HISTOIRE (étymologie)
HISTOIRE, mot d'emprunt savant, vient, par le latin historia, du grec historia (recherche). Le mot a eu au Moyen Age la forme estorie. L'acte de naissance du mot est dans la première ligne du texte d'Hérodote d'Halicarnasse (484-425 av. J.-C.) qu'on a justement appelé le «père de l'histoire». Voici ce texte : «Hérodote de Thourios (variante : d'Halicarnasse) donne ici l'exposé de sa recherche. » Le mot est écrit historié (en ionien, langue d'Hérodote).
Mots de la famille : historien, historier, historique, historicité, historiographe, préhistoire, préhistorique.
HISTOIRE nom fém. — 1. Discours s’attachant, de la manière la plus objective qui soit, à rendre compte des principaux événements constituant le passé de l’humanité. 2. Récit relatant des événements réels ou fictifs.
ETYM. : du grec historia = « enquête », de histôr = « qui sait ».
Dans le premier sens, on fait d’ordinaire remonter l’histoire à ces deux grands textes de la culture grecque que sont l'Enquête (titre original : Historié) d’Hérodote et La Guerre du Péloponnèse de Thucydide.
En ce qui concerne la littérature française, si l’on excepte les textes les plus anciens qui, comme ceux de Grégoire de Tours, furent écrits en latin, les premières véritables œuvres historiques furent les Grandes Chroniques de France, traduites d’ailleurs du latin et évoquant le règne des premiers rois de France. Parmi les principaux textes médiévaux, il convient de citer Jean Froissart dont les Chroniques relatent la guerre de Cent Ans, Joinville, auteur d’une Histoire de Saint Louis, et Commines dont les œuvres évoquent notamment le règne de Louis XI. D’une manière générale, l’histoire médiévale se contente souvent de présenter au lecteur une série de faits à l’exactitude mal établie, mais dotés souvent d’une signification morale ou didactique.
Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que naisse une histoire qui s’apparente à celle que nous connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire qui articule les faits à l’analyse, ne se contentant pas de relater des événements, mais cherchant également à les intégrer dans un raisonnement qui les explique. Il faut citer ici Le Siècle de Louis XIV de Voltaire, mais plus encore Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains de Montesquieu. Dans cet ouvrage, l’auteur de L’Esprit des lois fait œuvre d’historien moderne : se fondant sur les faits et sur leur étude, il s’attache à élucider, en ayant recours au raisonnement, le mécanisme historique qui a mené Rome à sa grandeur, puis à sa chute.
C’est le XIXe siècle qui, cependant, a vu le véritable développement de l’histoire. Guizot {Histoire générale de la civilisation en Europe), Tocqueville {L’Ancien Régime et la Révolution), Quinet {Histoire de la Révolution) interrogèrent le passé des peuples pour y trouver des solutions aux problèmes politiques de leur temps. À la fin du siècle, l’histoire positiviste, avec notamment Fustel de Coulanges, se développa. Se dotant d’une méthode et procédant à un travail critique systématique sur les documents, elle se proposa de faire de l’histoire une science.
La figure qui cependant domine au XIXe siècle la discipline historique est celle de Michelet. L’œuvre qu’il laisse se caractérise non seulement par son volume, mais aussi par l’incontestable talent d’écrivain qu’elle manifeste et la force lyrique qui l’anime.
Nourri des idéaux romantiques, Michelet considère que l’historien a pour charge de ressusciter le passé, de donner la parole aux morts, d’arracher, en une entreprise quasi prométhéenne, au sphynx de l’histoire le mot de son énigme.
Au XXe siècle sont posés à nouveau les problèmes de la discipline historique. Les « nouveaux historiens » de l’Ecole des Annales (Braudel notamment à la suite de Bloch et de Febvre) remettent en question la conception étriquée de l’histoire événementielle. Pour répondre à sa mission, l’historien doit explorer les profondeurs de l’histoire et ne pas s’en tenir à cette mince surface que décrivaient autrefois les manuels de l’école primaire. L’histoire doit cesser de ne s’intéresser qu’au pouvoir et aux luttes de ceux qui le détiennent pour se consacrer à l’étude des mentalités, des structures économiques et du quotidien des hommes.
—> Historiographie
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