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ESPRIT

Du latin spiritus, « souffle » (qui anime la matière).

- Dans la langue religieuse (le Saint-Esprit), le souffle ou le principe divin. - Par opposition au corps : principe individuel de la pensée, conscience. - Par opposition à la matière : le monde de la pensée, la réalité spirituelle. - Chez Hegel, l’Esprit (avec une majuscule) est le principe rationnel qui gouverne l’histoire.

• Dieu, qui est totalement immatériel, est parfois qualifié de pur esprit. • Chez Descartes, les esprits animaux sont les éléments subtils du sang qui, depuis le cerveau, donnent le mouvement à tous les membres (qui transmettent l'influx nerveux, dirait-on aujourd'hui). • On peut, avec Pascal, distinguer esprit de géométrie, qui est la faculté d'apercevoir les grands principes et de mener à partir d’eux des démonstrations rigoureuses, et l'esprit de finesse, qui est la faculté d'embrasser d'un seul regard, par l'intuition, un très grand nombre de principes.

ESPRIT. n.m. (lat. spiritus «souffle», «vent» ; ou mens «âme», «esprit», «intelligence», «raison»). ♦ 1° Substance matérielle très volatile, ou produit d’une distillation. Ex. : esprit de vin. De cette conception procède la notion actuelle de «spiritueux». Descartes a appelé «esprits animaux» des particules très subtiles du sang qui auraient agi sur la glande pinéale du cerveau et auraient ainsi permis d’expliquer les rapports entre ce qui se passe dans le corps et ce qui se passe dans l’âme. ♦ 2° Métaphysique. Réalité immatérielle principe de la pensée, de la volonté et de l’affectivité. En ce sens, l’esprit est essentiellement personnel. Pour Descartes, l’homme se connaît d’abord comme «une chose qui pense», c’est-à-dire «une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent» (Méd. IIe). Le «je» substantiel, c’est cela. «Ame» est souvent synonyme du mot «esprit». C’est le point de vue de Descartes (Réponses aux Ve objections). Cependant, l’âme est, au surplus, considérée comme le principe de la vie organique. — Par les esprits il faut entendre des êtres réels qui n’ont pas de corps (Dieu, les anges, les démons). — Dans les textes religieux, les lettres de saint Paul en particulier, l’«esprit» désigne toutes les aspirations venues de la pensée réfléchie et de la connaissance du bien, par opposition à la «chair» qui désigne toutes les tendances instinctives et les inclinations au péché. L’Esprit-Saint est une Personne divine. ♦ 3° Dans le langage ésotérique les «esprits» sont les âmes des défunts. ♦ 4° La philosophie de Hegel retrace le développement de l’Esprit, entendu ici au sens impersonnel comme la Nature pensée en vérité ; ce développement est progressif et dialectique ; subjectif, d’abord, dans la conscience personnelle, puis objectif dans le droit et la morale, puis absolu dans la religion, l’art et la philosophie. ♦ 5° Sous la plume des hommes de lettres et des moralistes, les significations données au mot «esprit» sont chargées de très nombreuses nuances à partir de la notion d’intelligence ou de faculté de penser. C’est l’art de concevoir, le discernement, l’intuition, la vivacité de répartie, l’humour. ♦ 6° Par analogie, on parle de «l’esprit» d’un courant de pensée, d’une époque, d’un mouvement historique, d’un groupe. Ex. : l’esprit du XVIIIe siècle. On désigne également ainsi des formes de pensée, des manières d’appréhender le réel. ♦ 7° Par esprits faibles, on désigne les personnes influençables. Par esprits faux, celles qui ne savent pas raisonner logiquement et loyalement, qui manquent de rectitude. Par esprits forts, celles qui se prennent pour souverains juges en toutes choses, et particulièrement celles qui se montrent hostiles aux croyances religieuses.

ESPRIT

Au sens contemporain le plus général, l’esprit est la réalité pensante, présente dans chaque sujet individuel mais dégagée de la subjectivité: il peut alors être opposé à la matière (comme objet de la pensée), à la nature et à la chair (cette dernière opposition étant d’origine théologique). Plus particulièrement, l’esprit peut être synonyme d’intelligence et s’opposer à la sensibilité. ♦ L’étymologie stricte du terme indique le produit d’une distillation (notamment alchimique) : l’esprit est alors le souffle (spiritus). Cette acception se retrouve chez Descartes, qui nomme « esprits animaux » les influx nerveux animant le corps en allant du cœur aux muscles via le cerveau et les nerfs. Dans la philosophie hégélienne, l’esprit - qui est la vérité de la nature -, est d’abord subjectif (dans la conscience et les faits psychiques individuels) ; il devient ensuite objectif (dans la morale et le droit) et enfin absolu à travers l’art, la religion et la philosophie. Ce déploiement progressif anime l’Histoire et permet sa compréhension. Dans un sens plus ou moins dégradé, le terme peut encore désigner des intentions ou caractères particuliers (l’esprit d’un texte, d’une époque), ou même des activités intellectuelles socialement valorisées, aussi bien volontaires qu’inconscientes (gens d’esprit, mot d’esprit, etc.).

