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IDÉALISME

IDÉALISME. n.m. En philosophie ce mot n’a pratiquement jamais le sens courant («qui tend vers un idéal», surtout moral). Il désigne diverses doctrines, très différentes, qui veulent tout ramener à la pensée, s’opposant au réalisme (attitude qui reconnaît l’existence réelle d’un monde indépendant des représentations de l’esprit humain). Les doctrines suivantes sont classées sous la rubrique «idéalisme». ♦ 1° L’idéalisme platonicien (réalisme des Idées). Le monde sensible n’existe qu’en participation au cosmos noêtos (monde intelligible), qui est le système harmonieux des Idées (au sens platonicien) sous l’idée du Bien, qui leur donne l’être et l’intelligibilité. ♦ 2° L’idéalisme immatérialiste de Berkeley. N’existent que des esprits et des idées («Esse est percipi aut percipere», «être, c’est être perçu ou percevoir»). ♦ 3° L’idéalisme critique (ou transcendantal) de Kant. Il existe des choses-en-soi, inconnaissables pour nous ; nous ne connaissons que leurs manifestations (les phénomènes). ♦ 4° L’idéalisme absolu de Hegel. Doctrine qui, par la dialectique, engendre le système complet des Idées formant le Savoir Absolu, véritable Réalité.

IDÉALISME

Désigne de façon générale la tendance philosophique qui ramène toute existence à la pensée - soit dans la réalité, soit dans la connaissance. S’applique dès lors à des doctrines très différentes.

♦ Chez Platon, l’existence séparée attribuée aux Idées relativement au monde matériel est également nommée « réalisme platonicien ».

♦ L’idéalisme de Berkeley, dans lequel le monde extérieur n’existe que par les perceptions et idées que nous en avons, est plus justement nommé immatérialisme.

♦ Kant nomme idéalisme transcendantal des phénomènes le fait que ces derniers constituent de simples représentations relatives à nos moyens de connaissance, et non des choses en soi. Il s’agit donc d’un idéalisme critique, qu’il oppose à l’idéalisme « empirique » (Descartes, Berkeley, Condillac) pour lequel l’existence des objets hors de notre pensée est soit douteuse, soit impossible (on notera toutefois que chez Descartes, cet idéalisme empirique n’est que temporaire et méthodique).

♦ La philosophie allemande du xixe siècle propose encore : l’idéalisme « subjectif » de Fichte, l’idéalisme magique de Novalis, l’idéalisme « objectif » de Schelling, avant l’affirmation, par Hegel, de l’idéalisme absolu, dans lequel l’idée assure son propre développement dialectique jusqu’à son assimilation à l’esprit absolu. Alternativement opposée au réalisme, à l’empirisme ou au matérialisme, la tendance idéaliste apparaît ainsi comme une constante dans l’histoire de la philosophie (cf. Hegel : « toute philosophie est essentiellement idéalisme ou a celui-ci comme principe »). On notera cependant que, pour la pensée contemporaine, le terme, sous l’influence de la critique marxiste, peut prendre un sens péjoratif pour désigner une conception sans doute généreuse ou ambitieuse, mais irréalisable ou utopique. En morale plus particulièrement, l’idéalisme signifie fréquemment une ignorance des conditions concrètes de la conduite.

idéalisme, attitude de celui qui vit pour un idéal. || Doctrine philosophique qui nie l'existence du monde extérieur et réduit celui-ci aux représentations que nous en avons. — Berkeley a énoncé le principe de l'idéalisme absolu : « Etre, c'est être perçu » (Esse est percipi). L'idéalisme constitue donc l'une des deux réponses possibles au problème de la nature et de la portée de notre connaissance : son attitude, apparemment paradoxale, selon laquelle nous ne connaissons que nos représentations, demeure, théoriquement, extrêmement difficile à réfuter. La célèbre « réfutation de l'idéalisme » par Kant se réfère simplement à l'expérience d'une « conscience empiriquement déterminée », à l'expérience d'un « choc », à un sentiment de la réalité. L'idéalisme a été soutenu par Platon (pour qui les notions qui nous permettent de penser le monde ne sont que pures relations intellectuelles, exprimant des « essences intelligibles »), par Kant (tout ce que nous connaissons du monde — intuitions et concepts — est un pur produit de l'esprit), par Fichte (dont la Théorie de la science [1794] se présente comme une « philosophie du moi » : idéalisme subjectif), par Schelling (idéalisme objectif : la Nature est identique à la Lumière), par Hegel (idéalisme absolu). L'idéalisme est une philosophie qui justifie toutes lès données de la conscience, une philosophie « explicative ». Mais, pour lui, l'homme réel reste en dehors de la philosophie : la philosophie moderne, extrêmement concrète et attachée à la vie, exprime des tendances nettement réalistes. L'idéalisme, qui est une théorie relative à la portée de notre connaissance, s'oppose au réalisme (selon lequel nous connaissons les choses telles qu'elles sont réellement en elles-mêmes); il ne faut pas le confondre avec le spiritualisme, qui est une théorie relative à la nature de l'être (par ex., Leibniz : la réalité des choses serait de nature spirituelle), lequel s'oppose au matérialisme (toute réalité, même l'esprit, est de nature matérielle).

IDÉATION

Formation et enchaînement par l’esprit des idées ou concepts.

