Par ext., tout comportement automatique (au sens 3), inné et correspondant à une fin ; opposé à apprentissage, intelligence, réflexion. 3. — Tendance innée qu’on postule pour expliquer certains faits ou certaines conduites humaines : instinct de sociabilité, instinct maternel. Rem. : la traduction par « instinct » de l’allemand Trieb dans l’emploi qu’en fait Freud est impr. et prête à confusion (instinct de mort est donc impr.) ; cf. pulsion.
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- Du contrat social de Jean-Jacques Rousseau: Ce passage de l'état de nature à l'état civil produit dans l'homme un changement très remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l'instinct, et donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant.