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GOTHIQUE

GOTHIQUE D’abord employé - plutôt péjorativement -pour le Moyen Âge dans son ensemble, le mot désigne aujourd’hui le style architectural qui s’épanouit entre 1150 et 1500. Appliqué principalement aux édifices religieux (églises, dont les cathédrales, abbayes), il se caractérise par le recours à la croisée d’ogives, à l’arc-boutant et à l’arc brisé. Mise au point au cœur du domaine capétien - la basilique Saint-Denis, construite sur les ordres de l’abbé Suger, en est la première réalisation -, d’où elle gagnera toute l’Europe, l’église gothique ne repose plus sur les murs mais sur des arcs et des piliers. Outre qu’elle autorise l’évidement des murs pour faire place aux vitraux (donnant ainsi une place essentielle à la lumière), cette technique permet de bâtir de plus en plus haut : la clef de voûte de la cathédrale atteint plus de 22 mètres à Noyon, 33 mètres à Paris, 38 mètres à Reims, plus de 37 mètres à Chartres et à Bourges, 42 mètres à Amiens, 48,5 mètres à Beauvais, où la limite semble atteinte puisqu’une partie de la voûte s’écroulera en 1284. D’abord primitif puis classique, rayonnant au XIVe siècle et flamboyant au siècle suivant grâce à l’apparition d’éléments décoratifs nouveaux, le style gothique passera de mode quand la Renaissance imposera ses propres critères esthétiques.

GOTHIQUE nom masc. et adj. - Employé comme nom et comme adjectif pour désigner l’art du Moyen Age à partir du XIIe siècle.

ÉTYM. : dérivé de Goth, nom d’un peuple venu de l’Est. Le sens du mot a évolué en fonction de l’attitude d’ensemble vis-à-vis du Moyen Age. Au XVIIe siècle, époque où le Moyen Age est méprisé, le mot gothique a le sens de « peu civilisé », « barbare », sens en liaison avec son étymologie. Au XIXe siècle, après la réhabilitation du Moyen Age par les romantiques, le mot est pris en bonne part, mais dans une acception très large équivalant à « médiéval ». Les progrès de l’histoire de l’art vont amener ce sens à se restreindre pour ne correspondre qu’à la période qui se situe entre l’art roman (Xe-XIe siècles) et l’art de la Renaissance (XVIe siècle).

—> Roman gothique

GOTHIQUE ( roman) nom masc. - Genre romanesque propre à la littérature anglaise de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle et que l’on peut considérer comme à l’origine de la littérature fantastique et d’horreur. L’art gothique, c’est-à-dire l’art du Moyen Âge, fut redécouvert à travers l’Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. De nombreux artistes y cherchèrent une source d’inspiration, et parmi eux l’Anglais Horace Walpole (1717-1797) qui publia, en 1764, Le Château d’Otrante, un roman de terreur et de sang situé aux XIIe - Xllle siècles. Le roman gothique qui était né, sans toujours se situer au Moyen Age, avait souvent pour décor des châteaux hantés et effrayants. Il se caractérisait par le recours fréquent au surnaturel et surtout par un climat de mystère et d’horreur propre à déclencher la peur chez le lecteur. En ce sens, et par l’influence souvent importante qu’il a exercée sur des auteurs comme Hoffmann (Allemagne) ou Poe (Etats-Unis), le roman gothique peut être considéré comme l’ancêtre du roman fantastique. Le plus célèbre des romans gothiques - ne serait-ce que par le mythe à l’origine duquel il a été et les nombreuses illustrations cinématographiques dont il a été l’objet - est le Frankenstein (1818) de Mary Shelley. Pour leur importance sur la littérature française, il faut également citer deux autres ouvrages appartenant au genre : le Vathek (1787) de Beckford, écrit directement en français et redécouvert par Mallarmé ; Le Moine (1796) de Lewis, traduit en particulier par le poète Antonin Artaud. —> Roman


ARC-BOUTANT. Arc de pierre en quart de cercle lancé perpendiculairement à un mur et à l’extérieur de l’édifice pour contre-buter la poussée d’une voûte, notamment d’une voûte d’ogives. Les arcs-boutants permettaient de canaliser vers l’extérieur et le bas la poussée des voûtes. Leur utilisation a généralement entraîné la disparition des tribunes. L’arc-boutant est caractéristique des églises gothiques.


GOTHIQUE (Art). Nom volontairement péjoratif (art barbare semblable à celui des Goths) donné par les humanistes italiens de la Renaissance à l'art qui succède au roman. Ce style apparaît au cours du XIIe siècle pour atteindre son apogée au XIIIe siècle. On l'appelle aussi art français car il est né en Île-de-France, ou art ogival en raison d'une de ses caractéristiques qui est la voûte sur croisée d'ogives. Bien que parmi les grands édifices gothiques le premier en date ait été une abbatiale construite à Saint-Denis vers 1140 sous la direction de Suger, la plupart des cathédrales gothiques furent des édifices construits par les évêques des villes, les chantiers étant confiés à des corporations de maçons nouvellement affranchies. Les plus belles se trouvent en Île-de-France et dans les régions limitrophes - Sens, Noyon, Senlis, Laon, Reims, Beauvais Amiens, Bourges et Paris -, mais aussi au mont Saint-Michel et dans le sud-ouest où l'art gothique pénétra à la suite de la croisade des Albigeois. L'art gothique fut partout imité en Europe latine : cathédrale de Canterbury, de Lincoln, de Salisbury en Angleterre ; Prague, Magdebourg, Trêves, Cologne dans le Saint Empire ; Avila, Tolède, Leon et Burgos en Espagne, l'Italie étant toujours restée assez éloignée de l'esprit gothique (sauf à la fin du XIVe siècle). Voir Humanisme, Notre-Dame de Paris.

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