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CONGREVE William

CONGREVE William. Auteur dramatique anglais. Né à Bardsey, près de Leeds (Angleterre), où il fut baptisé le 10 février 1670; mort à Londres le 19 janvier 1729. Son père était militaire stationné en Irlande et Congrève fit ses premières études à l'école de Kilkenny, où il eut Swift pour condisciple; puis il entra au Trinity College de Dublin. En 1691 il commença l'étude du droit au Middle Temple de Londres. Il écrivit en 1692 un essai médiocre : Incognito , avant de commencer une brillante carrière théâtrale. En 1693, le succès que remporta sa première comédie Le Vieux garçon et les éloges de Dryden l'incitèrent à en écrire d'autres, dont Le Fourbe et Amour pour amour interprété par l'acteur Betterton. Son drame héroïque La Fiancée en deuil [1697, tr. fr. 1748], reçut, malgré son emphase, l'approbation de Samuel Johnson. Congreve fut attaqué, en même temps que sir John Vanbrugh, Dryden et d'autres auteurs dramatiques du temps, par Jeremy Collier, dans son pamphlet contre l'immoralité du théâtre, intitulé : Un coup d'oeil sur l'immoralité et l'état profane du théâtre anglais [1698]. En 1700, avec Le Train du Monde, comédie cynique, spirituelle et épigrammatique qui représente la perfection du genre, Congreve donne la pleine mesure de son talent. Plus qu'un rénovateur de la scène, il fut un excellent imitateur. Il abandonna le théâtre après un mauvais accueil que le public fit à sa dernière pièce et il obtint quelques charges politiques de peu d'importance. Homme du monde (au cours d'une célèbre rencontre avec Voltaire il se présenta comme gentilhomme et non comme écrivain), Congreve fut pendant les dernières années de sa vie entouré de nombreuses amitiés, comme celles de l'actrice Bracegirdle et de la duchesse de Marlborough. C'est à cette dernière qu'il laissa son héritage, en précisant qu'il devait revenir ensuite à la fille qu'elle avait eue, croit-on, de lui. On lui fit des obsèques solennelles et il fut enterré à l'Abbaye de Westminster. ? « Congreve a un mérite de grand prix : c'est un écrivain original qui n'emprunte ni les modèles de ses intrigues ni la manière de ses dialogues... De ses diverses poésies, je ne peux dire quoi que ce soit de favorable. Les dons mêmes de Congreve semblent le desservir lorsqu'il quitte la scène. » Samuel Johnson. ? « M. Congreve, qu'on peut appeler le Molière de l'Angleterre. » Voltaire. ? « Les pièces de Congreve sont exquises dans leur genre et le manque de coeur, la duplicité, excessifs, de certains de ses caractères ne doivent pas être pris pour une complicité avec un idéal bas. Il y a cependant une absence de naturel tout à la fois dans ses caractères et dans son esprit; et nous le lisons pour voir à quel point il peut rendre amusants ses belles dames et ses messieurs de la haute société et quelle bande de brouillons fous et sensuels ils forment, à la manière d'insectes voltigeant sur un étang, plutôt que pour leur trouver une signification profonde comme hommes et comme femmes. » Leigh Hunt. ? « Nous avons vu, avec Swift, un humoriste philosophe, dont la vérité nous glace et dont le sourire est fait de mélancolie. Avec Congreve, voici un humoriste observateur d'une tout autre école, pour qui le monde semble tout à fait dépourvu de lois morales et dont l'affreuse doctrine paraît être de manger, de boire, de se donner du bon temps tout son saoûl et d'aller au diable (s'il existe un diable !) au moment venu ! » Thackeray. ? «Nul auteur, peut-être, dans aucun pays, n'a écrit en prose pour le théâtre avec une aussi assidue sollicitude pour le style. Congreve équilibre, polit, aiguise ses phrases jusqu'à ce qu'elles ressemblent à une collection d'instruments préparés pour une expérience d'électricité. Son esprit sans égal en est le courant et il jaillit et étincelle sans interruption de la première scène à la dernière. Le résultat est d'une singulière artificialité... Presque dès le début ses contemporains même sentirent que quelque chose y manquait. Ce quelque chose, sans doute, c'était de l'humanité, de la sympathie, du naturel. » Sir Edmund Gosse.

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