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Désir

Désir Selon Freud, mouvement tendant à réinvestir, lors du retour du besoin, les traces mnésiques permettant de rétablir la situation de la première satisfaction de ce besoin. «Désirer a dû être d’abord un investissement hallucinatoire du souvenir de la satisfaction. » Tout rêve est ainsi un accomplissement de désir. Mais ce terme est utilisé pour traduire plusieurs termes différents du texte allemand de Freud. C’est l’insistance de Freud sur le rétablissement des signes liés aux premières expériences de satisfaction qui conduit Lacan à articuler le désir au langage, au Symbolique. Lacan donnera du désir une définition plus spécifique en l’articulant au besoin et à la demande. Il écrit : «Le désir s’ébauche dans la marge où la demande se déchire du besoin. » D’être parlant, inscrit dans l’ordre du langage, le sujet, pour satisfaire son besoin ne peut que demander, c’est-à-dire en passer par les signifiants de l’Autre et le désir est ce reste jamais satisfait qui fait que l’objet premier de la satisfaction est, dans la perspective freudienne, un objet fondamentalement perdu. C’est ce qui lie le désir au manque. Or le manque est un effet même du langage puisque le nom de l’objet n’est pas l’objet. Comme en témoigne Freud dès L'Interprétation des rêves, le désir peut porter sur l’insatisfaction du désir. C’est le cas de l’hystérie, mais aussi de toute névrose qui veut maintenir un désir insatisfait, pour conserver l’espoir d’une possible satisfaction. Cette dimension indique un défaut d’articulation à la loi symbolique, c’est-à-dire à l’interdit de l’inceste qui marque l’objet qui pourrait pleinement satisfaire. Or c’est à cet espoir-là précisément que le névrosé ne peut renoncer. Par sa constitution même, le désir de l’homme est le désir de l’Autre. Freud, dans L'Esquisse, une psychologie scientifique, avait indiqué comment la mère interprète comme une demande les cris de son enfant, auxquels elle répond non seulement en apportant la satisfaction du besoin, mais aussi par des paroles, en l’introduisant dès lors dans l’ordre du langage.

DÉSIR

Il excède le strict besoin et oriente la tendance devenue consciente vers l’objet qu’elle se représente. La philosophie a traité du désir selon deux orientations : l’absence que rencontre d’abord la conscience autorise l’interprétation qui fait du désir un manque et une incomplétude comme on le voit chez Platon, avec par exemple le mythe* de l’androgyne, ou encore chez Freud*; mais la productivité qui le caractérise permet notamment à Spinoza de le comprendre non seulement comme « la mesure de la puissance humaine » mais aussi comme créateur de la valeur, puisque c’est en raison du désir que nous avons d’elle que nous jugeons une chose bonne, et non l’inverse. Hegel montre de son côté, dans sa célèbre « dialectique du maître et de l’esclave », que l’homme, parce qu’il est capable de nier sa nature animale, désire la « reconnaissance », par l’autre, de sa liberté et de sa nature d’être humain sans avoir à le reconnaître lui-même : il peut ainsi risquer sa vie dans une « lutte à mort », de pur prestige.

DESIR. Lié aux souvenirs inconscients de l’enfance, le désir vise à rétablir, selon les lois du processus primaire, les signes se rattachant aux premières expériences de satisfaction. Le désir est le ressort du rêve ; il est également un des pôles du conflit défensif. L’écart entre le désir et sa « réalisation » constitue un des éléments essentiels du « progrès > pour l’être humain.


Le Désir est ce qui fournit l'énergie motrice à « l’appareil de l’âme ». En ce sens, le désir est le concept ultime de la théorie psychanalytique. Le premier modèle en est, dans la tension du besoin, l’investissement (« hallucinatoire ») de la satisfaction évoquée, ou plus exactement des traces de la première expérience de satisfaction. Mais la conception psychanalytique du Désir introduit un certain nombre de glissements au niveau du contenu de ce terme ; en reflet des lois d’organisation inconsciente, dans le réseau de laquelle il se montre pris en clinique ; et aussi du fait de la nature fondamentalement sexuelle du désir en cause dans les déterminations structurantes, originaires, que fait revivre la névrose de transfert dans la cure.

1. Le Désir, du point de vue psychanalytique, concerne en effet, d’abord, les « besoins pulsionnels », auxquels il donne une représentation (ou « présentation » - représentation) dans les formations de fantasmes (de désir). En effet, le point de vue psychanalytique concerne la dérive de l’activité conservatrice (consommatoire, etc.) dans une marge érogène qui capte (au niveau de toutes les activités partielles) une exigence satisfactoire en plaisir... C’est ainsi que le « besoin pulsionnel » (sexuel) crée une « charge en désir » (dite, du terme latin, charge en « libido »), qui s’accroche à des scenari satisfactoires imaginaires (fantasmes) à partir de résidus de souvenirs des « activités spécifiques », de constructions « projectives », identificatoires, etc., voire sur une base « phylogénétique » (équivalent chez l’homme au mécanisme inné de déclanchement de l’instinct en zoologie), définissant comme autant de « fantasmes originaires », ou « typiques ». En fait, la structure des fantasmes (représentations « impersonnelles » d’accomplissements de désir) permet, outre les permutations indéfinies du Sujet et de l’Objet du désir, les phénomènes de condensation, de déplacement, de substitution, au niveau de la représentation du besoin pulsionnel. Et le désir est finalement ce qui anime et aiguillonne la conduite, à tous les niveaux du développement sexuel, en courant de déplacements d’énergie en substitutions de but, compte tenu des lois en « processus primaire » de la recherche de la décharge, comme des barrières en inhibition et refoulement, introduites par la prise en compte de la réalité matérielle et sociale au cours du développement...

