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EXISTENTIALISME

EXISTENTIALISME. n.m. Il est difficile d’employer ce terme avec rigueur. ♦ 1° Au sens large, c'est une manière de philosopher d’une façon concrète, en partant des problèmes qui se posent à l'homme et non en essayant de construire des théories abstraites et un système général de l'univers. En ce sens large, on a pu parler de l'existentialisme de saint Augustin, de Pascal ou de Nietzsche. Ce souci de l’homme, la prise de conscience qu’il est là, engagé dans l’existence se trouve chez beaucoup de philosophes modernes, Kierkegaard, Jaspers, Heidegger, Berdiaeff entre autres. C’est à cette attitude que convient le jugement de Gilson: «Pour la première fois, depuis longtemps, la philosophie se décide à parler de choses sérieuses» (l’Etre et l’Essence). Si l’existentialisme affirme la primauté de l’existence, il n’en résulte pas obligatoirement qu’il nie les essences ou natures. La prise en considération de celles-ci est une condition d’intelligibilité. ♦ 2° L’existentialisme de Sartre, de Simone de Beauvoir a pour principe que l’existence précède l’essence. Il n’y a pas d’essences, parce qu’il n’y a pas de Dieu pour les concevoir. Il faut donc partir d’une absence de sens fondamentale, de l’absurdité. L’homme est, d’abord. Ensuite, il est ceci ou cela. Il décide de ce qu’il sera par un choix absolument libre et angoissant, parce qu’il s’effectue dans le vide métaphysique, la liberté étant «le fondement sans fondement de toutes nos valeurs». La vie n’a d’autre sens que celui que nous avons choisi de lui donner. — La négation des essences conduit donc à un renouvellement des attitudes morales. S’il n’y a ni normes universelles de conduite, ni une nature à réaliser en soi, ni une finalité de l’existence humaine, il appartient à chacun d’inventer sa conduite et d’en choisir l’idéal, ce qui n’exclut ni noblesse, ni courage, ni grandeùr, comme on peut le voir par exemple dans les œuvres de Camus.
EXISTENTIALISME
Toute doctrine admettant, par opposition aux philosophies du concept dont le système hégélien est le modèle, l’existence comme centre de sa réflexion. Dans ce sens large, c’est Kierkegaard* qui est l’initiateur de ce courant dans la philosophie moderne (même si l’on peut en trouver l’origine chez Pascal), par son insistance sur la subjectivité.
♦ On a pris l’habitude de distinguer un existentialisme chrétien (Berdiaev, G. Marcel ou Jaspers) d’un existentialisme athée (Heidegger - bien qu’il se dise plus volontiers philosophe de l’Être -, Sartre, Merleau-Ponty, S. de Beauvoir...). Si l’on admet que le point de départ de toute réflexion existentialiste concerne la signification d’une existence humaine libre et dépourvue de nécessité comme de normes, il n’est pas sûr que l’idée d’un existentialisme « chrétien » soit cohérente, puisque y demeure un rapport fondamental - même s’il est problématique - entre la réalité humaine et la transcendance divine.
♦ Après la Seconde Guerre mondiale - et notamment en France - l’existentialisme connut un étonnant succès dans sa version sartrienne, en raison de la convergence apparente entre certaines analyses de L’Etre et le Néant (angoisse, néantisation, importance du regard d’autrui, etc.) ou leur version littéraire (« L’enfer, c’est les autres ») et le malaise de générations sortant d’un conflit mondial. Cette mode constitua une vulgarisation sans doute jamais vue d’un système philosophique, mais au prix de confusions et d’une occultation de ce qu’il y avait de plus sérieux dans le système.

existentialisme, doctrine philosophique qui a pour objet l'existence de l'homme prise dans sa réalité concrète, et au niveau de l'individu engagé dans la société. — Cet « angle de prise de vues » est donc diamétralement opposé à celui de la philosophie cartésienne et, en général, de tous les systèmes rationalistes : c'est une réaction de la philosophie de l'homme contre les philosophies de la raison et des idées. Loin de constituer un « être » donné au départ et doué de raison, l'homme n'est d'abord que néant, et le fait même d'exister est « absurde », c'est-à-dire dénué de toute signification. En un mot, l'homme existe avant d'être (ce qu'exprime la célèbre formule de Sartre : « L'existence précède l'essence. ») C'est donc l'homme lui-même qui doit donner à sa propre vie un sens et devenir dans sa vie un être raisonnable ; l'homme n'est que ce qu'il fait de lui-même. En d'autres termes : être, c'est se choisir par un libre engagement. Au surplus, il ne saurait être question de refuser cette liberté, car elle est « liberté absolue » : l'homme est condamné à être libre. D'où l'angoisse métaphysique par laquelle il ressent, à la fois, le néant d'où il sort et pressent l'incertitude du choix qui le fera accéder à l'être. Historiquement, le terme d'« existentialisme » a été créé par Heidegger, en 1927, dans l'Etre et le Temps, et repris par Jaspers dans Philosophie de l'existence (1938). En France, les principaux représentants de cette doctrine sont Gabriel Marcel, Merleau-Ponty et surtout J.-P. Sartre. On distingue communément deux courants dans la philosophie existentialiste; l'existentialisme chrétien (Jaspers, Gabriel Marcel) et l'existentialisme athée (Sartre, Camus). En fait, cette distinction reste assez superficielle et n'enveloppe pas toutes les formes d'existentialisme. Il est plus exact de distinguer la philosophie existentielle, qui s'attache à comprendre la vie concrète de l'homme dans le monde et dans l'histoire, à décrire ses « attitudes fondamentales » — Jaspers, Merleau-Ponty —, et la philosophie existentiale, qui s'attache à comprendre l'Etre de l'homme, la réalité ontologique du Dasein (« être là ») — Heidegger et Sartre dans l'Etre et le Néant; la première est une description empirique de l'existence, la seconde une métaphysique qui cherche sa signification fondamentale.


existentialiste, partisan de l'existentialisme. — Notons, sur le plan linguistique, que le mot a désigné pour l'homme de la rue, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des jeunes gens à la mise négligée, qui affichaient un certain dégoût de vivre, dans les cafés du quartier Saint-Germain-des-Prés. N'a-t-on pas, en d'autres temps — et par un même abus de langage sans doute —, traité d'épicuriens des hommes désœuvrés ou débauchés, qui n'avaient pas davantage de points communs avec le sage Epicure ? Ce nouveau glissement de sens permet tout au moins de mesurer la puissance de pénétration, même au niveau du grand public, d'un mode de pensée né au siècle précédent dans les pays germaniques, et auquel l'esprit d'universalité de certains Français contemporains (un J.-P. Sartre en particulier) a valu une audience sans précédent dans l'histoire de la philosophie.


Expérience Du latin experientia, « essai », « épreuve » (de experiri, « essayer »). - Sens courant (expérience vécue) : instruction acquise par une longue pratique des choses (exemple : l’expérience des affaires). - Connaissance acquise par les données ou impressions des sens. - En science, observation méthodique et réfléchie de certains phénomènes, en vue de vérifier une hypothèse (synonyme : expérimentation). • Conçue par Francis Bacon (1561-1626), l'expérience cruciale est une expérience dont le protocole permet de trancher entre deux théories rivales. • Les empiristes (Locke, Hume) tiennent l'expérience pour la source de toutes nos connaissances. • Cependant, écrit Kant, « si toute notre connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute DE l'expérience ». Pour lui, en effet, toute connaissance contient des éléments a priori (produits par notre propre « pouvoir de connaître »), comme les formes de la sensibilité, les catégories et les principes.

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