IDÉE, IDÉES INNÉES

Le mot idée est employé couramment comme synonyme de conception, notion, représentation (l’idée de science, de justice). Au pluriel, désigne dans ce cas un ensemble, individuel ou collectif, de pensées ou d’opinions relatives à tel ou tel domaine (les idées morales de Rousseau, l’histoire des idées). Plus précisément :

♦ Chez Platon, essence ou forme intelligible, éternelle et immuable, dont participent les choses sensibles, et que l’âme aurait contemplée avant d’être incarnée. Le « monde des Idées » s’oppose ainsi au monde « d’en bas » ou matériel, et constitue la référence à laquelle doit s’attacher le philosophe. L’Idée suprême est celle du Bien, et c’est précisément parce que le philosophe y accède que la République lui confie la direction de la cité.

♦ Chez Kant, l’idée transcendantale renvoie à l’exercice de la raison pure énonçant un concept nécessaire, mais inconnaissable car sans objet empirique correspondant (par exemple, les idées cosmologiques).

♦ Chez Hegel, l’idée absolue désigne l’Absolu lui-même parvenu au terme de son parcours dialectique.

♦ En psychologie, l’idée désigne la notion que l’on construit à partir de l’expérience. On peut alors distinguer des idées générales, formées par abstraction et convenant à tous les objets d’une classe (l’idée d’arbre, d’oiseau...), des idées universelles qui sont élaborées intellectuellement par leur définition (notions mathématiques : l’idée de triangle).

♦ Descartes et les cartésiens parlent d’idées innées ; ce sont celles qui appartiennent à l’esprit de l’homme dès la naissance, et ne dépendent que de sa nature propre : étendue, substance, Dieu... Les philosophes empiristes en nient radicalement l’existence.

IDÉALISME

1. En morale et dans l’usage courant, idéalisme désigne l’attitude qui consiste à croire à un idéal, à faire confiance aux idées et aux sentiments pour changer le monde (on dit souvent que la jeunesse est idéaliste). S’emploie surtout sous forme adjective (un idéaliste, être idéaliste).

2. Comme nom donné à certaines doctrines philosophiques, idéalisme a un emploi très vaste et, par suite, multiple. D’une façon globale est idéaliste une doctrine qui affirme que la première réalité est la pensée. La matière est alors dépendante de la pensée. Le terme s’oppose donc à matérialisme pour lequel c’est, au contraire, la matière qui est première. Mais le mot idéalisme se trouve appliqué à des doctrines très différentes : - Certains idéalismes nient l’existence du réel matériel (ex. Berkeley, philosophe anglais [1685-1753] qui appelle sa philosophie « immatérialisme ». Pour lui le monde est réel mais sa réalité n’est pas la matière, c’est un système de relations entre Dieu et les esprits). - D’autres posent que le réel ne peut être connu directement (ex. Descartes [1596-1650]) ou qu’il ne peut être connu que dans les cadres imposés par l’esprit (ex. Kant [1724-1804]). - Enfin Hegel (1770-1831) nomme sa doctrine idéalisme absolu puisqu’il conçoit toute l’histoire comme le développement de l’idée(1). Selon Hegel, l’idée, ou l’Esprit ou la Raison, est une réalité suprême qui anime l’histoire universelle et se réalise dans les différents peuples.

(1). De Hegel, lire La Raison dans l'histoire, coll. 10-18, n° 235-236, chap. II, «La réalisation de l’Esprit dans l’histoire».

IDEALISME (n m.) Opposé à réalisme, matérialisme, souv. à empirisme. 1. — (Lato) Toute doctrine qui ramène en quelque façon l’existence à la pensée, à l’idée. 2. — (Sens vulg.) Attitude qui consiste à faire confiance à la pensée pour changer le monde ; souv. péj. 3. — Doctrine qui affirme la réalité des idées comme un ordre de l’Être indépendant et supérieur au sensible ; les idées peuvent exister dans un monde particulier (Platon), dans l’entendement divin (Malebranche), ou dans l’entendement individuel (Berkeley) ; le propre de l'idéalisme est de ne pas admettre que la réalité externe soit la cause de nos représentations, soit qu’il nie cette réalité externe (cf. immatérialisme), soit qu’il en nie l’indépendance par rapport à l’esprit (Kant), soit qu’il affirme que sa cause est l’idée (Platon). 4. — Idéalisme transcendantal : doctrine kantienne qui considère les phénomènes comme de simples représentations et non comme des choses en soi ; opposé au réalisme transcendantal qui fait des phénomènes des choses en soi, à l’idéalisme empirique (Berkeley) qui déclare l’existence des objets en dehors de nous soit douteuse, soit impossible, et à l'idéalisme problématique (Descartes) qui soutient que l’existence de l’esprit est la première certitude. 5. — Idéalisme subjectif : doctrine de Fichte où tout dérive du moi absolu se posant lui-même. 6. —Idéalisme objectif: nom donné par Schelling à sa doctrine. 7. — Idéalisme absolu ou dialectique : nom donné à la doctrine de Hegel, pour qui l’idée est le sujet et la substance de l’Être, l’existence n’en étant qu’un moment.




Idéalisme

De idéal. Sens courant (idéalisme moral) : attitude consistant à subordonner sa conduite à un idéal moral ou à des fins désintéressées. En métaphysique, par opposition au matérialisme : toute conception qui accorde aux idées une réalité indépendante de celle de la matière. Doctrine de Platon, en ce qu’il considère les Idées comme la vraie réalité. Idéalisme transcendantal : doctrine de Kant, selon laquelle il existe des choses en soi ou noumènes, mais dont nous ne pouvons rien savoir. Idéalisme absolu : doctrine de Hegel, d’après laquelle l’Être se confond avec l’idée, le réel avec le rationnel. • Contre l'idéalisme dogmatique, qui nie l'existence d'une quelconque réalité hors de nous, Kant défend un idéalisme transcendantal en vertu duquel les objets extérieurs (à notre conscience) existent en tant que phénomènes, c'est-à-dire en tant que simples représentations dans l'expérience.

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