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Force du Moi (et faiblesse)

Le Moi représente l’instance du psychisme qui assure les fonctions de l'adaptation, de la transformation et de la défense. Dans les premières phases de son développement, lorsqu’il est encore infantile, la mise en œuvre qu’il ordonne du retrait d’investissement d’une représentation (refoulement) témoigne de la « faiblesse » qu’il ressent devant la « force » de l’excitation.

Cependant, la capacité qu’il a, d’émettre le signal du déplaisir (angoisse), de limiter la décharge, puis de la suspendre à l'épreuve de réalité, témoigne de sa force croissante. Le Moi fait preuve de force lorsqu’il est capable de remplacer le refoulement par le délai, l'ajustement, la sublimation, la transformation... La part prédominante de l’adaptation ou de la défense définit « l’économie » du fonctionnement subjectif. En fait, le Moi est un lieu d'investissements (il est investi et investisseur). A travers les identifications (primaire et secondaire), et pour autant que le contingent sublimé n’empêche pas la satisfaction appropriée et tempérée des pulsions (en place de l’automatisme de refoulement), le Moi assure sa « force ». Faiblesse et force du Moi sont ainsi des notions relatives, corrélatives et essentiellement descriptives.

1. On entend alors plus précisément par force du Moi, l’intégration harmonieuse - à son service, à celui de ses fonctions (secondairement autonomisées) et de ses buts - du contingent agressif des énergies (S. Nacht). La force du Moi est ainsi un cas de la fusion des instincts. La faiblesse du Moi caractérise, dans cette optique, la condition du Moi qui doit se défendre de ses propres instincts d’agression par le refoulement, mais aussi bien par l’annulation, l’isolation, le clivage, avec effet conjoint de déperdition énergétique et de fission dans la topologie subjective... La faiblesse du Moi repose ici sur la « défusion » des instincts (de Vie et de Mort).

2. Dans une autre référence, la « faiblesse du Moi » évoque les phénomènes de déformation ou de malformation de cette instance (S. Nacht), relevant d’échecs identificatoires, de défauts dans l’économie de l’investissement narcissique. Le problème pratique, dans cette ligne, est celui de l’attitude de « présence », de réparation, de post-éducation, qui doit précéder ou accompagner la psychanalyse de tels sujets, chez qui la dimension du défaut (Balint) prédomine sur celle du conflit, ou la double. Le défaut est généralement conçu comme un défaut d’apport. Plus rarement, il renvoie à un défaut constitutionnel (qui joue alors le rôle d’une frustration interne). Les notions de force et de faiblesse du Moi ont donné lieu à quelques querelles byzantines dans la psychanalyse contemporaine. Le but de la psychanalyse reste, cependant, de « renforcer » le Moi et d’étendre son empire conscient et volontaire. Le degré (relatif) de la force et de la cohésion du Moi, n’est pas alors un concept tout à fait inutile pour « apprécier » les chances d’une indication de cure, et au moins l’ampleur de sa tâche de « postéducation » (Freud).

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