2. Le fait psychanalytique, n’est pas en effet que la reconnaissance du désir, mais aussi celle de ses avatars. A travers l'inhibition du but, la sublimation, l’idéalisation, le désir connaît plusieurs formes « d’épuration » et de transmutation, que seule l'analyse génétique peut ramener à leur origine (ainsi du désir voyeuriste, scoptophilique, devenu « intérêt épistémologique », scientifique, par exemple). Le mode d'organisation économique, dynamique, topologique du désir, définit les organisations normales, pathologiques, créatrices de la personnalité. Pour garder l’exemple scoptophilique, il engendre la curiosité intellectuelle, l’obtusion de refoulement, une composante du doute obsessionnel (en croire ou non ses yeux, voir pour croire, etc.), le développement créateur des modèles de représentations.

3. De même qu’il anime la conduite diurne sous ses formes directes, primaires, ou secondaires, le même désir reste le moteur de la vie nocturne, en tant que ressort du rêve. Mais, ici aussi, il faut tenir compte d’un glissement sémantique. Le « désir » dont le rêve est, à travers ses propres modes de pensée et d’élaboration, la tentative d’accomplissement (ou de « réalisation »), c’est le « souhait », le « vœu » (Wunscherfüllung). Il s’agit donc du désir propre à l’être en proie... au désir. Le rêve figure un mode optatif, une option d’accomplissement d’une motion de désir (pulsion) présentée à travers un contenu manifeste dont il figure la signifiance latente. Mais cette motion pulsionnelle de désir qui se tient au cœur du rêve qu’elle met en scène, c’est foncièrement le désir refoulé...

4. Pour autant qu’il prend un contenu objectai (qu’il est à la base d’une charge en investissement de son « Objet »), le désir sous-tend les modes de la relation d’Objet (libidinale), sous ses aspects partiel et total et, par ce chemin, se trouve au centre de la relation intersubjective. D’envie en rivalité, d’identification (au pourvoyeur, au détenteur, au frustrateur de l’Objet) en projection, le Sujet poursuit (mû par l’énergie du Désir) la dialectique de l’Etre et de l’Avoir... Lorsqu’intervient l’obstacle, intervient aussi l’insatisfaction persistante. En ce sens, le maintien de l’écart entre le désir et sa « réalisation » devient la source la plus sûre de la tendance propulsive, de la volonté de Progrès. On rencontre là, parmi d’autres, l’un des paradoxes du Désir : toute tendance au progrès est le fait d’un désir qui recherche les conditions originaires (régressives) de sa satisfaction, c’est-à-dire, en cela-même, sa propre disparition. Dans une optique quasi philosophique, J. Lacan a pu épingler le désir comme « métonymie du manque-à-être » en le référant à la « subversion » inhérente, selon lui, a toute demande.


DÉSIR Ce terme dont la définition ne pose pas de problème majeur dans une acception courante (tendance qui pousse l’individu vers un objet, réel ou fantasmé) recouvre une notion complexe dans la théorie psychanalytique, en particulier dans l’œuvre de Lacan, qui lui fait une place importante. Pour Freud, le désir, lié au besoin, cherche à reproduire les premières expériences de satisfaction. Chez l’enfant, le besoin fondamental de la nourriture crée une tension qui n’est réduite que par la satisfaction qui résulte de l’obtention du sein maternel. Cette satisfaction, qui est aussi de nature sexuelle ( Etayage), nécessite un objet. Que cet objet vienne à manquer et le désir naît. Mais, à la différence du besoin qui trouve à se satisfaire dans l’obtention d’un objet spécifique (la nourriture pour la faim, par exemple), le désir trouve sa satisfaction dans la reproduction hallucinatoire de signes liés aux premières expériences de la satisfaction et ces signes sont les véritables déterminants du désir. Lacan a insisté sur la distinction à faire entre le besoin, le désir et la demande. Le besoin naturel de manger chez le nourrisson s’exprime par des manifestations telles que cris, pleurs, que la mère interprète comme une demande, impliquant par là même le sujet dans le registre du langage et de la communication ( ► Autre). Le désir proprement dit n’est possible que si l’objet cause de la satisfaction (en l’occurrence, le sein maternel) manque. C’est parce qu’il en est frustré que l’enfant peut isoler cet objet, l’identifier comme la cause de son désir. Ainsi le désir est-il lié à l’objet manquant. ► Objet a. Inscription d’un manque dans une demande, le désir de l’enfant est constitué par l’autre qui le reçoit. C’est pourquoi, pour reprendre une formule de Lacan, le désir est toujours le désir de l’autre. Inscrit nécessairement dans l’ordre du signifiant, le désir est par essence aliéné et doit en passer par la castration. Ainsi, le névrosé entretient-il son insatisfaction parce qu’il ne peut articuler son désir à la loi symbolique qui en autoriserait une certaine réalisation.

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