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Dioclétien

Dioclétien (Gaius Aurelius Valerius Diocletianus). Appelé Dioclès à sa naissance, empereur à Rome de 284 à 305 apr. J.-C. Dalmatien de condition modeste, il s'éleva grâce à l'armée. Il avait le génie de l'administration et un grand nombre de ses mesures lui survécurent pendant plusieurs siècles. Il fit de l'Empire une tétrarchie afin que son gouvernement fut plus efficace et que la succession au trône fût plus ordonnée. Un grand nombre de provinces furent divisées pour former des unités administratives plus petites, les frontières furent renforcées par des fortifications et les effectifs de l'armée augmentèrent considérablement. La charge financière de ces mesures poussa Dioclétien à entreprendre une réforme fiscale. Il institua un système régulier de révisions fiscales tous les quinze ans ; ces périodes de quinze ans, les « indictions », donnèrent naissance à une nouvelle manière de mesurer le temps . Dioclétien fut moins heureux lorsqu'il essaya de maîtriser une inflation galopante. Soucieux de l'unité de l'Empire, il favorisa les anciennes coutumes romaines et ce fut probablement ce qui le poussa à encourager les persécutions contre les chrétiens, commencées en 303 et qui furent particulièrement graves en Palestine et en Égypte. C'est pourquoi les Églises coptes et éthiopiennes comptent les années de l'ère chrétienne à partir de l'accession au trône de Dioclétien («ère des martyrs»).

Dioclétien, Caius Aurelius Valerius Diocletianus (v. 245-313 ?); empereur romain [284-305].

Bien qu’Aurélien eût réussi à restaurer l’unité de l’Empire, et que ce dernier eût résisté à une crise qui faillit l’emporter, il restait bien des problèmes à résoudre : un demi-siècle de désordres, de destructions, de réformes, d’adaptations et de transformations ne permettait pas de revenir à la situation antérieure. Si les successeurs d’Aurélien maintinrent son oeuvre, ce ne fut pas sans difficulté : ainsi Tacite [275-276] dont le nom est lié à une hypothétique et éphémère restauration sénatoriale ; ainsi Probus [276-282] qui renforça l’armée, permit de cultiver librement la vigne et introduisit (ce n’était pas une nouveauté) de nombreux Barbares dans l’Empire pour augmenter la main-d’oeuvre rurale ; ainsi Carus [282-283] qui reprit l’offensive contre les Perses et associa à son pouvoir ses deux fils, Carin [283-285] et Numérien [283-284]. Alors que Carin continue de gouverner, Numérien meurt, sans doute assassiné. Le 20 novembre 284, à Nicomédie, l’armée acclame le chef de la garde, Dioclès (il prendra le nom de Dioclétien), comme empereur. Ce militaire sorti du rang, d’origine dalmate (Salone, près de Split), avait servi sous Aurélien et sous Probus, était entré dans l’ordre équestre et était parvenu aux plus hauts grades. Aussitôt, il revêt le consulat avec pour collègue un civil qu’il nomme préfet de la Ville : une façon de ne pas reconnaître le gouvernement de Carin. A la fin de l’été 285, D. l’élimine à la bataille du Margus (Mésie) : il est le seul maître de l’Empire, reconnu par le Sénat et accepté par l’Occident. Une campagne sur le Danube le retient d’aller à Rome : signe des temps, il ne s’y rendra jamais durant son règne. De nouveau, la situation était tragique : en Gaules, des bandes de Bagaudes répandent la terreur tandis que les Germains attaquent sur le Rhin et que Francs et Saxons écument les côtes de la Manche et de la mer du Nord ; en Syrie, des raids de Bédouins s’ajoutent à l’incertitude sur l’attitude des Perses ; en Egypte, ce sont des troubles graves ; et toujours, une présence presque obligatoire sur le Danube. Comprenant qu’il ne pouvait être partout à la fois et qu’une des clefs du problème résidait précisément dans la capacité d’assumer toutes les tâches militaires, D. s’adjoint, pour l’Occident, d’abord comme César (fin 285) puis comme Auguste (286), un officier pannonien, brillant militaire, Maximien. Ce n’était pas la première fois que ce type de dyarchie était mis en place. En revanche, ce fut une innovation que d’associer (en 293), à chacun des Augustes, un César, Constance Chlore pour Maximien, Galère pour D., tous deux des Illyriens. Cette démultiplication du pouvoir impérial est accompagnée de quatre nouvelles résidences impériales : en Orient, Nicomédie pour D., Sirmium pour Galère ; en Occident, Milan pour Maximien, Trêves pour Constance Chlore. Ce système - la tétrarchie -, mis en place progressivement et de façon pragmatique, scellé par une politique matrimoniale qui fait des Césars à la fois les fils adoptifs et les gendres des Augustes, n’est cependant ni un partage du pouvoir à responsabilité égale ni une division de l’Empire. Les Césars étaient subordonnés aux Augustes ; et Maximien à D., Auguste principal. Une théologie politique hiérarchisée renforce encore les liens entre empereurs : D. prend le titre de Jovius (« jupitérien »), Maximien celui Herculius (« herculien »). La légitimité est ainsi assurée par l’appartenance à deux lignées divines qui la soustrait à l’investiture du Sénat et de l’armée : la fonction impériale est devenue divine et l’empereur, choisi par les dieux, échappe au choix et au jugement des hommes. Quant à l’Empire, malgré ses « capitales », malgré les zones territoriales que défend chaque empereur, il conserve son unité. Enfin l’édifice se complète en 303, lors des Vicennalia, quand les Augustes s’engagent à abdiquer simultanément en faveur des Césars, qui deviendront à leur tour Augustes et désigneront deux nouveaux Césars. L’abdication eut lieu le 1er mai 305 ; les deux nouveaux Césars furent Maximin Daia pour Galère, Sévère pour Constance Chlore. Entre-temps, le système organisé par D. avait montré son efficacité : usurpations réduites, insurrections provinciales apaisées, ennemis extérieurs repoussés, frontières du Rhin et du Danube consolidées, paix avec les Perses (297), et même conquêtes en Mésopotamie. Ces bons résultats avaient été renforcés par une série de réformes touchant à presque tous les domaines. Administratif : D. multiplie les provinces (de 47, elles passent à plus de 100), provincialise l’Italie, les regroupe en 12 diocèses gouvernés par des vicaires des préfets du prétoire. Protocolaire : de nouveaux rites (« l’adoration de la pourpre ») se développent à la cour impériale dont l'étiquette, plus stricte, se charge de sacralité. Économique : D. s’occupe de la monnaie (nouvelle valeur, nouvelles parités, nouvelles frappes), des prix (« Édit du maximum », 301), de la fiscalité (nouveaux cadastres, nouveaux impôts), dans une perspective souvent qualifiée de dirigiste. Militaire : D. entreprend de créer une nouvelle armée, réorganise la légion et des districts du limes, accroît l’infanterie, privilégie la quantité. Religieux : à partir de 297, les manichéens sont persécutés et en 303-304, D. prend quatre édits qui ouvrent la dernière grande persécution du christianisme, appliquée avec plus ou moins de vigueur selon les régions de l’Empire. Lorsqu’en 305, D. abdique, l’oeuvre accomplie était immense. D. se retire dans le palais qu’il s’était fait construire à Split ; Maximien en Lucanie. De Split, D. voit le système tétrarchique se dérégler : dès 306, la mort naturelle de Constance Chlore entraîne la proclamation de Constantin, son fils, comme Auguste, puis l’arrivée sur scène du fils de Maximien, Maxence, et le retour de Maximien lui-même. En 308, on tira de sa retraite D. pour régler, à Camuntum, la situation. En vain : on compte sept empereurs l’année suivante ! À la mort de D. (313 ?), restaient face à face Constantin et Licinius. Le système politique imaginé par D. n’avait pas résisté au poids de l’hérédité. Il n’empêche que par son réalisme, sa perception de l’ensemble des questions, son pragmatisme et sa ténacité, D. a façonné un nouveau visage à l’Empire.

