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Henri II Jasomirgott ; marquis puis duc d'Autriche [1141-1156, puis 1156-1177], duc de Bavière [1143-1156].

Henri II Jasomirgott ; marquis puis duc d'Autriche [1141-1156, puis 1156-1177], duc de Bavière [1143-1156]. Du premier mariage d'Agnès, la fille de l'empereur Henri IV, avec Frédéric Ier de Hohenstaufen sont issus le duc Frédéric II de Souabe et le roi Conrad III ; après avoir épousé en secondes noces le Babenberg Léopold le Saint, Agnès donne le jour au marquis Léopold IV [1136-1141, qui, depuis 1139, est en outre duc de Bavière], à H. (auquel on donnera le surnom de Jasomirgott = « Joch so mir Gott »), à l'évêque Otton de Freising, à Conrad, évêque de Passau puis archevêque de Salzbourg. Bénéficiant de l'aide de la famille alliée des Hohenstaufen, H. peut continuer l'oeuvre entreprise par les Babenberg depuis 976 dans la « marche de l'Est » (Ostmark, qui reçoit le nom d'Ôsterreich en 996, mais qui porte également le nom d'Austria depuis environ 1147); il couronne l'entreprise de sa famille en assurant à l'Autriche son indépendance à l'extérieur et son unité à l'intérieur. Il y a d'abord l'expérience, dirigée contre les Welfs de Saxe-Bavière, d'une réunion de la marche de l'Est et du duché de Bavière entre les mains des Babenberg ; mais cette expérience échoue, et H. ne peut la préserver en se rapprochant des Welfs par son mariage avec Gertrude, fille du roi Lothaire, veuve d'Henri le Superbe et mère d'Henri le Lion, car le mariage ne dure qu'un an, rompu par la mort de Gertrude (1143). En 1155, l'Empereur confirme la Bavière à Henri le Lion et H. doit s'incliner l'année suivante. En contrepartie, l'Autriche devient un duché, indépendant de la Bavière, aux termes du Privilegium minus, accordé en 1156 par l'empereur Frédéric Ier Barberousse et ainsi nommé par opposition au Privilegium majus, falsifié au milieu du xive siècle. Le privilège constitue l'Autriche en duché héréditaire, qui peut se transmettre même par les filles, qui ne relève d'aucune juridiction étrangère et qui n'a à fournir qu'un service limité à l'Empire. Pour cette raison précisément, les relations avec la Bavière et avec l'Empire ne sont pas encore exemptes de troubles ; les évêques de Freising et de Passau se plaignent de l'interprétation que leur frère fait de ses droits ; sa loyauté envers l'Empereur se réduit à une simple neutralité dans le combat contre l'Église. H. croit se protéger contre les Hongrois, après la sévère défaite qu'ils lui ont fait subir en 1146, en épousant en secondes noces une princesse byzantine, Theodora. Mais en 1175, un nouveau conflit militaire éclate avec la Hongrie, la Styrie est menacée par une nouvelle avancée en direction du Traungau (le pays d'au-delà de l'Enns ne deviendra autrichien que sous le règne du dernier Babenberg, Frédéric le Batailleur, 1230-1246), les expéditions dévastatrices que le duc lance en Bohême se heurtent à des forces supérieures. Malgré ces revers, H., par le rôle qu'il a joué en tant que souverain, justicier et chef de guerre, a su donner à son pays une cohésion que ne possède alors aucun territoire allemand ; par là, il crée des bases qui resteront valables sous les Habsbourg. C'est sous le règne d'H. que la résidence du souverain est transférée de Kahlenberg à Vienne, la seconde place revenant à Rastisbonne. C'est aussi sous son règne que, dans le domaine de l'art religieux (Saint-Etienne) comme dans celui de la littérature religieuse (Henri de Melk), commence à se dessiner l'empreinte que la cour des derniers Babenberg a laissée sur la civilisation courtoise et chevaleresque de l'Allemagne.

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