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Descartes et les passions

« Il me semble que la différence qui est entre les plus grandes âmes et celles qui sont basses et vulgaires, consiste, principalement, en ce que les âmes vulgaires se laissent aller à leurs passions, et ne sont heureuses ou malheureuses, que selon que les choses qui leur surviennent sont agréables ou déplaisantes ; au lieu que les autres ont des raisonnements si forts et si puissants que, bien qu’elles aient aussi des passions, et même souvent de plus violentes que celles du commun, leur raison demeure néanmoins toujours la maîtresse, et fait que les afflictions même leur servent, et contribuent à la parfaite félicité dont elles jouissent dès cette vie. Car, d’une part, se considérant comme immortelles et capables de recevoir de très grands contentements, puis, d’autre part, considérant qu’elles sont jointes à des corps mortels et fragiles, qui sont sujets à beaucoup d’infirmités, et qui ne peuvent manquer de périr dans peu d’années, elles font bien tout ce qui est en leur pouvoir pour se rendre la fortune favorable en cette vie, mais néanmoins elles l’estiment si peu, au regard de l’éternité, qu’elles n’en considèrent quasi les événements que comme nous faisons ceux des comédies. »

QUESTIONNEMENT INDICATIF

• Que signifie « passion » ici ? • Le problème est-il, pour Descartes, d’avoir de faibles « passions » ou de fortes et violentes « passions » ? • Que signifie « fortune » dans ce texte ? • Les « grandes âmes » dédaignent-elles de « se rendre la fortune favorable en cette vie » ? • Sens et valeur de la métaphore « des comédies » ? • Sur quoi repose la force et la grandeur « des grandes âmes » ? • Comment penser que « les plus grandes âmes » jouissent d’une parfaite félicité dès cette vie » ? Que signifie félicité ?

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