feu
feu. Cet élément, ce phénomène que l’homme a su produire lui-même l’a toujours émerveillé. Il a été l’objet à l’origine de nombreux mythes. Son utilité pour la lutte contre le froid, pour la cuisson des aliments et pour le défrichement primitif des forêts l’a fait considérer comme un don de Dieu ou comme une divinité. «Source de lumière et de chaleur», le feu a été comparé au soleil. La difficulté qu’on avait à le produire forçait à conserver le feu allumé, d’où son importance dans le foyer domestique ou national. On lui rendait un culte dans un foyer sacré où l’on veillait à son entretien. Aussi bien le feu sacré des cités grecques, celui du temple du Vesta, sévèrement gardé par les vestales chez les Romains, celui du foyer domestique, consacré aux dieux familiaux, étaient des vestiges de cet ancien culte indo-européen, que l’on retrouve chez les Aryens avec Agni, le dieu du Feu, et chez les Germains, avec Wotan et Loki. Les anciens Perses étaient des adorateurs du feu, que le culte parsi perpétue de nos jours, tandis que les Égyptiens assimilaient le feu au soleil. En Chine, il existait un dieu du Feu dont les correspondances symboliques étaient la direction du sud, la saison de l’été et la couleur rouge. Au Japon, le feu est toujours un kami honoré et redouté, surtout dans son apparence volcanique. On pratique comme on le fait encore dans plusieurs régions du Pacifique et de l’Inde, l’ordalie du feu dans un souci de purification. Chez les Incas, le feu sacré était allumé par le grand prêtre et confié aux «vierges du soleil». Le principe igné était vénéré chez la plupart des peuples orientaux. Les juifs croyaient au feu miraculeux, soigneusement conservé sur l’autel des holocaustes; le buisson ardent n’évoque-t-il pas le feu divin? La notion de purification par le feu était fondamentale; l’Europe médiévale l’appliquait de diverses manières : les ordalies, ou «jugements de Dieu», les autodafés ou autres bûchers en ont été les témoignages. Tel était jadis le cas des feux de la Saint-Jean, dans lesquels on jetait des animaux considérés comme diaboliques. Aux XIe et XIIe s., on brûlait des os : c’étaient les «fudos», ou «feux d’os», dont l’épaisse fumée chassait les dragons de la peste. Le symbole du feu est universel, il est souvent considéré comme celui de l’âme On parle d’«étincelle divine». C’est pourquoi, dans l’iconographie bouddhique, une flamme sort parfois de la protubérance crânienne du Bouddha. Le feu garde toujours son symbole d’«ardeur», de foi et de prière (lampes de sanctuaire, flammes des cierges votifs). L’Église catholique bénit encore le «feu nouveau» (cierge pascal) lors des cérémonies du samedi saint. Dans les temples tibétains, d’innombrables lampes à beurre apportent leur hommage aux divinités.
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