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Corinthe, isthme de

Corinthe, isthme de. Bande de terre large de 6 km à son point le plus étroit, située à l’est de la ville de Corinthe. Les marchandises traversaient l’isthme d’une mer à l’autre et les navires étaient tirés sur une route de halage (diolkos) dont il reste des vestiges et qui fut peut-être construite par Périandre. C’est là que se déroulaient les jeux Isthmiques. Octave fit tirer sa flotte à travers l’isthme lorsqu’il poursuivit Antoine et Cléopâtre après sa victoire à Actium en 31 av. J.-C. L’empereur Néron entreprit de creuser un canal à travers l’isthme (comme d’autres, depuis Périandre, avaient envisagé de le faire) et inaugura lui-même les travaux, au moyen d’une pioche en or; les travaux étaient déjà bien avancés lorsque le projet fut abandonné.

Corinthe, considérée comme la troisième ville de la Grèce après Athènes et Sparte, située à l’entrée du Péloponnèse, entre le golfe de Corinthe (ouvert vers l’Occident) et le golfe Saronique (tourné vers l’Asie), au pied d’une formidable acropole, l’Acrocorinthe. Elle fut fondée, selon la légende, par Phoronée, roi d’Argos, et ses murailles auraient été élevées par Sisyphe, fils d’Éole et petit-fils d’Hellen. Cité puissante à l'époque préhellénique, l’archéologie a révélé qu’elle a été précédée par plusieurs établissements remontant au néolithique (VIe millénaire). Elle était, selon la tradition légendaire, rattachée au territoire de Mycènes au moment de la guerre de Troie. Après l’invasion dorienne, le roi héra-clide, Alétès, y fonda une dynastie; elle semble s’être alors appelée « Éphyra » (la Guette ?) et les rois doriens s’établirent sur l'Acrocorinthe. Vers 747 av. J.-C. une puissante famille d’armateurs, les Bac-chiades, s’empara du pouvoir et substitua à la monarchie un régime oligarchique. Corinthe bâtit alors ses deux ports, le Kenkhrée vers le levant, le Léchaion vers le couchant, et elle construit le diolcos. Elle s’enrichit des droits que lui paient les autres cités pour utiliser le diolcos et elle s’allie avec Chalcis. Elle intervient dans les affaires grecques en luttant avec Chalcis contre Érétrie, arme Samos contre Milet, entre en guerre contre Mégare et Égine. Dans le même temps, elle colonise Corcyre et l’Acarnanie, exploite les côtes d’Épire et d’Illyrie, fonde Syracuse en Sicile. Cependant, Corcyre se dresse en concurrente et, en 664, les marines de la cité mère et de sa colonie s’affrontent dans la première bataille navale enregistrée par les Grecs. Cette rupture, qui portait un coup au commerce corinthien, créa de nouveaux mécontentements. Peut-être Phidon d’Argos tenta-t-il alors une invasion de la Corinthe. Les Bac-chiades, qui s’unissaient entre eux et qui nommaient chaque année celui des leurs qui gouvernerait la ville avec le titre de prytane, furent renversés en 657 av. J.-C. par Cypsélos, qui établit la tyrannie à son profit et à celui de son fils Périandre. Sous les Cypsélides, Corinthe resta puissante, fonda vers l’ouest Ambracie et Anactorion, soumit Corcyre et Épidamne ; dans la mer Égée, elle fonda Potidée. L’oligarchie fut rétablie en 582 av. J.-C., mais non plus au profit d’une seule famille. Cette oligarchie tempérée fit régner la paix et la justice, mais l’expansion coloniale et économique de Corinthe se ralentit. Alliée de Sparte, elle participa aux guerres Médiques, puis ses démêlés avec Corcyre furent à l’origine de la guerre du Péloponnèse, où elle resta l’alliée de Sparte jusqu'à ce que l’impérialisme lacédémonien provoquât la guerre de Corinthe (395-387), où elle s’unit à Athènes contre Sparte. Elle se trouva à côté des Athéniens et des Thébains à Chéronée, puis reçut une garnison macédonienne. Elle devint alors le centre de la ligue pan-héllénique dite de Corinthe, instituée par Philippe de Macédoine, qui se proclama son hégémon. La plupart des cités de la Grèce propre, Sparte excepté, y entrèrent de force. A Corinthe siégea le Synédrion, assemblée des délégués des États membres. La Macédoine n’en faisait pas partie, mais Philippe, outre son titre d’hégémon, y avait la majorité grâce aux vingt-six voix accordées aux cités membres qui lui étaient totalement soumises ; ainsi l’assemblée n’avait-elle que l’apparence d’une institution démocratique. Les membres de la ligue ne devaient plus régler leurs conflits que d’une manière pacifique par l’intermédiaire du Synédrion, et chaque cité était tenue de fournir à leur alliée, la Macédoine, troupes et vaisseaux destinés à combattre le Perse, ennemi héréditaire des Grecs. Aratos incorpora Corinthe à la ligue Achéenne en 243 av. J.-C. Sur son territoire, au sud, se trouvait Ténée, où Œdipe aurait passé son enfance et où existait un célèbre temple d’Apollon. La ville avait fourni nombre de colons à Corinthe, en particulier lors de la fondation de Syracuse. Puis, devenue indépendante à l’époque hellénistique, elle entra en lutte contre elle et se trouva alliée aux Romains, qui, sous les ordres de Mummius, rasèrent Corinthe (146 av. J.-C.). César et Auguste la rebâtirent et la peuplèrent de vétérans romains et d’affranchis, Hadrien l’embellit avant qu’elle ne fût pillée au IIIe s. par les Hérules. Corinthe possédait des fontaines célèbres et de beaux monuments, dont le temple d’Apollon, le plus ancien temple dorique de la Grèce. Entrepôt de l’Occident et de l’Orient grâce à sa situation géographique privilégiée, elle était aussi une cité industrielle, le bronze et la céramique étant pour elle une importante source de richesses. Elle donna des peintres et des sculpteurs, et surtout la richesse et le goût raffiné de ses citoyens lui avaient permis de réunir dans ses murs le plus grand nombre d’œuvres d’art de la Grèce. Lors de sa destruction, les soldats romains jouaient aux dés sur les tableaux les plus précieux et c’est de Corinthe que vinrent à Rome la plupart des œuvres d’art qu’on y voyait. À l’époque archaïque elle produisit une belle poterie originale, connue sous le nom de vases corinthiens.

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