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HOBBES Thomas (1588-1679)

HOBBES Thomas (1588-1679)
Fils de pasteur, Hobbes fit de brillantes études à Oxford. Il devint précepteur du futur comte de Devonshire, au service duquel il passa une grande partie de sa vie. De 1610 à 1636, il voyagea sur le continent, rencontrant Galilée, Mersenne, Gassendi, auprès desquels il développa sa philosophie matérialiste. Il voulut être le Galilée de la politique. C'est que, témoin de la guerre civile anglaise, il eut à cœur de favoriser l’instauration d'un pouvoir politique unique, fort et indépendant des Églises, capable de restaurer la paix civile. Exilé à partir de 1640 pour échapper aux révolutions, c'est à Paris qu'il rédigea ses principales œuvres politiques (Du citoyen, Léviathan) ; il revint en Angleterre en 1651, non sans susciter l'opposition des théologiens.
HOBBES (Thomas), philosophe anglais (Wesport, Malmesbury, 1588-Hardwich Hall 1679). C'est un matérialiste, qui nie l'existence de l'âme, déduit les idées et les connaissances à partir de la sensation. Sa morale utilitariste (développée dans les Eléments de la loi naturelle et politique, 1640, et dans le Léviathan, 1651) est célèbre pour avoir montré les origines du despotisme dans la disposition naturelle de l'homme à être « un loup pour l'homme » ; dans l'état de nature, « c'est la guerre de tous contre tous ». Il s'oppose ainsi à la « monarchie de droit divin » et fait reposer, non sans un certain cynisme, l'absolutisme sur un contrat par lequel les individus confèrent tous les droits à un seul souverain (monarque ou conseil). II sera combattu par les théoriciens du contrat (qui vise, en générai, à limiter les droits de la royauté), et en particulier par J.-J. Rousseau.
Hobbes, Thomas (Malmesbury, Wiltshire, 1588-Hardwick, Derbyshire, 1679); philosophe et théoricien politique anglais. Fils cadet d’un vicaire de campagne élevé par un oncle aisé, H. étudie à Oxford (1603-1608) où il apprend à mépriser la philosophie scolastique qu’on y enseigne. Il fait, en tant que précepteur du futur comte de Devonshire, des voyages en France et en Italie, ce qui lui donne l’occasion d’étudier la situation politique de ces pays et de se familiariser avec les nouveaux courants intellectuels qui se dessinent là-bas. Son activité en tant que disciple et ami de Francis Bacon, la poursuite de ses études classiques et de nouveaux voyages sur le continent européen au cours des années 1629-1630 et 1634-1637 constituent le cadre de cette période décisive pour son développement intellectuel. Sous l’influence du nouveau courant scientifique du XVIIe siècle et notamment des rapides progrès des mathématiques et de la physique, H., qui se détourne des études historiques pour s’orienter vers la philosophie, voit dans les mathématiques le modèle de toutes les recherches philosophiques, et cherche à découvrir des principes mécaniques susceptibles d’expliquer tous les phénomènes, considérant la matière comme devant être le seul objet de la philosophie. Toutefois, un fait révèle de manière significative l’intérêt prononcé que H. porte à la politique ; ayant regagné l’Angleterre en 1637, il ressent comme une provocation les attaques menées contre la prérogative royale et, faisant alors passer au second plan ses spéculations abstraites sur la matière et les principes qui la font se mouvoir, il compose ce qui sera la troisième partie (de loin la plus importante pour sa théorie de l’État) de son oeuvre politique principale. Développée dès 1640 dans ses manuscrits, contenue déjà pour l’essentiel dans son traité de 1642, De cive, et surtout dans le chef-d’oeuvre qui la résume tout entière, intitulé Léviathan (1651), la théorie politique de H. prend pour point de départ la nature de l’homme. Celui-ci est selon H. un être égoïste, fondamentalement déterminé par ses passions. L’état de nature qui existait avant la formation de communautés humaines était caractérisé par la lutte de tous contre tous. L’issue qui permet de sortir de cette anarchie complète est fournie par la raison, qui certes ne supprime pas les passions, mais les éduque et incite les hommes à établir entre eux un pacte