EXTASE

EXTASE, n.f. (gr. ekstasis «action de se poser hors de»). ♦ 1° État de l'esprit qui sort de sa condition normale, soit pour se trouver dans une situation intérieure de délire et d'égarement, soit, et c'est le sens retenu habituellement, parce qu'il est transporté et ravi par un objet de contemplation admirable et qui le comble de bonheur. Plotin a parlé de l'extase qui pourrait être la situation normale de l'intelligence, tirée hors de soi, unie à son principe, concentrée sur l'Un qui est supra-intellectuel. — Le type de l'extase est l'état mystique dans lequel le sujet jouit d'une révélation surnaturelle. Il devient alors étranger au monde, il n'a plus ses perceptions habituelles, on ne peut plus communiquer avec lui, il est immobile, possédé par une représentation qui lui est personnelle. L’état mystique authentique est passager, et, bien loin d’altérer l’aptitude au raisonnement et à l’action il les renforce, comme Bergson l’a remarqué dans les Deux Sources de la morale et de la religion. — On a observé des états pathologiques qui présentent les mêmes caractères extérieurs que l’extase mystique. Pierre Janet les a étudiés. ♦ 2° Au sens métaphorique, on parle d’extase pour désigner un état d’admiration intense. ♦ 3° Les phénoménologues ont donné au mot, généralement écrit ek-stase, un sens particulier.

extase (gr. ekstasis, action d'être hors de soi), mouvement par lequel notre esprit semble sortir de nous-même et participer à une réalité supérieure et universelle (Dieu, la nature ou l'histoire). — Les néo-platoniciens (en particulier Plotin) y voyaient l'acte par quoi l'âme s'anéantit en Dieu. On distingue toutefois l'extase positive (selon laquelle l'âme se réalise et s'épanouit en Dieu, ou dans la nature...) et l'extase négative (selon laquelle l'âme s'anéantit en Dieu). La théologie distingue l'extase naturelle, l'extase diabolique et l'extase divine, reconnaissables respectivement à la lassitude, au désordre et à la joie qui les accompagnent. La psycho-physiologie ramène à un seul les trois cas ci-dessus et limite son domaine à l'analyse du comportement extatique : fixité du regard contrastant avec un état général d'exaltation intense, « inaccessibilité » du sujet aux autres êtres et, d'une façon générale, au monde extérieur. La philosophie moderne, et en particulier l'existentialisme, ont repris le terme d'« extase » en un sens nouveau : l'extase ne consiste plus à sortir hors de l'existence (extase «évasive»); elle s'identifie à l'acte même de l'existence (du lat. ex-sistere, sortir de soi), qui consiste à se manifester en dehors et, en général, à agir, à sortir de son être, mais précisément pour faire quelque chose de nouveau (extase « fondative », dans la mesure où elle désigne un caractère fondamental de l'existence humaine).