Bibliographie : W. Seston, Dioclétien et la tétrarchie, 1946 ; A. Chastagnol, L’Évolution politique, sociale et économique du monde romain, 284-363, 1985 ; M. Le Glay, Rome. Grandeur et chute de l’Empire, 1992.

DIOCLÉTIEN (près de Salone, auj. Split, 245-v. id., 313 ap. J.-C.). Empereur romain, il régna de 284 à 305 et réorganisa l'Empire afin de mieux assurer son administration mais aussi sa défense contre les menaces barbares. L'immense territoire impérial fut partagé en deux zones. Dioclétien fut maître de l'Orient et résida à Nicomédie (en Asie Mineure), Maximien, maître de l'Occident, s'installa à Milan. Tous les deux reçurent le titre d'Auguste, chacun étant assisté d'un César (lieutenant) à qui était confiée une partie de l'Empire et qui devait succéder automatiquement à l'empereur. Ce système fut appelé la tétrarchie (ou gouvernement à quatre), Dioclétien conservant la supériorité sur l'ensemble. Cette nouvelle répartition de l'autorité permit de remporter sur toutes les frontières d'importants succès. A l'intérieur, Dioclétien entreprit une importante réforme fiscale, administrative et militaire, en augmentant le nombre des provinces (plus faciles à gérer parce que plus petites) et en créant une puissante armée de réserve. Par le célèbre édit du Maximum (301), il lutta contre la hausse des prix. Pour renforcer le prestige impérial, il se fit reconnaître et adorer comme le fils de Jupiter. Enfin, à partir de 303, il déclencha contre les chrétiens la persécution la plus dure que l'Église eut à supporter et qui devait durer dix ans. En 305, Dioclétien malade abdiqua ainsi que Maximien. Le système de la tétrarchie sombra dans les guerres qui suivirent ces abdications. Voir Constantin Ier.

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