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INCONSCIENCE / INCONSCIENT

INCONSCIENCE. « Etat de non-différenciation entre le sujet et l’objet » qui correspond à l’état primordial avec ses caractères de projection, abréaction des effets, identification à la conscience collective, limitation de la volonté. L’humanité comme l’enfant en émerge par un processus de différenciation. Au cours de celui-ci, les phénomènes d’inflation, de dissociation et de régression risquent de ramener le sujet à l’inconscience.

INCONSCIENT. Dans le cadre de la première topique, le système inconscient désigne l’ensemble dynamique des désirs, tendances, souvenirs refoulés qui, à la différence du système préconscient, ne peuvent accéder au champ actuel de la conscience. Ces contenus sont régis par les mécanismes du processus primaire (mobilité des investissements) ; ils ignorent le temps et la contradiction. Fortement investis, les souvenirs ou désirs refoulés cherchent à faire retour dans la conscience et dans l’action (retour du refoulé). Mais ils ne peuvent avoir accès à la conscience qu’après avoir été soumis aux déformations de la censure. Ce sont plus particulièrement les désirs de l’enfance qui restent refoulés dans l’inconscient. Dans le cadre de la deuxième topique, Freud a rebaptisé l’inconscient qu’il a appelé le Ça.

Partie du psychisme se trouvant en dehors du champ de la conscience. Le terme a été employé par différents auteurs des xviiie et xixe siècles. C. G. Carus (1789-1869), médecin et peintre, considère la psychologie comme l’étude de l’âme en tant qu’ascension de l’inconscient vers le conscient. Dans son œuvre, Le monde comme volonté et représentation, 1819, le philosophe allemand Schopenhauer a dénommé par le terme volonté la force aveugle des instincts qui commandent la vie, le monde, l’homme. En 1869, E. Von Hartmann publie sa Philosophie de l'inconscient où il étudie la vie affective instinctuelle, les traits caractériels, la destinée de l’homme comme élément échappant à notre conscience. Pierre Janet, psychologue français, reconnaît l’inconscient, mais le considère comme une activité automatique. C’est le grand mérite de Freud d’avoir repris la notion d’inconscient et de l’avoir incorporée à une doctrine dynamique du psychisme. Il est le domaine des désirs refoulés et des dynamismes archaïques. Chassées hors du champ de la conscience par une instance morale, ces forces se manifestent dans les lapsus, les actes manqués, les oublis, les rêves nocturnes et diurnes et les symptômes névrotiques. Adler reprend le thème de l’inconscient qu’il appelle aussi l’incompris. Le psychisme du névrosé, afin de pouvoir se diriger vers des buts surtendus, se voit obligé de recourir à des artifices. Un de ces artifices consiste à transférer le but, ou son équivalent dans l’inconscient. Le but final et ses modalités doivent rester incompris ou inconscients pour ne pas risquer de se trouver anéantis par leur contradiction manifeste avec la réalité.

Concept empirique qui ne définit pas des contenus, mais la position de contenus ou de processus psychiques par rapport au Moi conscient ainsi que la dynamique qui sous-tend leurs relations. L’inconscient pour Jung est, de ce fait, un processus. Dans une première perspective, énergétique, sont inconscients, « non seulement les contenus refoulés, mais aussi tous les matériaux psychiques qui n’ont pas atteint la valeur, l’intensité qui leur permettraient de franchir le seuil du conscient >. Par ailleurs, « il n’y a pas de contenu de la conscience qui ne soit inconscient à un autre point de vue » et qui ne puisse redevenir inconscient, la psyché étant une totalité « consciente-inconsciente ». Cette deuxième perspective, dynamique, met en évidence les rapports complexes existant entre conscient et inconscient, rapports régis par une autorégulation. Dans cette perspective dynamique se situe également l’organisation des contenus inconscients archétypiques et leur centrage par le Soi. Les rapports de l’inconscient au conscient sont décrits avec les notions de projection, d’autonomie et de compulsion. < Tout ce qui est inconscient est projeté ». Les manifestations de l’inconscient sont sans mesure ni égard pour la rationalité du cosmos et tendent à se répéter. Inversement, < les rapports du Moi à l’égard de l’inconscient et de ses contenus déclenchent une évolution, voire une métamorphose de la psyché >, notion clé du processus d’individuation. L’inconscient possède enfin une dynamique interne dont un des aspects est la formation des complexes à partir de noyaux archétypiques. Leur valeur énergétique, marquée par une forte accentuation affective, détermine le nombre et le choix des constellations spécifiques qui les accompagnent. Un autre aspect de cette dynamique interne est la tendance à la contamination des contenus entre eux qui « peuvent aisément prendre la place les uns des autres », si bien qu’en dépit de leurs manifestations multiformes, ils semblent constituer au fond une imité.

Jung distingue deux systèmes psychiques inconscients :

1. L’inconscient personnel : Il comprend tous les contenus subliminaux, soit par manque d’énergie, soit par refoulement plus ou moins intentionnel. On y reconnaît d’une part < des complexes qui devraient être associés au Moi » ; d’autre part, l’ombre et la fonction inférieure non différenciée. Le retour au conscient de ces éléments

(par exemple à la suite d’un traitement psychothérapique) est éprouvé comme un accroissement d’énergie. La guérison d’un bon nombre de névroses s’effectue de cette façon. L’inconscient personnel de Jung coïncide avec la notion d’inconscient chez Freud.

2. L’inconscient collectif : C’est un concept empirique et opérationnel créé par Jung lorsque son expérience psychiatrique lui apprit qu’on ne pouvait comprendre et soigner le psychisme uniquement sur la base de son histoire personnelle. « De nature collective, universelle et impersonnelle, identique chez tous les individus, cet inconscient collectif ne se développe pas individuellement ». Il est fait de < la somme des instincts et de leurs corrélatifs, les archétypes >. Ce deuxième système est dit objectif "parce qu’il est identique dans tous les individus et donc un", « condition ou base de la psyché en soi ». Il est relativement indépendant de l’espace et du temps, comme le suggèrent les phénomènes de synchronicité. C’est une notion qui permet une compréhension des phénomènes collectifs, les facteurs socioculturels ne pouvant être considérés comme la sommation pure et simple d’inconscients individuels. Par ailleurs, l’inconscient collectif constitue l’un des pôles de formation de l’individu. Il est important de ne pas en réduire les manifestations par une analyse à visée uniquement personnaliste car « l’intégration de l’inconscient collectif forme une part essentielle du processus d’individuation » en rétablissant la coopération du conscient avec ces « sources d’où jailliront les indications permettant de travailler à la solution du problème des contraires ». Toujours renaissant, l’inconscient collectif est à l’origine de toute créativité.

Désigne des actions analogues aux actions conscientes (c’est-à-dire qui paraissent intentionnelles, intelligentes) sauf que précisément elles ne sont pas conscientes. Sont dits conscients des faits psychologiques que nous connaissons directement par l’observation intérieure. On n’a pas assez remarqué que la notion inconscient ne saurait avoir toute sa signification et toute sa fécondité que dans une psychologie de l’action.

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