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INDIVIDUALISME

INDIVIDUALISME, n.m. Doctrine qui attribue à l'individu une valeur supérieure à celle de la société. Peut aller, à la limite, jusqu'à la thèse de l'anarchie ; d'où un sens péjoratif, proche de celui du terme «égoïsme». Ce mot, équivoque, doit donc être évité, ou bien strictement défini dans l'usage que l'on veut en faire.

INDIVIDU, INDIVIDUALISME, INDIVIDUALITÉ ♦ De façon très générale, tout objet de pensée déterminé, formant un tout indécomposable est un individu. En logique, c’est le terme singulier qui, à la fin d’une série d’espèces et de genres subordonnés, ne désigne plus un concept général et ne peut plus se diviser logiquement. Ce que Leibniz exprimait en le définissant comme sujet logique admettant des prédicats mais ne pouvant servir de prédicat à aucun autre. En biologie : être vivant indivisible, doté d’unité intérieure et de coopération de ses parties ; par rapport aux autres individus de son espèce qui possèdent à égalité les caractères définissant cette dernière, l’individu est une réalité singulière. Par extension, le terme désigne chaque animal dont se compose une collectivité (un termite, une abeille) - y compris, en sociologie, l’être humain lui-même comme élément de la famille ou de la société. Du point de vue psychologique, l’individu diffère de la personne comme le biologique du réflexif, et en tant que ses particularités s’opposent à la façon dont les personnes participent ensemble des mêmes valeurs. ♦ Synonyme d’individu, surtout du point de vue psychologique, le terme individualité insiste particulièrement sur ce qui constitue l’aspect extérieur de la personnalité. ♦ L’individualisme désigne - souvent un peu péjorativement - toute attitude mettant, en quelque domaine que ce soit, l’individu au premier plan. Plus précisément : - en politique, théorie affirmant que, les valeurs suprêmes résidant dans l’individu, l’État est toujours trop présent - soit qu’on veuille sa suppression (anarchisme), soit qu’on admette qu’il ne doit servir qu’au développement et au bonheur individuels. - Ce dernier sens se retrouve en particulier en économie, où l’individualisme (dans ce cas synonyme du libéralisme) affirme la nécessité de restreindre les interventions de l’État pour laisser libre cours aux initiatives individuelles. - Au sens moral, l’individualisme privilégie la différence relativement à autrui : il s’agit alors d’exalter les vertus de singularité (ce que l’on rencontre chez Nietzsche) ou, plus cyniquement, d’utiliser « hédonistement » autrui à son profit (épicurisme* au sens dégradé, libertinage du xviiie siècle...). - En sociologie et en histoire, on nomme parfois individualisme la théorie qui cherche l’explication des phénomènes collectifs dans l’interaction des comportements individuels (Tarde). INDIVIDU INDIVIDUALISME 1. Individu : élément indivisible. S’applique à tout être vivant parce qu’il forme : - une unité (entre des parties distinctes), - une totalité (ses parties sont solidaires), et a - une unicité (il se distingue des individus de même espèce). La biologie , science des êtres vivants, a comme problème central de définir et d’étudier des individus. 2. L’individu désigne plus spécialement l’être humain qui est, à la fois, une unité biologique et une unité sociale (la société est composée d'individus). On distingue individu et personne : - pour souligner la différence dans l’homme entre son unité biologique reçue (individu) et son unité morale voulue (personne) : la personne est l'individu conscient de lui-même qui se dirige moralement ; - pour opposer ce qui est purement privé (individuel) à ce qui est commun, qu’il s’agisse de droits ou de valeurs {respect de la personne humaine). 3. Individualisme : toute doctrine qui considère l’individu comme le facteur essentiel et primordial de la morale ou de la société . Mais ce terme est ambigu car il peut désigner : - le libéralisme économique qui prône la libre entreprise et la libre concurrence des individus dans l'économie ; - une exaltation de l’individu avec affirmation et valorisation de ce qu’il a d’unique. On peut penser ici à la philosophie de Nietzsche (1) ; - la défense des droits des personnes contre l’arbitraire du pouvoir politique. Ici il faudrait plutôt parler de «personnalisme » mais le terme est déjà utilisé pour une école philosophique (celle d’E. Mounier (2). (1). F. Nietzsche (1844-1900) dénonce la démission de l’individu qui est selon lui réalisée dans les religions et philosophies qui en appellent à l’homme identique en tous. Cf. Généalogie de la morale, Gallimard, Idées. (2). E. Mounier (1905-1950) : philosophe français chrétien, animateur de la revue Esprit. Il propose une philosophie de la personne comme existence incarnée, ouverture à autrui et dépassement de soi. Voir Le Personnalisme, P.U.F., Paris, 1949. Individu. Individualisme L’individu, personne définie isolément dans son originalité propre par rapport à un groupe, et l’individualisme, tendance à l’affirmation de soi contre les exigences de la collectivité, ont largement bénéficié de la réflexion littéraire depuis le XVIe siècle. 1 Droits de l’individu (cf. Liberté, 2, a; Esprit critique) : Montaigne, Essais («bréviaire d’individualisme»); Montesquieu, De l’esprit des lois; Voltaire, Traité sur la tolérance, Dictionnaire philosophique; Rousseau, Émile ou De l’éducation, Du contrat social; Diderot, Encyclopédie. 2 Exaltation de la singularité de l’individu : cf. Moi, Égotisme, Énergie, Bonheur. 3 Étude des conflits entre la collectivité et l’individu. a) Individu et État : Rousseau, Du contrat social; Tocqueville, De la démocratie en Amérique; Giraudoux, Électre; Anouilh, Antigone. b) Individu et disciplines collectives (cf. Anarchisme, Fascismes, Communisme, Solidarité, Responsabilité, Engagement) : Romains, Les Hommes de bonne volonté (XVIII, La Douceur de la vie; XX, Le Monde est ton aventure) ; Malraux, Les Conquérants, Le Temps du mépris, La Condition humaine, L’Espoir; Vailland, Drôle de jeu; Sartre, Les Mains sales. c) Individu et déterminisme social (cf. Conformisme, Hypocrisie, ‘Préjugés) : Diderot, Le Neveu de Rameau. Refus de ce déterminisme : cf. Révolte. 

Se dit de toute doctrine (économique, politique ou morale) qui place l’individu au sommet de l’échelle des valeurs.

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