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Pour être poète, suffit-il de se laisser emporter par son imagination et d'arriver, comme le dit Rimbaud, à l'inconnu, qui fait de lui un voleur de feu ?

Publié le 09/12/2021

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L'étymologie du verbe inspirer est à ce titre révélateur : in-spirare  : « souffler dans ». 1)      le poète comme intermédiaire entre dieu et les hommes Pour Platon, l'excellence poétique ne résulte pas d'un art (technè), mais d'un don divin (theia moira). Ainsi, dans Ion, Socrate défend l'idée d'un poète possédé par la Muse, qui ne serait que l'un des anneaux d'une chaîne qui relierait les hommes aux dieux avec  pour intermédiaire le poète mais aussi les rhapsodes ou les acteurs. « Il (le poète) n'est pas en état de composer avant de se sentir inspiré par le dieu, d'avoir perdu la raison et d'être dépossédé par l'intelligence qui est en lui. » 2)      la théorie des fureurs Au XVIème siècle, cette conception du poète inspiré est toujours omniprésente, notamment avec le mouvement néoplatonicien. On considère alors la création comme nécessitant un état de transe, de délire, un accès de fureur. Ronsard parle quant à lui d'un « ravissement de l'âme », le verbe ravir étant ici à entendre dans le sens d'enlèvement. Selon lui, la fureur, même si elle provient de l'amour ou du vin est à souhaiter pour le poète. En effet, il s'agit de s'éloigner de la prison du corps et d'élever son âme. « Mais quand du tout cette ardeur se retire, [...] Je ne suis rien qu'un corps mort et perclus.

« Introduction : Dans sa lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871, Rimbaud écrit : « Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.

Le poète se fait voyant parun long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.

[…] Donc le poète est vraiment voleur de feu.» Rapprochant le poète deProméthée, il en fait une figure prophétique sinon mythique.

Rimbaud affirme également dans un lettre à Georges Izambard : « Je mesuis reconnu poète.

Ce n'est pas du tout ma faute.

» Il s'agit alors de se demander si être poète résulte d'un état auquel l'hommes'abandonnerait ou plutôt d'un art au sens étymologique du terme, c‘est à dire d'un savoir faire.

I « C'est chose légère que le poète.

» : La figure du poète inspiré L'idée que le poète est un être inspiré a longtemps subsisté.

Le poète était alors considéré comme un instrument des dieux, ou d'uneforce surhumaine.

L'étymologie du verbe inspirer est à ce titre révélateur : in-spirare : « souffler dans ». 1) le poète comme intermédiaire entre dieu et les hommes Pour Platon, l'excellence poétique ne résulte pas d'un art ( technè ), mais d'un don divin ( theia moira ).

Ainsi, dans Ion, Socrate défend l'idée d'un poète possédé par la Muse, qui ne serait que l'un des anneaux d'une chaîne qui relierait les hommes aux dieux avec pourintermédiaire le poète mais aussi les rhapsodes ou les acteurs.

« Il (le poète) n'est pas en état de composer avant de se sentir inspirépar le dieu, d'avoir perdu la raison et d'être dépossédé par l'intelligence qui est en lui.

»2) la théorie des fureurs Au XVIème siècle, cette conception du poète inspiré est toujours omniprésente, notamment avec le mouvement néoplatonicien.

Onconsidère alors la création comme nécessitant un état de transe, de délire, un accès de fureur.

Ronsard parle quant à lui d'un« ravissement de l'âme », le verbe ravir étant ici à entendre dans le sens d'enlèvement.

Selon lui, la fureur, même si elle provient del'amour ou du vin est à souhaiter pour le poète.

En effet, il s'agit de s'éloigner de la prison du corps et d'élever son âme.

« Mais quand dutout cette ardeur se retire, […] Je ne suis rien qu'un corps mort et perclus.

»3) l'exaltation du moi Chez les romantiques, l'inspiration prévaut de nouveau aux dépends de l'idée de travail.

C'est dans l'exaltation du moi et l'épanchementlyrique que le poète romantique conçoit l'inspiration poétique.

Ainsi Lamartine mais aussi Musset s'adressent-ils à la muse.

Lamartinecompare même le cœur du poète à une lyre dans sa préface des méditations poétiques.

Quant à Musset, il affirme que « les chantsdésespérés sont les chants les plus beaux » établissant un lien entre le ressenti du poète et la beauté esthétique du poème.

Pour Musset,le jeune dandy, la poésie est œuvre de sensibilité.

