ÉLOGE DE LA FOLIE

ÉLOGE DE LA FOLIE, œuvre satirique d'Erasme (1511). Le personnage allégorique de la Folie, femme aux oreilles alourdies de grelots, prend la parole : la Raison, son adversaire, ne doit pas, dit-elle, se montrer « si sûre d'elle-même », car, d'abord, l'intelligence conduit à un état d'inquiétude et, ensuite, les vérités qu'elle atteint sont contradictoires. Au total, sur un ton joyeux et apparemment inoffensif, Erasme combat le fanatisme et le dogmatisme du Moyen Age, et cela au nom d'un véritable humanisme chrétien, attitude qui est bien dans l'esprit de ce siècle qu'on a appelé, à juste titre, le « siècle de la Renaissance ».

Éloge de la folie [Érasme], oeuvre satirique d’Érasme, rédigée en latin savant et publiée en 1511 à Strasbourg. Cet ouvrage charnière dans l’évolution des idées marque le passage de l’âge gothique à la Renaissance.

L’idée de cet ouvrage vient à Érasme lors d’un long voyage à cheval qu’il effectue entre l’Italie et l’Alsace en 1509. Il le rédige en quelques jours à la fin de la même année, alors qu’il est l’hôte à Londres de son ami Thomas More, auquel l’ouvrage est

dédié. Bien qu’oeuvre d’un homme ordonné prêtre en 1492 et resté chrétien sa vie durant — son but n’est autre que d’enseigner la vérité évangélique —, Éloge de la folie (Encomium Moriae en latin) ne trouvera pas grâce aux yeux des évêques et des théologiens réunis au concile de Trente.

Au Moyen Âge, la folie est le signe que les hommes, ayant oublié la parole divine, ont l’esprit et les sens déréglés. Érasme va rompre avec cette conception et conférer à la folie un rôle positif. Elle ne sera plus un mal dont il faut se guérir, ni le contraire de la raison, mais ce qui, au coeur même de la raison, permet à la pensée humaine d’opérer la critique du monde des apparences et des fausses vérités. « Chez moi, point de fard ; je ne feins pas sur mon visage un sentiment que mon coeur ne partage point », dira de lui-même le personnage de la Folie (Stultitia).

Éloge de la folie est donc une grande leçon de morale, d’intelligence et d’érudition, en même temps qu’une satire humoristique des philosophes, théologiens et autres prétendus sages. Le scandale que ce livre a provoqué vient de ce qu’il énonce une vérité opposée à la lettre du dogme chrétien. Il prône en effet un accord de l’esprit et des sens comme moyen fondamental d’accéder à la vérité, en faisant se rejoindre l’esprit du christianisme et certains éléments de la tradition grecque et latine.

ÉLOGE DE LA FOLIE

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