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ESCLAVE

Du latin médiéval sclavus, « slave ».

- Personne placée sous la dépendance absolue d’un maître qui peut disposer d’elle comme de n’importe quel bien. - Chez Hegel, la conscience qui, dans la lutte à mort qui l’oppose à une autre conscience, préfère la vie à la liberté et s’affirme dans la dépendance à autrui.

- Chez Nietzsche, l’homme faible, le vaincu de la vie qui se plie à la morale du ressentiment.

• Pour Aristote, l’esclavage est un fait de nature : certains hommes ne s'appartiendraient pas à eux-mêmes et seraient faits pour « subir l’autorité d’un maître ». • Pour Spinoza, l’esclavage réside d'abord dans l’impuissance de l'homme à gouverner et à contenir ses passions. • Dans la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave, l’esclave, d'abord dominé par le maître, finit par gagner son indépendance par son travail alors que le maître, oisif, se contente de jouir passivement des choses façonnées par l’esclave.

 

ESCLAVE. n.m. (lat. slavus «slave»). L’origine de l’esclavage est très ancienne. Il s’est d’abord agi de savoir ce qu’on devait faire des prisonniers ou des débiteurs insolvables. Pour épargner leur vie, la coutume s’est établie de les faire travailler au profit de leur maître. A partir de là s’est développé un esclavage doux. L’esclave était peu à peu intégré aux membres de la famille antique. Mais, dans un but exclusivement économique, se sont aussi constitués des troupeaux d’hommes auxquels s’appliquaient toutes les règles du droit de propriété : on pouvait vendre, acheter, louer chacun d’eux. L’essentiel était que les esclaves soient rentables. L’éducation de leurs enfants représentant de lourdes charges, ceux-ci étaient parfois «exposés», c’est-à-dire abandonnés. La longue histoire de l’esclavage a posé un grave problème philosophique et moral. La robotisation de notre industrie donne tout son sens à ce jugement d’Aristote : «Si chaque instrument pouvait, sur un ordre reçu ou par une vue anticipée, accomplir son ouvrage, comme les statues de Dédale ou les trépieds d’Héphaïstos qui, au dire du poète, venaient se ranger d’eux-mêmes en vue de l’assemblée des dieux, si de même les navettes tissaient toutes seules, et si les plectres d’eux-mêmes jouaient de la lyre, les maîtres d’œuvre n’auraient pas besoin d’auxiliaires ni les chefs de famille d’esclaves» (Pol. I, 3). Mais, pour Aristote, l’esclave n’est pas un instrument. On peut se demander s’il est juste qu’il appartienne à un maître. Si les esclaves sont incapables de se conduire d’une manière raisonnable, on répondra oui : ils sont «naturellement esclaves». Mais un prisonnier de guerre, s’il a l’âme libre, ne doit pas être asservi. ♦ 1° Sens strict. L’esclave est un homme qui est sous la dépendance absolue d’un maître. ♦ 2° Sens figuré. C’est un homme dont les conditions de vie et d’emploi ne respectent pas suffisamment sa liberté. C’est aussi un homme qui se soumet rigoureusement et inconditionnellement à une certaine dépendance (esclave de son devoir, esclave de sa passion). ♦ 3° La dialectique du maître et de l'esclave est un passage important de la philosophie de Hegel : l'esclave, après avoir, par son travail, transformé la nature et s'être transformé lui-même, accède à la liberté.

ESCLAVE

♦ Le terme latin servus désigne un individu dont la vie est sauve après sa défaite dans un combat à la condition qu’il mette ses forces au service du vainqueur. C’est bien dans ce sens que Hegel prend le terme dans sa « dialectique du maître et de l’esclave » - au terme de laquelle ce dernier, parce qu’il transforme la nature et lui-même par son travail, accède à la liberté. ♦ Lorsque Nietzsche utilise l’expression « morale des esclaves », il est moins soucieux de fidélité aux réalités historiques, et vise avant tout la morale (ignoble à ses yeux) des faibles, qui ont perverti les valeurs originelles en faisant passer leur impuissance pour une vertu. ♦ Aristote considérait la condition d’esclave comme une nature devant être réalisée par les hommes nés pour la servitude.

esclaves (morale des), expression créée par Nietzsche (dans la Généalogie de la morale) pour désigner la morale de l'Evangile, qui exalte l'humilité et la résignation, par opposition à la morale des maîtres, qui exalte l'orgueil et le culte de la force.

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