Elagabal
Elagabal (Héliogabale de façon incorrecte). Empereur romain de 218-222 apr. J.-C. Sa ressemblance avec l'empereur Caracalla (auquel il était lié) fit croire qu'il en était un fils naturel, ce qui lui valut d'être proclamé successeur de ce dernier alors qu'il n'avait encore que quinze ans. C'était un Syrien d'Émèse qui prit le nom d'un dieu du Soleil syro-phénicien, célébré sous la forme d'une pierre conique noire, dont il était le prêtre et auquel il se vouait fanatiquement. La pierre fut transportée à Rome et, après avoir été portée par les rues recouvertes d'une poussière d'or, elle fut installée dans un temple magnifique sur le Palatin. Les excès grotesques et obscènes d'Élagabal enragèrent l'armée et il fut assassiné par la garde prétorienne. On a dit qu'il avait été le premier homme de Rome à porter des vêtements de pure soie. Il inspira à Antonin Artaud son Héliogabale ou l'Anarchiste couronné.
Élagabal [Héliogabal], Varius Avitus Bassianus (203/204-222) ; empereur romain [218-222].
C’est sous le sobriquet d’Élagabal que cet empereur est le plus connu. Un relief découvert près d’Émèse (Homs, en Syrie) en donne l’explication : « dieu-montagne ». Or à Émèse, la religion avait un caractère solaire si marqué que ce « dieu-montagne » était aussi un dieu solaire, Sol-Elagabalus, Héliogabal pour les Grecs. C’est à Émèse donc que naquit É., prêtre héréditaire du dieu et petit-cousin par sa mère de Caracalla. Après l’assassinat (217) de ce dernier près de Carrhes, un chevalier, préfet du prétoire, M. Opellius Macrinus (Macrin) est acclamé empereur par les soldats qui ne soupçonnent pas de complot. Son court règne (217-218) est consacré à chercher des appuis pour faire face aux impératifs de l’heure : rallier les soldats, convaincre les sénateurs, neutraliser les Parthes, briser les ambitions des princesses syriennes parentes des Sévères. D’elles, en effet, proviennent pour Macrin les ennuis les plus importants. Si Iulia Domna (l’épouse de Septime Sévère) s’était laissée mourir (217) d’inanition à la mort de son fils Caracalla, sa sœur Iulia Maesa et ses deux filles, Iulia Soaemias, et Iulia Mamaea, nourrissaient de hautes ambitions. Elles sont riches, ont la légitimité du sang, descendent de la grande famille sacerdotale d’Émèse, se sont constitué un réseau de fidèles et peuvent présenter deux héritiers, le fils de Soaemias, Varius Avitus (le futur E.) et le fils de Mamaea, Gessius Alexianus (le futur Sévère Alexandre). En avril ou en mai 218, Varius Avitus est salué empereur par une légion, sous le nom de M. Aurelius Antoninus, c’est-à-dire celui de Caracalla dont on disait qu’il était le fils adultérin. Ses troupes battent Macrin qui est tué. Après un séjour à Antioche, E. gagne Rome avec les princesses syriennes. Le voyage dure un an et prend l’allure d’une procession religieuse car le jeune empereur refuse de se séparer de son idole, une grande pierre noire conique devant laquelle, habillé d’une robe phénicienne, il danse aux accents des flûtes et des trompettes. En 219, E. entre dans Rome avec une seule préoccupation : y installer son dieu. Sur le Palatin, près du palais, il fait construire un temple, l’Elagabalium, inauguré au plus tard en 221. Au profit de Sol, s’affirme alors une sorte de syncrétisme religieux : les autres dieux sont subordonnés au dieu d’Émèse. Pour la première fois émerge un hénothéisme d’État. Quant au pouvoir politique, É. l’abandonne à sa grand-mère et à sa mère qui, fait sans précédent, auraient participé aux séances du Sénat. En 221, Maesa fait adopter par É. son cousin Alexianus. En 222, tous deux sont consuls. La dégradation des finances, le danger germanique, l’hostilité de l’armée et des prétoriens, le comportement excentrique et provocateur d’E. provoquent une émeute des prétoriens, soutenue, semble-t-il, par Mamaea. E. et sa mère sont massacrés (mars 222) ; leurs corps, décapités, jetés au Tibre ; leur mémoire condamnée. Alexianus est alors proclamé empereur. Le personnage d’É., avec ses bizarreries et ses débauches, sa sollicitude pour les courtisanes et pour les animaux exotiques, sa tentative de créer un « césaro-papisme sacerdotal et païen », a survécu dans la conscience littéraire (cf. A. Artaud, Héliogabale ou l'Anarchiste couronné, 1934).
Bibliographie : R. Turcan, Héliogabale et le sacre du soleil, 1985.
ÉLAGABALE ou HÉLIOGABALE (204-Rome, 222 ap. J.-C.). Empereur romain de la dynastie des Sévères, il régna de 218 à 222 ap. J.-C. Cousin de Caracalla, présenté comme son fils illégitime, il fut proclamé empereur à l'âge de 14 ans par l'armée de Syrie. Grand prêtre héréditaire du dieu Soleil à Émèse, en Syrie, il essaya d'imposer à l'Empire le culte de son dieu oriental. Assassiné par la garde prétorienne, il eut pour successeur son fils adoptif, Sévère Alexandre.