esprit, principe de la vie intellectuelle, intelligence. — La notion d'esprit est plus précise que celle d'âme, qui peut désigner à la fois le principe de la vie et celui de la pensée (sans doute parlait-on, au XVIIe siècle, des « esprits animaux », qui désignaient, chez Descartes, ce que l'on nomme aujourd'hui l'« influx nerveux » ; mais ce sens n'est plus guère usité). Par contre, la notion d'« esprit » est plus vaste que celle de « conscience », objet de l'analyse psychologique. C'est une notion réflexive ou métaphysique : l'esprit est le principe de toute découverte; ce n'est pas une faculté, mais un « acte », dont nous avons l'intuition chaque fois que nous comprenons effectivement quelque chose en quelque domaine que ce soit. L'« esprit » s'oppose à la « matière » ; le « spiritualisme » est la doctrine selon laquelle la matière se ramène au fond à une forme d'énergie irreprésentable et de nature spirituelle (Leibniz). Il s'oppose au « matérialisme », selon lequel « l'esprit est le produit le plus haut de la matière » (Lénine).

ESPRIT

1. A l’origine, souffle, vent, donc par extension matière très subtile (l'acide chlorhydrique est dit esprit-de-sel). Ce sens se trouve chez R. Descartes qui appelle «esprits animaux » des particules très légères formées par échauffement du sang et qui assurent les mouvements du corps — conception, bien entendu, tout à fait erronée à nos yeux. 2. Êtres immatériels (Dieu, les anges, les démons ou les âmes des morts sont conçus comme des esprits), 3. Dans une conception spiritualiste, l’esprit désigne la pensée conçue comme une réalité distincte du corps, comme une substance. Dans ce sens, esprit se confond avec âme. L’esprit s’oppose ici à la matière qui compose le corps. 4. Dans une conception matérialiste, totalement opposée à la précédente, l’esprit est principe de la pensée, de la vie intellectuelle, conçu comme une activité du corps et non comme une réalité autonome. L’esprit, en ce sens, se distingue d’autres activités de l’homme comme la sensation qui reçoit les impressions des sens ou le réflexe qui ne demande pas l’intervention de la pensée.

ESPRIT (n. m., adj. spirituel). 1. — (Etym. : souffle, vent / Par ext.) Substance matérielle très subtile ; d’où : a) dans l’alchimie : substance volatile résultant de la distillation ; b) esprits animaux : chez Descartes, partie la plus légère du sang qui, montant du cœur au cerveau, assure par l’intermédiaire de la glande pinéale la liaison entre le corps et l’âme. 2. — Principe de la pensée et de l’activité intelligente ; Syn. raison, entendement, intelligence, pensée ; par opposition au sentiment, au cœur, désigne particulièrement le principe de la connaissance rationnelle ou discursive (cf. Pascal). 3. — Syn. âme au sens 5 ; opposé à corps, à chair : ce sens qui peut sembler métonymique est justifié dans une philosophie strictement dualiste («Je ne considère pas l’esprit comme une partie de l’âme, mais comme cette âme tout entière qui pense », Descartes) ; la synonymie avec âme ne vaut que dans le cas des êtres pensants, cf. Leibniz : les esprits ou âmes raisonnables. 4. — (Par ext.) Toute réalité immatérielle : les esprits des défunts, la croyance aux esprits, l'esprit malin ; pur esprit : être immatériel qui n’est pas lié à un corps (Dieu). 5. — (Sens vulg.) Intelligence, ingéniosité, vivacité de la pensée (faire de l'esprit). 6. — Forme particulière de l’intelligence : l'esprit de finesse, l'esprit de système, un mauvais esprit, un esprit fort (c.-à-d. un libertin). 7. — Caractère fondamental, orientation générale d’une action, d’une institution : l'esprit des lois (« L'esprit de la monarchie est la guerre » Montesquieu) ; Syn. génie au sens 2 : l'esprit d’une langue, d’un peuple. 8. — Le principe de la pensée en tant qu’il est considéré comme une réalité ontologique spécifique (opposé à matière) ou comme la cause de phénomènes spécifiques, tels le langage, les règles morales, les institutions (opposé à nature au sens 5) ; cf. l’expression : le monde de l’esprit ; en ce sens, l’expression sciences de l’esprit (opposées à sciences de la nature) a servi, au xixe siècle (Dilthey), à désigner des études concernant, dans un contexte antimatérialiste, ce qu’auj. nous nommerions les sciences humaines. 9. — Chez Hegel, l'esprit, principe absolument premier, est la vérité de la nature, l’idée parvenue à son « être-pour-soi », son développement (esprit subjectif, c.-à-d. âme, conscience, esprit au sens 2 ; esprit objectif : droit, abstrait, moralité subjective, moralité objective, c.-à-d. institution ; esprit absolu : c.-à-d. savoir de soi de l'esprit (au travers de l’art, de la religion et de la philosophie) correspond à une intériorisation de l’Etre hors de soi qu’est la nature.

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