Edmond d'Alton shée le décrit dans ses mémoires : « dessinant une caricature,composant un sonnet, écoutant la musique avec délices, jouant des charades improvisées, ayant horreur (…) de la politique et des sujetssérieux.

» Ce n'est donc pas l'image du poète remaniant sans cesse ses vers jusqu'à la perfection.

La poésie peut donc naître, sinon d'une inspiration divine, du moins d'une sensibilité exacerbée.

Cependant de nombreux poètes se sontopposés à cette conception d'une poésie « facile » qui ferait du poète un simple instrument d'une quelconque muse.

II « L'Art poétique » Le vieil adage latin nascuntur poetae, fiunt oratores : « on naît poète, on devient orateur » ne semble pas rendre compte de la condition de poète.1) cent fois sur le métier remettez votre ouvrage En 1674, dans son Art Poétique , Boileau défend l'idée d'un véritable travail du poète, prônant de polir et de repolir sans cesse le poème, conseillant même : « ajoutez quelquefois, et souvent effacez ».

Le travail de Ponge qui choisit de présenter ses brouillons au lecteur dansla Fabrique du pré par exemple, montrant ainsi l'écriture en train de s'écrire, participe de la même volonté de mettre en évidence le travail du poète.2) La muse c'est l'auteur En fait si l'on conçoit l'auteur du poème comme nécessairement inspiré, c'est qu'à la lecture du poème on reconstitue « comme cause dece discours, un auteur tel qu'il lui soit possible de parler ainsi - c'est-à-dire un auteur impossible.

» Pour Paul Valery, la notion d'inspirationnaît de la réception du poème.

C'est le lecteur qui, incapable de restituer tout le processus de création poétique a recours à la Muse.

« Lesdieux gracieusement nous donnent pour rien tel premier vers ; mais c'est à nous de façonner le second.

» Au sujet d'Adonis Deux conceptions s'affrontent donc.

Celle du poète inspiré, et celle d'un poète créateur et travaillant sans cesse à l'élaboration de sonœuvre.

III Le poète « voleur de feu » 1) Le poète voyant à la recherche d'inconnus « Les inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles » écrit Rimbaud.

Le poète doit non seulement se faire « voyant », c'est-à-direrévéler des vérités nouvelles mais doit inventer, pour dire ces vérités, une langue nouvelle.

« Une langue parfaite (…) qui serait de l'âme àl'âme ».

Il n'est donc pas question d'attendre passivement le don de l'inspiration.

On peut citer en exemple quelques vers du poème« Aube » de Rimbaud extrait des Illuminations : « La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais / et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée, je reconnus la déesse.

» Cettevision originale de l'aube et le détournement de la langue quotidienne avec la fleur qui dit son nom, le « wasserfall » (chute d'eau) qui« s'échevela » témoignent du souci de Rimbaud de créer une véritable langue poétique.

Notons chez Rimbaud une véritable admirationpour Baudelaire, qui est pour lui « le premier des voyants » ou encore « le roi des poètes ».

Baudelaire dans ses Fleurs du Mal s'était fait alchimiste et du laid avait su faire du Beau.

« Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or.

»2) Le poète-mage Mais, si le poète doit « épuiser en lui tous les poisons » pour se faire prophète face à la multitude.

C'est la conviction d'un poète commeHugo par exemple qui se fait la voix du peuple.

Car si le poète n'est pas la voix de la muse, il doit être la voix de l'homme, de l'humanitéen général.

Hugo va même jusqu'à affirmer : « Insensé qui crois que je ne suis pas toi ! » Au vingtième siècle, les dadaïstes vont plusloin, et proposent à tout un chacun de se faire poète : « Pour faire un poème dadaïste ».

Tzara indique ainsi au lecteur comment à partird'un simple article de journal faire un poème qui « vous ressemblera ».

La poésie devient alors accessible à tous, du moins en apparence.

En conclusion, nous dirons comme Horace que « l'effort sans une veine fertile » ne pourrait pas plus que « le génie sans culture ».

Lepoète est un être de génie dont la création est parfois laborieuse.

Il ne s'agit pas de nier la nature exceptionnelle du poète, pas plus qu'ilne s'agit de nier son travail.

Cependant, il doit révéler aux hommes des vérités inconnues et leur donner l'occasion de garder les yeuxouverts comme Nadja, l'héroïne d'André Breton : « J'ai vu ses yeux de fougère s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'aile del'espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeuxse fermer ». »

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