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CYNISME

CYNISME. n.m. (gr. kunicos « ce qui concerne le chien » ou « ce qui ressemble au chien »). Ce terme doit son origine soit au Cynosargue, gymnase où enseignait un disciple de Socrate nommé Antisthène, soit à l’un des philosophes cyniques les plus célèbres, Diogène de Sinope (413-327 av. J.-C.), l’« homme-chien » qui vivait dans un tonneau et se montrait facilement hargneux. Antisthène enseignait que le bonheur réside dans la vertu, mais il affichait un grand mépris pour toutes les conventions en usage. Diogène, le plus célèbre de tous les cyniques, vivait comme un mendiant. En plein jour il prenait une lanterne et en justifiait l’usage en disant : « Je cherche un homme. » C’est lui aussi qui osa dire à Alexandre le Grand : « Ôte-toi de mon soleil », et qui prouvait le mouvement en marchant. — Les philosophes cyniques se sont tous fait remarquer par leur austérité, mais aussi par leur impertinence, leur incongruité et leur goût pour la contestation. Ils ont lutté avec violence et parfois avec excentricité contre toutes les apparences, contre tous les conformismes, toutes les illusions, tous les faux-semblants. Dans le vocabulaire actuel, le cynisme désigne non seulement le mépris des conventions et des apparences, mais celui des valeurs sincèrement reconnues au nom d’un réalisme absolu, d’un retour sans mensonge à la vérité de la nature.

Cyniques (les) [gr. kunikos; de kuôn, chien], secte de philosophes grecs, fondée par un disciple de Socrate, Antisthène (437-370 av. J.-C.). — L'école cynique tient probablement son nom moins du gymnase (le Cynosarge) où son enseignement était donnée que du souvenir de Diogène, que l'on appelait aussi en grec Kuôn, « le Chien », tant ses manières pouvaient être « élégantes ». L'école cynique se caractérisait en effet par un mépris complet des convenances sociales et par un culte de la vertu, particulièrement dépouillé. On a aujourd'hui retenu l'aspect extérieur du cynique, en caractérisant ainsi un individu qui affirme tranquillement des principes immoraux et un mépris des convenances; on oublie alors l'aspect positif du cynisme antique, qui impliquait une pratique ascétique de la vertu.

CYNIQUES

Groupe de philosophes grecs fondé par Antisthène (437-370 av. J.-C.), qui fut l’un des disciples de Socrate et le premier, dit-on, à prendre pour symboles de sa philosophie le bâton et la besace des mendiants. L’école se perpétua jusqu’à la fin de l’Antiquité ; son appellation a été expliquée de plusieurs façons : choisie par défi (elle dérive du grec kuon, chien) ou parce que les adeptes se rassemblaient dans un gymnase nommé Cynosarge ; mais elle a peut-être été conservée en souvenir d’un des principaux membres de l’école, qui fut Diogène, « le chien » (413-323).

♦ Ce dernier, que Platon qualifie de « Socrate en délire », illustre bien, par les nombreuses anecdotes recueillies à son sujet, la mentalité cynique : le tonneau où il vivait, son manteau troué, sa mendicité agressive, son écuelle brisée après avoir vu un enfant boire dans le creux de sa main, sont devenus légendaires, tout comme sa lanterne allumée en plein jour pour « chercher un homme » ou la réplique à Alexandre le Grand qui lui tendait la main : « Ote-toi de mon soleil. » On rapporte aussi que, un jour où Zénon s’efforçait de prouver l’inexistence du mouvement, Diogène se contenta de marcher devant lui, et que, comme Platon avait défini l’homme comme « un animal bipède, sans plumes », il jeta devant ses auditeurs un poulet plumé en riant : « Voici l’homme de Platon !»

♦ Globalement, la morale des cyniques est fondée sur le rejet des conventions sociales, qu’ils distinguent soigneusement de la nature, à laquelle ils veulent revenir. D’où leur mépris - exceptionnel chez les socratiques - de la science, et l’affirmation que le seul bien est la vertu. Le cynisme historique, contrairement à ce que le mot implique aujourd’hui de péjoratif, aboutit à une ascèse exigeante et difficile : dédain des apparences et des réputations, exaltation solitaire de la volonté, le sage devant se suffire à lui-même. De tels comportements, dont les provocations pouvaient être humoristiques ou paradoxales (on demande par exemple l’aumône à une statue pour s’habituer à subir des refus), influencèrent le stoïcisme.

Les cyniques n’élaborèrent pas un vrai système philosophique et ne furent jamais organisés en école, si bien qu’ils avaient en pratique un grand nombre de croyances différentes, tout en maintenant la doctrine centrale de l’autosuffisance, qui pouvait apporter le bonheur au milieu des vicissitudes de l’existence. Cratès fut le représentant typique du philosophe cynique, parcourant le monde grec, avec son bâton et sa besace pour tout bagage, objet de moqueries communes. Les mendiants correspondant à cette description se firent de plus en plus nombreux aux Ier et IIe siècles apr. J.-C. et il en existait encore au VIe siècle. L’opposition entre ces mendiants et les véritables philosophes cyniques devint un lieu commun de la littérature.

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