EUTHANASIE

EUTHANASIE, n.f. (gr. eu «bien» et thanatos «mort»). Le Dictionnaire de Trévoux définit l'euthanasie comme «la mort heureuse». Tout le problème est donc de savoir comment on rend possible une mort heureuse. S'agit-il d'entourer le malade, de le soutenir moralement et affectivement, d'atténuer ses souffrances par une médication appropriée, tout en maintenant sa conscience et sa lucidité ? S'agit-il de prendre l'initiative d'abréger la vie de quelqu'un qui souffre, qui peut, parfois, demander la mort ? S'agit-il de mettre fin volontairement et sans souffrances à la vie de personnes jugées charges inutiles pour la société (tarés, incurables, personnes très âgées) ? — On mesure l'importance des problèmes moraux qui se posent à ce sujet. L'homme a-t-il un droit sur la vie d'autrui ? Les intérêts de la société sont-ils supérieurs à ceux des individus ? La personne humaine n'est-elle pas une valeur absolue ? Une vie humaine, même douloureuse, n'a-t-elle ni sens ni prix ?

euthanasie (gr. eu, bien, et thanatos, mort), méthode admise par certaines philosophies ou religions pour abréger, dans une mort sans souffrance, une agonie ou une maladie sans espoir. — Cette « mort heureuse » était même préconisée, à l'échelon social, par Platon dans sa République .- « Quant aux citoyens qui ne sont pas sains de corps, on les laissera mourir. » Les Temps modernes sont moins cyniques, ou plus circonspects; par contre, le philosophe anglais Francis Bacon, qui d'ailleurs créa le terme d'« euthanasie », n'a pas hésité à se faire le champion de l'adoucissement agonique. De nos jours, la conscience hésite : un homme a-t-il le droit d'attenter à la vie d'autrui, même s'il le juge charitable, même si la victime le lui demande explicitement? II y a là conflit de devoirs : devoir de pitié, ou devoir de piété? « Dieu seul est maître de vie ou de mort », écrit, au XVIe siècle, le médecin Ambroise Paré, définissant le point de vue immuable de la Foi. Celui de la Loi, jusqu'à ce jour du moins, va dans le même sens : parmi beaucoup d'autres, les Parlements français, allemand, anglais et américain ont condamné l'euthanasie.