CRÈTE
Grande île grecque appelée Kaftor dans l'Ancien Testament (Genèse 10, 14), sur laquelle vécut une importante communauté juive, puis chrétienne. Dans son épître à Tite, l'apôtre Paul s'adresse à cette communauté et lui recommande l'obéissance et la bonne conduite envers les autorités (romaines) afin que les chrétiens fassent honneur à la doctrine du Seigneur.
Crète, grande île de la Méditerranée orientale, au sud du Péloponnèse, auquel Strabon la rattachait géographiquement. Cette île, aux côtes découpées, est dominée par trois massifs montagneux : le Lassithi à l’est, l’Ida au centre, les montagnes Blanches à l’ouest. On n’y trouve qu'une vaste plaine, la Messara, au sud, et des petites plaines comme celle de Cnossos. Le sol en est modérément riche ; on y cultive les céréales et les légumineuses, la vigne et l’olivier; les montagnes sont couvertes en partie de bois de pins et de cyprès, laissant la place à des herbages propices à l’élevage de moutons, de chèvres, de taureaux et de vaches. Sa position entre la Grèce et l’Afrique, l’Asie et l’Occident sera favorable au développement d’une marine. La Crète fut peuplée dès l’époque néolithique et donna naissance à une civilisation puissante et originale, qui fleurit aux IIIe et IIe millénaires. De cette civilisation, dite Minoenne, qui pénétra les frustes cultures de la Grèce continentale, les Grecs ont conservé une importante tradition mythique. Ce carrefour de la Méditerranée était un creuset où se mêlaient les peuples les plus divers. Les Achéens semblent être les premiers Indo-Européens qui l’occupèrent, avant qu’elle ne fût envahie par les Doriens (tradition de la colonie conduite par l’Argien Althœménès). Lyctos, première ville soumise, fut le point de départ de la conquête dorienne de l’île. À l’époque historique, la Crète, terre dorienne, ne joua qu’un rôle effacé dans les affaires grecques. Elle se contenta de donner deux sculpteurs, Dipoinos et Skyllis, qui, au vie s. av. J.-C., parcoururent le Péloponnèse et furent les maîtres des sculpteurs qui allaient être à l’origine des écoles archaïques de la Grèce et des îles de l’Égée. La Grèce lui doit encore des purificateurs comme Épiménide et c’est à Thalétas de Gortyne que Sparte doit ses péans et ses hyporchèmes. Elle donna aussi des mercenaires, archers réputés, et Néarque, à qui Alexandre le Grand confia la flotte qui explora les côtes de la Perse. Dans la période coloniale, les Crétois s’unirent aussi aux Rhodiens pour fonder Géla en Sicile, et Strabon leur attribue en partie la fondation de Tarente, Hyria, en lapygie, et Brindisi. Les cités, nombreuses, mais qui, souvent, n’étaient que des bourgades, constituaient des États autonomes, au nombre de dix-sept au moins, sans cesse en guerre entre eux, cependant que les deux grandes cités ennemies, Cnossos et Gortyne, intriguaient pour chercher l’alliance de Cydonie, dont l’appui leur permettait de se dominer mutuellement. Cependant, les institutions crétoises étaient considérées comme un modèle qui servit à Lycurgue pour établir celles de Sparte et c’est d'elles que Platon aurait voulu s’inspirer dans ses Lois. Comme en Grèce et surtout comme en Laconie, l’ancienne population avait été asservie. Les mnôitès étaient les serfs appartenant à l’État ; les clarotes et les aphamiotes étaient attachés aux domaines ou aux lots des particuliers ; ils étaient identiques aux hi-lotes. À côté de ces serfs —► servage, il y avait une classe de périèques appelés hypèkooi. Les apetairoi étaient les étrangers domiciliés et les affranchis, qui possédaient leurs quartiers réservés dans les villes. Les citoyens étaient assez peu nombreux et, comme à Sparte, ils recevaient dès leur enfance une éducation militaire. À dix-huit ans, devenus adultes, ils prêtaient un serment civique; ils avaient alors accès aux gymnases où se