Databac

CORPS

CORPS. n.m. (lat. corpus). ♦ 1° Le mot « corps » s'applique d'abord à tout objet matériel donné dans la perception, c'est-à-dire à un ensemble de phénomènes liés entre eux, indépendants de nous, formant une réalité consistante, résistante, dont les propriétés fondamentales sont l'étendue à trois dimensions et la masse. Descartes a défini la réalité matérielle par l’étendue. ♦ 2° Le mot « corps » désigne aussi l'organisme animal et humain accomplissant les fonctions nécessaires à la vie. Une certaine conception de l'homme, appelée dualiste, particulièrement représentée par Platon et Descartes, le considère comme composé de deux substances, le corps matériel, l'âme spirituelle, dont il s'agit d'expliquer les rapports qui sont étroits. Plus on oppose le corps à l'âme, plus il devient difficile de comprendre leurs rapports. On serre de plus près la réalité humaine en définissant l'homme comme « corps et âme, mais vraiment un ». Elle a été appréhendée ainsi par Aristote et le thomisme. ♦ 3° La phénoménologie contemporaine a distingué très heureusement le corps — objet et le corps propre, mon corps. C'est dans mon corps que j'ai le sentiment aigu de mon existence. Mon corps est bien un objet, si l'on veut, mais « sensible à tous les autres » et qui joue un rôle essentiel dans la connaissance.

CORPS

1. Tout objet matériel qui occupe un espace (les corps solides ou liquides). 2. Ensemble d’organes qui assurent les fonctions nécessaires à la vie des êtres vivants (le corps des animaux, le corps humain). 3. Par extension, tout ensemble organisé matériel ou moral (le corps des fonctionnaires, le corps social). 4. Le corps propre : expression forgée par les philosophes phénoménologues pour désigner la relation particulière qui unit chaque humain à son propre corps. Pour les autres mon corps est un objet, pour moi il est mon point de vue sur le monde, ma façon d’être au monde

CORPS (n. m.) 1. — Forme spécifiée d’existence de la matière, définie diversement selon le point de vue sous lequel on l’appréhende. 2. — Pour Aristote, le corps est une grandeur parfaite, parce qu’il est divisible selon trois dimensions, et qu’il n’y a que trois dimensions ; le cosmos est le corps parfait, dont tous les autres corps font partie. 3. — Extériorité opposée à l’intériorité de la conscience ; le corps est ce qui tombe sous ma perception ; parmi les corps, il y en a un avec lequel mon esprit a un rapport particulier, c’est mon corps, il y en a d’autres qui sont organisés de telle façon que j’en puisse déduire l’existence en eux d’une âme ; l’homme est une substance composée d’un corps et d’une âme. 4. — Avec le développement de la mécanique (xviie et xviiie siècles), le corps est conçu comme un être étendu dans les trois dimensions, impénétrable, limité, doué de masse, sur lequel on peut appliquer des forces pour le mouvoir. 5. — (Par ext.) Toute forme d’organisation, qu’elle soit matérielle ou morale (Rousseau : « le Contrat Social produit un corps moral et collectif »). 6. — Corps Mystique de J.-C. : = l’Eglise. 7. — (Math.) Tout ensemble (corps des réels, des complexes) possédant une certaine structure (soit un ensemble K et deux lois « + » et « X », associatives et commutatives, « X » distributive par rapport à « + », possédant chacune un élément neutre ; K est un corps si, pour chaque loi, chacun de ses éléments, excepté l’élément neutre respectif, possède un inverse). 8. — Corpuscule : petit corps (divisible ; Syn. particule) ; par ext., corps élémentaire, c.-à-d. forme minimum d’existence de la matière : « un corpuscule est une unité caractérisée par certaines constantes (masse, charge, etc...) et susceptible de produire des effets localisés où il intervient totalement et jamais par fraction » (de Broglie). 9. — Théorie corpusculaire : se dit de toute théorie qui explique un phénomène à partir de mouvements de corpuscules (théorie corpusculaire de la lumière) ; en gén., théorie qui explique ainsi tous les phénomènes (Descartes, Bayle). 10. — Corporalisme : nom donné (E. Weil) à la doctrine stoïcienne pour laquelle tout ce qui agit ou subit l’action est corps ; Dieu est un corps sans forme. 11. — Incorporel : pour les stoïciens, tout ce qui n’est pas corps au sens défini en 10 (temps, espace, lekton, c.-à-d. signification des mots). 12. — Corps propre (cf. sens 3) : terme utilisé par les héritiers de la phénoménologie pour désigner la spécificité du rapport de la conscience au corps qu’elle « habite » ; « Système de puissances motrices ou de puissances perceptrices, notre corps n’est pas objet pour un “ je peux ” : c’est un ensemble de significations vécues qui va vers son équilibre » (Merleau-Ponty).

Liens utiles