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« Est beau l’objet d’une satisfaction désintéressée » - Kant

Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n’avons pas le souci de l’utilité (celui qui va en mer dans le seul but de pêcher, qui porte sur elle un regard de technicien, n’éprouvera pas de plaisir esthétique), de l’agréable (celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve une satisfaction charnelle qui est d’un autre ordre que la satisfaction esthétique), du bien (celui qui apprécie une œuvre engagée en raison de son caractère moral, éprouve une satisfaction morale voire politique qui n’est pas esthétique). Le beau n’est ni l’agréable, ni le Bien. Certes une satisfaction peut être morale et esthétique, les deux ne s’excluent pas mais en tant qu’esthétique, elle n’est pas morale. De même, Le jeune homme ou la jeune fille qui ne se lasse pas d’écouter le dernier « tube  » de l’été parce que celui-ci est associé à des moments forts sur le plan affectif (amour de vacances) n’éprouve évidemment pas une émotion de type esthétique. Car il s’agit simplement d’art d’assouvissement, c’est-à-dire d’art apaisant des besoins affectifs (op)pressants.

En effet, soutenir l'existence du beau comporte une exigence fondamentale : le caractère essentiel de la beauté est qu'elle ne se laisse pas enfermer dans une utilité déterminée. Elle est à la fois pleinement libre et ne vise pas à satisfaire l'intérêt personnel et le plaisir d'un individu. Lorsque je contemple la beauté d'une œuvre d'art ou d'une demoiselle, je ne la contemple pas pour ce qu'elle m'apporte, mais pour elle-même. L'agréable quant à lui, procède de l'intérêt que je retire. Il est lié à la notion de plaisir immédiat et donc n'est en aucun cas désintéressé.

Par conséquent, le plaisir esthétique est le seul plaisir libre. Il n’est pas l’effet de la raison (# esthétique classique), ni d’un besoin du corps. Libre parce que désintéressé.

Le jugement qui en découle est alors désintéressé car il ne concerne plus mon être dans ce qu’il a de singulier mais mon être dans ce qu’il a d’universel. En d’autres termes, le jugement porte sur une réalité, la forme de l’œuvre, qui n’affecte pas directement et exclusivement ma sensibilité corporelle avec l’agrément personnel que j’en attends mais l’esprit dans ce qu’il a d’universel et d’impersonnel et qui dès lors est en capacité de porter un jugement en toute indépendance, c’est-à-dire sans rapport avec un intérêt personnel quelconque. En conséquence, mon jugement sera universel ou plus précisément je serai en droit d’exiger d’autrui qu’il prononce le même jugement que moi lorsque j’affirme que telle forme est belle.

Les œuvres d’art, objets d’une contemplation désintéressée, nous délivrent du désir. Cette première définition peut être opposée à toutes les esthétiques naturalistes qui définissent la beauté par l’utile ou par un intérêt, un plaisir purement subjectif (« ça me plait » # « c’est beau ».)

// «  Dès qu'une chose devient utile, elle cesse d'être belle  », écrit Théophile Gautier dans la préface à ses « Poésies Complètes ». L'art est inutile et gratuit, il ne vise pas d'autre finalité que lui-même. Théorie de l'art pour l'art

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