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FREUD : DANGER DE L'ILLUSION RELIGIEUSE

FREUD : DANGER DE L'ILLUSION RELIGIEUSE

La religion satisfait bien en nous le désir archaïque d'être protégé et aimé ; mais d'un point de vue psychanalytique, explique Freud, il apparaît qu'elle nous enferme dans l'illusion et l'infantilisme. On peut, on doit travailler à prendre conscience de la réalité, si dure qu'elle soit, pour l'affronter lucidement, en adulte. En ce sens, la religion, comme la névrose, est une fuite de la réalité.

« Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l’homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l’illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle. Oui, cela est vrai de l’homme à qui vous avez instillé dès l’enfance le doux — ou doux et amer—poison. Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d’aucune névrose n’a-t-il pas besoin d’ivresse pour étourdir celle-ci. Sans aucun doute l’homme alors se trouvera dans une situation difficile ; il sera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers ; il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soins d’une providence bénévole. Il se trouvera dans la même situation qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait : si bien et où il avait chaud. Mais le stade de l'infantilisme n’est-il pas destiné à être dépassé ? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans l'univers hostile. On peut appeler cela “l’éducation en vue de la réalité” ; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès ? »

FreudL'Avenir d'une illusion, P.U.F., p. 69-70.

ordre des idées

1) Exposé de la thèse d'un adversaire de Freud : une religion consolatrice serait nécessaire, parce que la réalité, sans cette protection, est source de souffrances intolérables.

2) Examen critique de cette thèse :

—sa vérité : elle est vraie pour l’homme empoisonné depuis l'enfance par la drogue religieuse, sorte de névrose, dont il a besoin pour supporter la réalité ; — ses limites : elle n'apparaît pas comme nécessairement vraie pour tous les hommes.

3) Condition de l'homme sans religion.

— Il a conscience de sa réelle faiblesse. — On peut le comparer à un enfant, lorsqu'il vient de quitter les parents qui, jusque là, le protégeaient.

4) Conséquence : le projet éducatif de Freud pour l'humanité à venir. Celle-ci doit apprendre à accepter sa condition, sa faiblesse objective, et à affronter la réalité sans le secours de l'illusion.

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