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ESSENCE

ESSENCE, n.f. (lat. essentia, trad. du gr. ousia «ce qui est»). Ce que l’intelligence pense à propos d’une chose quand elle veut saisir ce qu’exprime sa nature, ce qui fait qu’elle est ce qu’elle est. «La pensée sans contamination, sans mélange du fait et de l’essence, requiert pour fondement sous-jacent la vision des essences». ♦ 1° Métaphysique, a) Essence s’oppose à accident. L’essence exprime le général, l’accident exprime l’individuel. Il y a une essence de tout ce qui se définit correctement : une essence de chaque genre, une essence de chaque espèce. Pourtant, la philosophie scolastique admet des «essences individuelles». Mais celles-ci ne sont connues que par intuition. Je connais mon frère Jacques, mon chien Médor parce que je vis avec eux, je les perçois. Le réel est individuel. Les «essences secondes» ou idées sont des abstractions qui n’existent que dans l’esprit. On peut accorder une réalité à ce qui n’existe que dans l’esprit. Platon a conçu comme réel un monde des idées correspondant au type idéal des choses. Max Scheler et Hartmann ont conçu une réalité des valeurs. L. Lavelle oppose notre nature, ce que chacun de nous est en fait et provisoirement, à son essence, «le meilleur parti que nous puissions tirer de notre nature» (Traité des Valeurs), b) Toujours en métaphysique, essence s’oppose aussi à existence. Un être conçu peut ne pas exister en fait. L’essence est l’être conçu. L’existence est le fait d’être. L’essence est «un pur possible» (E. Gilson, l’Être et l’Essence). Est-il possible dans certains cas de déduire l’existence de l’essence ou de concevoir l’existence dans l’essence ? Ce grand problème métaphysique se pose à propos de Dieu. ♦ 2° Biologie végétale. On appelle «essence» différentes espèces d’arbres. C’est l’idée de ce qui définit chacune. ♦ 3° Chimie. L’essence est le produit d’une distillation qui dégage le plus pur d’un produit et ses propriétés caractéristiques. Ex. : en parfumerie, l’essence de lavande. Les philosophes nominalistes ont nié la réalité de l’essence. Seul le mot est général et, par son intermédiaire, nous ne pensons que des objets particuliers. L’adjectif «essentiel» tire son sens de la conception de l’essence. C’est ce qui constitue et caractérise une pensée, une démarche, une entreprise, ce qui permet de l’identifier.
ESSENCE, ESSENTIALISME, ESSENTIEL
En métaphysique, l’essence, par opposition aux accidents, constitue le fond de la chose et la rend telle qu’elle est. L’essence se distingue ainsi du fait d’être là, c’est-à-dire de l’existence. La détermination logique du contenu des essences a entraîné dans la scolastique la Querelle des Universaux. Pour l’existentialisme, l’essence de l’homme est son existence même. Opposé à cette doctrine, l’essentialisme est une philosophie du concept qui accorde à l’essence la primauté sur l’existence dont elle fait abstraction. Il caractérise notamment la pensée de Spinoza et de Hegel. Le mot essentiel qualifie originellement ce qui appartient à l’essence. Par extension : ce qui est important ou indispensable.
essence, nature propre d'une chose; ensemble de ses caractères constitutifs. — La notion d'essence s'oppose, en un premier sens, à celle d'« accident » : c'est ce qui constitue le fond d'une réalité, le caractère essentiel d'une chose. On dit, par exemple, que la justice est par essence rigoureuse, c'est-à-dire « par définition ». Si elle était charitable, ce ne serait plus la simple justice. En un second sens, l'essence (la nature ou les caractères d'un être) s'oppose à I' « existence » (le fait d'être). Cette dernière opposition, qui se réfère à saint Thomas, et à la distinction qu'il avait établie entre la « métaphysique », qui étudie les caractères ou la nature du monde et de Dieu, et l'« ontologie », qui étudie le fait de l'existence, est extrêmement courante dans la philosophie existentialiste : celle-ci oppose l'essence de l'homme, l'idée que nous pouvons avoir de nous-même, à son existence, qui se réduit à la libre initiative de la liberté. Lorsque Sartre écrit que, pour l'homme, « l'existence précède l'essence », il souligne que la vie humaine n'est pas déterminée d'avance, mais qu'elle se crée perpétuellement au fur et à mesure de nos libres décisions volontaires.
ESSENCE 1. Ce qui est nécessaire à la définition d’une chose, ce qu’est la chose par opposition à ce qui lui arrive — donc par opposition aux accidents. (L‘essence c'est la nature d'une chose, ce qui la constitue de façon profonde et invariable.) 2. Opposée à existence, l’essence désigne ce qui définit une chose ou un être de façon intemporelle et universelle par opposition au fait d'exister réellement et individuellement (pour la religion, schématiquement, Dieu a pensé une essence de l'homme puis a donne l'existence à des hommes particuliers). ESSENCE (n. f., étym. : latin essentia, formé à partir de esse [être] pour traduire le mot grec oùsia ; ce dernier terme est lui-même ambigu. Aristote lui donne quatre sens principaux : la quiddité, l’universel, le genre, le sujet au sens 1 ; il faut remarquer en outre que l'on traduit souvent oûsia par substance) 1. — Opposée à accident : ce qui constitue la réalité permanente de quelque chose par opposition aux modifications superficielles ; « appartient à l’essence d’une chose ce qui, étant donné, fait que cette chose est nécessairement posée, et qui supprimée, fait que cette chose est nécessairement supprimée » (Spinoza) ; Syn. substance au sens 1, nature au sens 2. 2. — Opposée à existence : ce qu’est une chose, indépendamment du fait même qu’elle soit ; « L’essence est le premier principe intérieur de tout ce qui appartient à la possibilité d’une chose » (Kant) ; d’où la tendance à considérer l'essence comme une idée, un universel, un genre distinct logiquement ou réellement de ce dont elle est essence. 3. —Essentialisme : doctrine qui donne à l’essence une valeur supérieure à celle de l’existence ; opposé à existentialisme.

Essence Du latin essentia, « ce qu'est une chose », « sa nature » (mot dérivé du verbe esse, être). - Par opposition à accident : ensemble des éléments constitutifs et invariables d’une chose ; ce qui fait qu’elle est ce qu’elle est et ce sans quoi elle ne serait pas. - Par opposition à existence : ce qu’est une chose, ce qui la définit, indépendamment du fait même qu’elle existe. • C'est par essence qu'un triangle a trois côtés, ou qu'une forêt est peuplée d'arbres. • En affirmant que chez l'homme, « l'existence précède l’essence », Sartre a mis l’accent sur l’impossibilité de définir l'homme, qui n'est rien d'autre que ce qu'il se fait, à chaque instant, être lui-même.