dans l’intérêt de leur propre conservation, à brider leur égoïsme et à se soumettre à un souverain pour dompter leurs passions. Ce souverain, dont le rôle sera d’assurer la paix et qui peut être aussi bien une personne isolée (monarchie) qu’un groupe de personnes (aristocratie ou démocratie), n’est lié de son côté par aucune relation contractuelle aux membres de l’État ainsi formé, en sorte qu’ils ne peuvent aucunement le contester ou le combattre. Sa puissance est illimitée et s’étend sur toutes les questions temporelles et spirituelles, y compris celles qui concernent l’établissement du droit et la définition de la religion. Sa souveraineté n’est pas susceptible d’être partagée. Il est vrai que H. développe, dans un chapitre célèbre qui clôt le Léviathan, l’idée que le souverain n’est plus en droit d’exiger d’être obéi lorsque sa puissance s’est tellement effritée qu’il n’est plus capable de maintenir l’ordre et d’assurer la protection de la vie. Les membres de la communauté ont alors le droit de se soumettre à un nouveau souverain doté des mêmes droits illimités. Accueilli à la cour, en dépit de l’hostilité de l’Église, par le roi Charles II qui apprécie son esprit et son intelligence, H., dont le Léviathan est examiné en 1666 par un jury émanant de la Chambre des communes en vue de la préparation d’une loi condamnant l’athéisme et l’hérésie, ne peut obtenir l’autorisation de publication que pour une partie de ses écrits. Son Behemoth, un ouvrage important traitant des causes de la guerre civile anglaise, ne peut paraître que peu avant sa mort en 1679 dans une édition non autorisée par l’auteur ; l’écrit intitulé Dialogue entre un philosophe et un étudiant à propos de la « Common law » d’Angleterre, qui s’en prend à la théorie de Coke sur la « Constitution » anglaise, et les élégies publiées sous le titre Historia ecclesiastica, une critique des empiétements de l’Église sur le pouvoir temporel, ne sont édités qu’après sa mort. Avec sa doctrine de la souveraineté reposant sur les bases établies par Bodin, mais aménageant sur des points importants les idées du penseur français, H. occupe une place centrale dans l’histoire des idées politiques. Sa théorie politique proposant comme seule alternative à l’anarchie l’affirmation d’un pouvoir étatique illimité ne se comprend que par rapport à l’expérience de l’insécurité de sa propre époque, qui imprègne profondément sa pensée politique (guerre civile en Angleterre, troubles de la Fronde en France). Violemment attaqué de son vivant en raison de sa défense de l’absolutisme, de sa condamnation des ambitions politiques de l’Église et de sa théorie morale détachée de la religion, H. tombe ensuite dans l’oubli du fait du succès de Locke. Il est redécouvert au XIXe siècle sous l’influence du radicalisme philosophique britannique (James Stuart Mill, Jeremy Bentham et John Austin entre autres sont influencés par lui de manière décisive). Au XXe siècle, l’appréciation de ce penseur politique anglais est l’objet de violentes polémiques, beaucoup voyant en sa doctrine - à tort selon d’autres - la théorie même de l’État totalitaire contemporain. En fait, l’oeuvre politique de H., extrêmement riche, offre une vaste provision de concepts politiques où beaucoup de successeurs, à commencer par Rousseau, n’ont cessé de puiser.
Bibliographie : M. Malherbe, Thomas Hobbes ou l'oeuvre de la raison, 1984 ; R. Polin, Politique et philosophie chez Thomas Hobbes, 1953 ; F. Rangeon, Hobbes, État et droit, 1982.


HOBBES, Thomas (Wesport, Wiltshire, 1588-Hardwick Hall, 1679). Philosophe anglais. Il fut l'un des plus célèbres théoriciens du despotisme. Après des études à Oxford, il voyagea à travers l'Europe, rencontra Galilée en Italie et séjourna à Paris (1640-1651). Dans son oeuvre majeure, Leviathan (1651), Hobbes décrit l'homme comme un être naturellement mû par le désir et la crainte (« L'homme est un loup pour l'homme », c'est la « guerre de tous contre tous »). Ainsi, pour vivre en société, l'homme doit renoncer à ses droits naturels au profit d'un souverain absolu qui doit autoritairement assurer la cohésion sociale.

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