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HABITUDE

Du latin habitude, « manière d'être », « état ».

Manière d’agir ou d’être acquise par la répétition fréquente des mêmes actes, des mêmes faits.

• Pour l’empiriste David Hume, c'est l'habitude de voir certains phénomènes constamment unis (une brûlure et une sensation de douleur, par exemple) qui fonde notre adhésion au principe de causalité.

HABITUDE. n.f. (lat. habitude « forme extérieure », « état », « disposition »). ♦ 1° Manière d'être générale et permanente. Ce sens, plus usuel autrefois que de nos jours, se trouve, en particulier chez Aristote et chez Ravaisson dans sa thèse sur l'habitude. On le retrouve dans la formule : « la vertu est l'habitude du bien .» ♦ 2° En un sens voisin, façons de faire, en usage dans un milieu donné (les habitudes de la maison). ♦ 3° Comportement acquis. Il faut alors distinguer : a) L'accoutumance, l'adaptation biologique au froid, au chaud, à un climat, à un médicament. b) Le besoin acquis, l'asservissement à la boisson, à la drogue. c) Les acquisitions involontaires, et souvent inconscientes comme certains comportements sociaux, des tics de langage, des gestes automatiques. d) Des automatismes utiles acquis volontairement (conduire une voiture, dactylographier). e) Un style de vie personnel qui peut répondre soit à une nécessité, soit à un goût, par exemple l'habitude de se lever de bonne heure. Dans ce cas aussi, la volonté est à l'origine de l'habitude. f) L'accroissement des capacités, de l'efficacité, des talents obtenu par l'exercice, l'aisance acquise grâce à la pratique (habitude de parler en public, habitude du monde). — Maine de Biran (Influence de l'habitude sur la faculté de penser) a distingué : a) Les habitudes passives, qui se caractérisent par la diminution de la conscience et l'apparition progressive du besoin ; et les habitudes actives qui se caractérisent par la facilité acquise et la perfection croissante des actes accomplis. b) Les habitudes spéciales (exécuter tel morceau de musique, calculer mentalement) ; et les habitudes générales (déchiffrer de la musique, résoudre des problèmes). — L'habitude s'acquiert et s'enracine par la répétition. Mais un seul acte laisse en nous sa trace. C'est ce que nous disent deux dictons populaires : Une fois n’est pas coutume et Il n'y a que le premier pas qui coûte. L'habitude est une propriété spécifique des êtres vivants. En un sens, elle est libératrice : elle peut accroître considérablement nos possibilités et il est nécessaire à chacun de se constituer « un capital de bonnes habitudes » (W. James). Il est non moins vrai qu'elle peut aussi nous asservir et que, par elle, nous pouvons nous échapper à nous-mêmes.

habitude, disposition relativement stable née d’un exercice prolongé. Il existe des habitudes motrices, cognitives, sociales, etc., qui sont créées par la répétition régulière d’un événement. Cependant, la répétition n’est pas la seule condition de l’habitude. Pour que celle-ci s’établisse, il faut que l’organisme s’y prête, qu’il soit mûr pour la recevoir : un enfant ne peut apprendre à marcher ou à écrire que s’il a atteint un certain niveau de maturation. La fonction de l’habitude est économique : elle libère l’esprit des actes qui peuvent être automatisés (marcher, conduire un véhicule...). Elle présente pourtant un danger, celui d’appauvrir l’être humain, de le figer dans un réseau d’automatismes, de scléroser son esprit et son affectivité.

habitude, manière d'être acquise. — On insiste souvent sur le caractère passif de l'habitude, qui résulte simplement de la répétition de certains actes devenant peu à peu inconscients et mécaniques. En fait, il faut une coopération de l'individu : on ne s'habitue jamais complètement à une chose désagréable; en revanche, on s'habitue en une ou deux fois à une chose agréable. Les effets de l'habitude sont positifs : elle crée en nous l'automaticité des actes, c'est-à-dire une disposition à faire un travail déterminé avec moins d'effort et plus de réussite. On assimile souvent, à la suite d'Aristote, les habitudes à tout ce qui est acquis par la vie sociale (traditions, coutumes, institutions), que l'on oppose alors à la nature humaine (« l'habitude est une seconde nature »), qui se superpose à la première soit pour la contraindre (rigorisme moral, qui ramène les habitudes sociales à une maîtrise de nos désirs naturels), soit pour lui permettre de s'épanouir (la culture est une habitude qui féconde les semences naturelles de notre esprit). Le principe d'une vie sociale saine est de former des habitudes en harmonie avec les tendances de la nature humaine.

HABITUDE (n. f.) 1. — Disposition permanente, acquise, du vivant à un certain comportement, et telle qu’elle résulte d’un exercice répété : « Est dû à /'habitude ce que l’on fait pour l’avoir fait souvent » (Aristote) ; opposée à nature, instinct, inné : « La nature est le toujours, l'habitude est le plus souvent » (Aristote). 2. — On distingue les habitudes : a) physiologiques ou accoutumances : au bruit, à la lumière, au poison (mithridatisme) ; b) motrices : savoir-faire personnels et acquis (la technique du piano ou de la machine à écrire) ~ systèmes d’actions stéréotypées ; c) mentales : intellectuelles (le calcul mental) ; d) morales : les vices et les vertus. « La vertu morale est fille de bonnes habitudes [...] ; c’est à force de pratiquer la justice, la tempérance et le courage que nous devenons justes, tempérants et vertueux » (Aristote) ; e) sociales : schèmes de comportement variables selon les sociétés ; Syn. coutumes. 3. — Habitus : a) (Psycho.) Schème de comportement acquis, b) (Socio.) Pour Bourdieu et Passeron : « Systèmes et dispositions durables, [...] principe de génération et de structuration de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement réglées et régulières sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles. »




HABITUDE ♦ Au sens le plus large, mais strictement philosophique, c’est « la manière d’être générale et permanente, l’état d’une existence considérée soit dans l’ensemble de ses éléments, soit dans la succession de ses époques » (Ravaisson). ♦ Si elle est fidèle à l’étymologie (habitudo : manière d’être), cette acception est rare et le plus souvent supplantée par le sens psychologique : comportement stable, acquis par répétition ou apprentissage, qui tend à devenir automatique, c’est-à-dire à se dérouler en exigeant le minimum d’attention. On peut distinguer les habitudes acquises en quelque sorte inconsciemment (respirer, marcher, aussi bien que les usages élémentaires de la vie sociale) de celles qui nécessitent un entraînement contrôlé et volontaire (apprendre à jouer d’un instrument de musique), pour lesquelles il semble que doive s’effectuer d’abord une décomposition analytique du mouvement à acquérir, suivie d’une réorganisation synthétique. Dans la mesure où l’habitude mène à l’automatisme, on l’a volontiers considérée d’un point de vue mi-psychologique mi-moral, pour souligner par exemple qu’elle peut entraîner des erreurs en s’opposant à toute modification de la conduite, ou pour affirmer qu’« une âme complètement habituée est une âme morte » (Gide). D’un point de vue philosophique, les problèmes qu’elle pose plus sérieusement concernent la validité de sa restriction aux seuls corps vivants et ses rapports avec la mémoire.

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