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divination

divination. La prédiction de l'avenir par des moyens surnaturels, nommée mantikê par les Grecs, fut pratiquée de façon fort variée par les Grecs et les Romains. Le traité De la divination, de Cicéron, reste la concernant notre source de connaissance essentielle. On peut distinguer deux genres de divination, la naturelle et l'artificielle. La forme la plus connue de divination na turelle est fondée sur les songes que le rêveur peut interpréter lui-même ou en faisant appel à des interprètes traditionnels (pour une ancienne «clef des songes», voir artémidore). C'est à la suite d'un songe que le père du jeune Galien dirigea son fils vers l'étude de la médecine. De même, l'empereur Marc Aurèle fut reconnaissant d'avoir reçu un conseil à partir d'une source similaire sur la façon de prendre soin de son alimentation. Durant la période de l'incubation, un malade pouvait dormir dans le temple d'un guérisseur, habituellement Asclépios, afin de recevoir du dieu un songe lui suggérant un remède. La prophétie à partir du discours d'une personne agissant comme porte-parole (prophêtês) d'une puissance divine qui la possédait était une autre forme de divination naturelle. Cette sorte de divination s'institutionnalisa, avec une succession de prophètes, dans les grands sites oraculaires de Delphes, Dodone, Oropos, Ammon et les divers sites de Sibylle. La divination artificielle était fondée sur les observations externes des animaux, plantes ou objets; la forme la plus connue en est l'augure, observation du comportement des oiseaux, qui, à Rome, fut confié au collège des Augures. On utilisait aussi beaucoup l'observation des entrailles des animaux sacrifiés. Les prédictions étaient quelquefois fondées sur certaines actions humaines involontaires, tic ou éternuement par exemple. On pouvait aussi tenir pour significatif la croissance exceptionnelle d'une plante. Quant à la divination par le jet des dés ou le tirage au sort, elle était fréquente et localisée dans certains sites. Par la suite, les consultations, au hasard, d'œuvres des poètes renommés furent mises à l'honneur, peut-être parce qu'on considérait ceux-ci comme divinement inspirés : les sortes Homericae et Virgilianae («consultations homériques» et « virgiliennes ») en sont issues. De tout temps les phénomènes météorologiques inhabituels furent considérés comme significatifs, et à Rome ils furent consignés dans les annales maximi. L'astrologie devint très populaire en raison de l'accroissement des contacts avec l'Orient à la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand (seconde moitié du IVe s. av. J.-C.). On pratiqua aussi à toutes les époques la nécromancie, l'invocation des morts, mais elle n'acquit jamais de respectabilité. La plupart des gens acceptaient les formes de divination établies de leur temps, mais voyaient apparaître avec suspicion toute nouveauté. L'attitude des philosophes vis-à-vis de la divination semble avoir varié selon les individus, cependant les épicuriens la rejetèrent, ainsi que certains sceptiques. La prédiction due aux sentences inspirées passait pour plus acceptable. En raison de la nature de leurs croyances, les stoïciens, à la notable exception de Panétius, se firent les avocats de la plupart des types de divination. Les premiers écrivains chrétiens considérèrent la divination païenne comme l'œuvre des démons de l'enfer; l'édit de Théodose, en 391 apr. J.-C., mit un terme formel à cette pratique puisqu'il bannissait toute forme de culte païen.

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