pratiquait plus particulièrement la course, d’où le nom de dromoi, donné aux gymnases, et celui de dromeus que portaient les citoyens. Ils étaient alors tenus de se marier, mais la jeune épousée restait chez ses parents jusqu'à ce qu’elle fût capable de tenir son ménage. Les citoyens étaient répartis en hétairies au sein desquelles ils prenaient en commun leurs repas, appelés andreia, semblables aux syssities Spartiates. Dans le réfectoire des hétairies, une table était réservée aux étrangers sous l’égide de Zeus hospitalier. Les trois tribus doriennes étaient conservées, constituant l’état civil; les femmes y étaient inscrites, et les familles privilégiées y formaient les startos. C’est parmi cette aristocratie qu’étaient choisis les chefs de cités, les cosmes (cosmoï), formés en collèges de dix membres renouvelés annuellement ; le président (protocosmos) était le magistrat éponyme. Leurs pouvoirs étaient semblables à ceux des éphores de Sparte, et ils étaient aussi chefs militaires et juges. L’un d’entre eux, le xénios, s’occupait des étrangers. Les cosmes en fonction et ceux qui étaient sortis de charge formaient la gérousia, conseil délibératif. L’assemblée des citoyens, semblable à l’apella, se réunissait sur l’agora et avait le droit de rejeter les propositions de la gérousia. Nous connaissons par ailleurs le droit et la justice des cités crétoises par les inscriptions découvertes sur les murs d’un édifice public de Gortyne. Comme à Sparte, ces institutions se corrompirent et les cités se tournèrent franchement vers la démocratie avant d’être soumises en 67 av. J.-C. par les Romains, qui rattachèrent la Crète à la Cyrénaïque.
CRÉTOIS. Peuple venu probablement d'Asie Mineure, installé dès le VIe millénaire av. J.-C. dans une île montagneuse, la Crète. Grands commerçants, ils dominèrent la Méditerranée orientale (XVIIIe-XVe siècles av. J.-C.) et influencèrent la civilisation grecque. Au IIIe millénaire av. J.-C., les Crétois, présents surtout dans l'est de l'île, savaient travailler le cuivre et le bronze. À partir de 2000 av. J.-C., la pratique du commerce enrichit le pays. Des centres comme Phaistos, Cnossos et Mallia connurent une brillante civilisation marquée par la construction d'importants palais, demeures seigneuriales dominant des villages alentour. Mais vers 1750 av. J.-C. une catastrophe, sans doute naturelle (éruption volcanique ou tremblement de terre), détruisit ces premiers palais. Rapidement relevé, le pays connut son apogée entre 1700 et 1400 av. J.-C. On reconstruisit aux mêmes emplacements des palais encore plus vastes mais ce fut celui de Cnossos, résidence du légendaire Mi-nos, qui désormais domina l'île. Les Crétois furent à la tête d'un vaste empire maritime couvrant toute la Méditerranée orientale. Ils importaient du cuivre, de l'étain, des métaux précieux et exportaient les produits de leur agriculture (vin et huile) et de leur artisanat (armes, bijoux, poterie). Les Crétois adoraient plusieurs dieux dont les plus vénérés étaient un dieu taureau et surtout la déesse aux serpents, symbole de la fécondité. Le culte comportait des processions et des manifestations athlétiques (comme les courses de taureaux) qui se déroulaient en plein air, dans les grottes ou dans les cours des palais. Mais vers 1450-1400 av. J.-C., la Crète connut une nouvelle catastrophe : tous les palais et les villes disparurent. Certains historiens l'expliquent par un tremblement de terre, d'autres par l'invasion brutale des Achéens. Le déclin de la Crète fut alors définitif, et la domination commerciale des Crétois fut désormais assurée par les Achéens. Après l'invasion des Doriens, vers 1100 av. J.-C., la Crète ne joua plus qu'un rôle effacé dans l'histoire grecque mais elle aura profondément influencé sa première civilisation. Voir Bronze (Âge du), Evans (sir Arthur).