INNOCENCE
INNOCENCE, n.f. (lat. innocens «qui n’est pas nuisible», «qui n’est pas coupable» ; correspond au gr. anaïtos «qui n’est pas cause», «qui n’est pas en cause»). ♦ 1° Sens strict. Etat d’un être qui vit en dehors du mal. Ainsi, Platon montre que «Dieu est innocent» (République, II et X), c’est-à-dire qu’il n’y a nul mal en lui et qu’il ne peut donc pas causer du mal. ♦ 2° Théologie chrétienne, a) État d'innocence, état de l’homme avant le péché originel, b) Innocence baptismale, état de l’homme après le péché originel quand il a reçu le sacrement du baptême, et avant d’avoir commis un péché personnel (peut se prolonger toute la vie). ♦ 3° Sens juridique. Qui n’est pas coupable de telle faute ou de tel crime dont on l’avait accusé (Le tribunal a reconnu l'innocence de ce prévenu). ♦ 4° Sens vulgaire, à proscrire. Ignorance, candeur, naïveté, etc., et même, à la limite, sottise.
INNOCENCE
Dérivé du verbe latin nocere (nuire), le terme désigne, au sens propre, l’état de celui qui, incapable de nuire, ignore la culpabilité. Du point de vue théologique, il renvoie à un homme d’avant le péché originel, et s’articule aux notions de chute et de rédemption. Transposant une telle absence de vices et de vertus dans le cadre de son hypothèse sur l’état de nature initial, Rousseau attribue à l’homme initial une innocence complète (il est en dehors de toute existence morale), mais c’est pour considérer qu’une fois perdue, elle ne peut être retrouvée. Chez Hegel, l’innocence devient synonyme de l’immédiat, et doit donc être dépassée par la conscience. Kierkegaard la redéfinit en y découvrant un envers angoissé, que provoque l’ignorance relative à quelque chose qui n’est rien de définissable.
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